RDS et RDS.ca présenteront à compter de lundi une série de reportages et de textes sur le phénomène des pertes de poids dans les sports de combats.

Il n’est pas rare de nos jours de voir des athlètes œuvrant dans les sports de combats tenter d’importantes pertes de poids.

Des préparateurs physiques et des nutritionnistes se spécialisent désormais dans cet aspect bien particulier de notre sport. Il faut des connaissances ultra pointues afin de se lancer dans un exercice aussi périlleux et potentiellement néfaste pour la santé. J’en sais quelque chose puisqu'au cours des dernières années, j’ai multiplié ces périodes de travail intense en compagnie de Jean-François Gaudreau, qui s’y connaît aussi bien que quiconque en la matière.

L’aspect le plus impressionnant pour le public est peut-être la déshydratation extrême, qui mène à une perte de 20 lbs en très peu de temps. Mais il ne faut pas oublier que c’est la préparation menant à cette étape, un à deux mois avant le combat, qui jette les bases vers une perte de poids réussie. Cela va refléter sur le processus de déshydratation par la suite. Si c’est fait efficacement, notamment en suivant une diète rigoureuse, cela peut mener à des pertes de poids allant jusqu’à 22-23 lbs, chose que j’ai faite régulièrement au cours des dernières années. Et cela va de soi : plus ton pourcentage de gras est bas, plus ce sera facile d’y arriver.

C’est donc une fausse croyance d’affirmer qu’un athlète, puisqu’il est imposant musculairement, aura plus de difficultés à faire le poids. Un muscle, c’est rempli d’eau. C’est ce qui est le plus facile à déshydrater alors que le gras – on s’en doute! – ne sont que des cellules graisseuses.

Bref, l’athlète qui n’aura pas fait les sacrifices pour abaisser son taux de gras dans les semaines précédant la pesée augmente de beaucoup ses chances d’échec. Ne cherchons pas bien plus loin lorsqu’un athlète dépasse le poids convenu.

S’il est vrai que c’est un processus exigeant au point de vue physique, c’est certainement l’aspect psychologique qui fait le plus souvent défaut pour les combattants qui échouent dans leur tentative.

Une fois rendu parmi l’élite des sports de combats cependant, tu n’as plus d’excuses. Tu penses que tu n’y arriveras pas seul? La solution est bien simple : entoure-toi de gens qualifiés. Il y a 10 ans, c’était une science un peu plus inexacte. Mais quiconque fait preuve de sérieux dans sa démarche, tel un vrai professionnel, est censé obtenir les résultats souhaités. Chaque corps réagit différemment à un processus aussi rigoureux, et d’où l’importance de ne pas le traverser seul.

Je pense à l’étape du « water load » qui consiste à absorber des quantités phénoménales d’eau (jusqu’à 7 ou 8 litres durant quatre ou cinq jours). Cela peut sembler pas si compliqué, mais il y a un point où tu te demandes si tu peux réellement en boire plus. Il faut cependant persister pour que le corps finisse par l’expulser naturellement au bout de quelques journées. Par la suite, l’étape de la déshydratation sera moins contraignante car le corps n’affichera aucune carence à ce niveau.

À ce jour, on retire souvent entre 20 et 30 % de la bourse du combattant fautif, et parfois jusqu’à 40 %  – dans l’état de la Californie  entre autres. Non seulement suis-je en faveur de cette mesure, mais je crois aussi qu’on devrait se montrer encore plus sévère envers les athlètes qui ne font pas le poids. Pour une demi-livre en trop, quelque chose peut avoir cloché dans les dernières heures précédant la pesée, j’en conviens. Mais pour une différence de cinq ou six livres? C’est impardonnable à mon avis. Pour de tels dépassements, on devrait aller jusqu’à retirer 50 % de la bourse des fautifs. Frapper là où ça fait mal, pour ainsi dire!

Il ne faut pas oublier non plus que c’est un choix bien personnel : tu t’engages à perdre le poids requis pour combattre, par exemple, à 155 ou 170 lbs. Personne ne t’y oblige. Au bout du compte, c’est une responsabilité et un choix très personnels. Tu le fais pour plein de motifs, souvent pour améliorer tes chances de succès. C’est la raison pour laquelle je ne suis pas d’accord avec les gens qui s’opposent aux pertes de poids drastiques.

D’ailleurs, si c’est aujourd’hui devenu un « fléau » en quelque sorte dans les arts martiaux mixtes ainsi que la boxe, c’est selon moi en raison de la minime proportion des combattants qui n’attaquent pas le processus de perte de poids avec tout le sérieux requis.

* propos recueillis par Maxime Desroches

« Les mentalités ont changé »