Passer au contenu principal

RÉSULTATS

Joe Louis impressionnant... comme golfeur

Joe Louis - rds.ca
Publié
Mise à jour

COLLABORATION SPÉCIALE

C'est la 88e édition du Tournoi des Maîtres à Augusta, le rendez-vous de golf par excellence sur la planète pour les mordus et je suis l'un d'eux. Ne me cherchez pas de jeudi à dimanche, je vais être rivé devant mon téléviseur en même temps que je vais suivre les statistiques et vidéos des meilleurs coups des joueurs sur mon ordinateur!

On va suivre Tiger Woods qui va tenter de battre le record de survivre à une 24e coupure consécutive et espérer que mon joueur favori depuis 30 ans Phil Mickelson, qui est gaucher comme moi, soit aussi bon que l'an dernier où il a terminé avec une surprenante 3e place. On va espérer que le champion en titre ayant déserté la PGA pour le circuit LIV, Jon Rahm, soit battu par Scottie Scheffler ou Rory Mcllroy. On va aussi surveiller avec intérêt patriotique le Canadien Corey Conners.

Joe « The Brown Bomber » Louis champion poids lourd et golfeur invétéré

Vous vous demandez sûrement ce qui me prend de parler golf dans une chronique de boxe? J'avais envie de vous parler d'un grand champion, un athlète incroyable, du seul sportif de haut niveau tous sports confondus, autre que le golf, à avoir franchi l'étape de la coupure d'un tournoi de la PGA.

Ce n'est pas Michael Jordan, ni Tom Brady, Mario Lemieux, Bo Jackson ou Pete Sampras, tous d'excellent golfeurs capables de jouer la normale sur 18 trous. C'est le grand champion Joe Louis « Le Brown Bomber » (66-3, 52 K.-O.), qui revendique cet exploit unique dans les annales du sport. 

Ce droitier de 6'1'' détient encore le record du plus long règne, soit 11 ans 8 mois et 7 jours, comme champion du monde des lourds et du nombre de défenses consécutives avec 25. La majorité des experts le considèrent à juste titre comme le meilleur poids lourd de l'histoire avant même Muhammad Ali.

Tucson Open de 1952

C'est au Tucson Open de 1952 que Louis a réussi l'exploit. C'était sa 2ème participation à un tournoi de golf de la PGA. Il n'avait pas été en mesure d'éviter le couperet 2 semaines plus tôt à l'Open de San Diego. En Arizona, il a joué 69 à la ronde d'ouverture, 72 en 2e pour ainsi se rendre aux rondes de la fin de semaine.

Pour participer, le « Bomber » avait été invité par un commanditaire, mais la PGA d'Amérique avait une loi interne « Pour Blancs Seulement ». C'est grâce à son statut de grande célébrité qu'on a fait une exception pour Louis, car ce n'est qu'en 1961 que cette règle raciste fut abrogée. 

Louis était un passionné de golf, jouant régulièrement de 45 à 54 trous par jour. Il aimait beaucoup parier parfois jusqu'à 1000 $ par trou. Imaginez on est dans les années 1950. On dit de lui qu'il pouvait facilement jouer la normale, mais avait tendance à s'échapper trop souvent pour des triples bogeys, ce qui l'empêchait d'être constant. 

Il disait : « À la boxe on peut se faire cogner solidement, être ébranlé et bien s'en remettre, tandis qu'au golf un mauvais pointage sur un trou te fait mal, sans rémission, jusqu'à la fin de la partie. »

Joe Louis à St-Hyacinthe

J'ai été abonné au Club de Golf de St-Hyacinthe dans les années 1990 et les membres les plus anciens racontaient que Joe Louis y avait foulé les allées vers la fin des années 1950. Une photo sur un des murs du pavillon des membres témoignait de son passage.

Chez les boxeurs québécois, je n'ai pas connu de très grands golfeurs. J'ai joué avec Otis Grant, Jean Pascal et Joachim Alcine dans des tournois caritatifs et je vous assure que leurs élans n'avaient rien d'esthétique. David Lemieux aurait du potentiel avec un élan puissant, Stéphane Ouellet pouvait avoir du succès à placer sa balle, mais les 2 meilleurs boxeurs/golfeurs avec qui j'ai joué ici sont Alain Bonnamie, Éric Lucas et Marie-Ève Dicaire.

Trou d'un coup pour Marie-Eve!

En parlant de Marie, je reçois un appel de sa part l'été dernier pour me demander si j'avais déjà réalisé un trou d'un coup!

«Non malheureusement jamais en 50 ans de golf», je lui ai répondu.

«Je viens d'en faire un cet après midi, qu'elle me dit, c'est pas si difficile», qu'elle ajoute toute candide elle a qui tout réussi!

Oui Marie, c'est exceptionnellement difficile de faire ça!!!

Pour ma part, je joue le plus souvent possible dans une petite ligue amicale au club où j'ai un abonnement et je m'inscris régulièrement dans les divers tournois à l'horaire. De 1983 à 1997, j'ai été entraîneur national de diverses équipes canadiennes et je me suis fait un devoir de jouer au golf dans la soixantaine de pays que j'ai visités.

Je l'écris ici parce qu'il va me le reprocher si je ne le fais pas. J'ai joué une seule fois avec l'entraineur de Tyson Fury, Sugar Hill Steward, et il m'a battu. Il n'a toutefois jamais voulu m'accorder une revanche. Il y a d'autres bons joueurs dans le monde de la boxe comme Wilfrid Sauerland, Carl Moretti et Todd Duboef de Top Rank, Oscar De La Hoya et Canelo Alvarez, qui lui rêve d'une carrière professionnelle après la boxe.

Membre honoraire de la PGA

Pour terminer avec le grand Joe Louis, le 7 septembre 2009, la PGA lui a accordé le titre de membre honoraire à titre posthume. Il est décédé à Las Vegas le 12 avril 1981 et enterré, à la demande du président Ronald Reagan, dans le Cimetière National d'Arlington avec les honneurs militaires, même s'il était un civil. 

Autre fait intéressant, le nom de l'équipe de football de Winnipeg dans la LCF, les Blue Bombers, est inspiré du surnom de Joe Louis qui est le « Brown Bomber ».

À surveiller en fin de semaine : Jared Anderson et Efe Ajagba

Après la troisième ronde du Masters samedi, Top Rank présente sur ESPN un excellent programme qui inclut les poids lourds Jared « The Real Big Daddy » Anderson (16-0, 15 K.-O.) contre le Belge Ryad Merhy (32-2, 26 K.-O.), ainsi que le géant nigérien de 6'6'' Efe Ajagba (19-1, 14 K.-O.) contre le Romain Guido « The Gladiator » Vianello (12-1-1, 10 K.-O.).

 

Anderson contre Merhy 

 

Merhy, 14e à la WBO, a déjà été champion du monde WBA des lourds-légers. Il vient de remporter une victoire serrée contre le champion olympique de Rio, Tony « La Conquête » Yoka. Anderson, 24 ans seulement, est universellement reconnu comme jeune dauphin aux champions du monde.

 

Quelques incidents récents révélant un côté rebelle d'Anderson nous obligent à mettre un bémol concernant son statut de futur grand espoir américain des poids lourds. Il a d'abord été arrêté pour possession illégale d'arme de poing, puis récemment pour une poursuite en voiture à haute vitesse pour fuir les policiers. Il est d'ailleurs convoqué au tribunal deux jours après son combat de samedi.

 

Anderson, classé no 5 WBC, no 13 WBA, no 5 IBF et no 4 WBO, est le seul Américain, avec Deontay Wilder (43-3-1, 42 K.-O.), à être classé parmi les 20 meilleurs poids lourds au monde. De plus, Wilder a 38 ans et n'a remporté qu'un seul combat depuis 2019! On est loin des années des Muhammad Ali, Joe Frazier, George Foreman et autres où les poids lourds américains dominaient outrageusement la division.

 

Si Merhy a perdu une décision face à Kevin Lerena (30-3, 14 K.-O.), qui lui a cédé en 3 petits rounds contre Daniel Dubois (20-2, 19 K.-O.) qui ne tenait que sur une jambe, il ne fera pas le poids contre Anderson, qui est brillant sur le ring. Comme Artur Beterbiev (20-0, 20 K.-O.), il cogne avec autant de puissance qu'intensité et devrait l'emporter en 5 ou 6 rounds au maximum.

 

Le véritable défi pour Anderson n'est pas sur le ring pour le moment. Il admet boxer non pas parce qu'il aime ça, mais bien parce qu'il a du succès et prévoit prendre sa retraite à 27 ans car d'autres choses l'intéressent dans la vie. Beaucoup de travail en perspective pour son préparateur mental, s'il en a un.

 

Ajagba contre Vianello 

 

Efe Ajagba tente de relancer sa carrière après une défaite non équivoque contre le cubain Frank Sanchez (24-0, 17 K.-O.) en 2021. Quatre victoires depuis, contre une opposition de deuxième niveau mais un retour dans les classements mondiaux (no 4 WBC, 9 IBF, 11 WBO). L'olympien de Rio en 2016 est encore jeune à 29 ans, mais n'a pas encore démontré le potentiel anticipé à ses débuts.

 

Le Gladiateur de Rome Vianello –  j'adore ce surnom –, n'a pas prouvé avoir l'étoffe de véritable aspirant depuis ses débuts. Le représentant italien, lui aussi présent aux Jeux de Rio en 2016, n'a affronté encore personne digne de mention chez les professionnels mais a quand même été limité à une nulle en 2020 contre Kingsley Ibeh (12-2-1, 10 K.-O.) et a subi la défaite contre le modeste Jonathan Rice (16-6-1, 11 K.-O.). Oui, il est vrai que contre Rice il menait aux points avant de subir une lacération à l'œil qui a forcé l'arrêt du combat, mais l'affrontement n'était pas de grand niveau.

 

Les deux appartiennent à Top Rank et le perdant aura probablement un billet de retour seulement pour rentrer chez lui et ce sera probablement en Italie. Alors je prédis Ajagba par décision au terme des 10 rounds.

 

Jaron Ennis avec Matchroom

 

Le phénoménal Jaron « Boots » Ennis (30-0, 28 K.-O.) vient de signer avec Matchroom, une excellente nouvelle. Le champion mi-moyens IBF n'a livré que 4 combats depuis 2020, dont le dernier en juillet 2023. Il aura maintenant DAZN dans son coin et anticipe remonter sur le ring à l'été. À 26 ans, il n'a que besoin d'être actif pour devenir une grande étoile.

 

Une sortie trop festive pour David Benavidez

 

Samedi dernier, David Benavidez (28-0, 24 K.-O.), 27 ans, était au Fontainebleau de Las Vegas pour supporter son partenaire d'entraînement Diego Pacheco (21-0, 17 K.-O.) dans sa victoire contre Shawn McCalman (15-1, 7 K.-O.) par décision.

 

Invité par Chris Mannix pour une entrevue sur DAZN, Benavidez, fortement intoxiqué par l'alcool ou autre, a fait un fou de lui. Il s'est plus tard confondu en excuse sur son Instagram en disant qu'il avait bu un verre de trop et que ça n'arriverait plus.

 

L'Américain a déjà perdu son titre WBC des super-moyens après avoir été déclaré positif à la cocaïne. Il s'était aussi excusé en disant que ça n'arriverait plus.

 

Bon, il a 27 ans et on a bien le droit de relaxer un peu, c'est vrai... mais la semaine dernière il annonçait également que son camp d'entraînement pour son championnat WBC intérimaire des mi-lourds du 22 juin contre Oleksandr Gvozdyk (20-1, 16 K.-O.) était amorcé. Disons que ça ne fait pas trop sérieux.

 

Est-ce une situation isolée ou bien un manque de discipline de la jeune vedette? S'il est en camp d'entraînement comment se fait-il qu'on l'ait laissé sans supervision assister à cet évènement? Il y a certainement une faille importante de ce côté. Jean Pascal aimait faire la fête lui aussi, mais jamais en camp d'entraînement; Marc Ramsay n'aurait jamais accepté.

 

Enfin, quand on est allé le chercher pour l'entrevue sur DAZN, on s'est bien aperçu qu'il n'avait pas tous ses moyens. On sait que Benavidez est avec PBC et son diffuseur est Prime Video. Est-ce que Chris Mannix et DAZN auraient agi de la même façon si ça avait été un boxeur de leur écurie? Une question qu'on est en droit de se poser et une leçon à tirer pour la jeune vedette et son entourage.

 

Bon je retourne au Masters! Bonne semaine!