MONTRÉAL – Même si vous ne connaissez à peu près rien aux arts martiaux mixtes et que le nom de Steve Bossé ne vous est que vaguement familier, vous avez vu son premier combat à l’UFC.

Le baptême fut court et spectaculaire, le genre de séquence qu’on revoit en boucle sans se lasser. Vous l’avez vue, vous l’avez partagée, vous en avez parlé devant la machine à café à votre retour au bureau. Quel coup de pied! Quel K.-O.!   

Puis une nouvelle vidéo virale est arrivée dans votre champ de vision et votre attention a dérivé vers la nouvelle saveur du jour. Vous êtes passé à autre chose.

La réalité fut différente pour Bossé. Six mois ont dû passer avant que le « Boss » se sente prêt à passer à autre chose.

« J’avais besoin de prendre une pause. Pour mon orgueil, ça a été un coup dur », admettait l’athlète de St-Jean-sur-Richelieu dans une récente entrevue accordée à RDS.

Ce long intermède n’était pas qu’une question de fierté égratignée. Après son expéditive défaite contre Thiago Santos en juin dernier, Bossé a respecté les consignes de son médecin et a évité de s’exposer aux coups à la tête pendant 90 jours. Lorsque l’automne est arrivé, son entreprise de coupe et de distribution de bois de chauffage a pris tout son temps.

Quand l’hiver a fini par se pointer et que son horaire s’est allégé, Bossé s’est remis à penser à l’octogone. Il a dressé une liste de trois ou quatre adversaires potentiels et a appelé son gérant pour lui demander de lui trouver un combat.

« Au départ, je visais un retour pour avril, mai ou même juin. J’avais dit à mon gérant que rien ne pressais, mais qu’il pouvait commencer à regarder. Ça a été plus vite que prévu, mais le timing est parfait et l’adversaire est parfait. »

Bossé retournera dans la cage de l’UFC le 19 mars à Brisbane, en Australie, contre le favori local James Te Huna.

Le nom figurait au nombre de ses préférences. Te Huna (18-8) est un vétéran de 34 ans qui a fait son entrée à l’UFC en 2010. Il a signé quatre victoires d’affilée entre 2011 et 2013 avant de s’incliner consécutivement devant Glover Teixeira, Shogun Rua et Nate Marquardt. Il n’aura pas combattu depuis presque deux ans lorsqu’il retrouvera le Québécois devant lui.

« C’est un adversaire qui s’est bâti une belle feuille de route, estime Bossé. Même si ce n’est pas des victoires qu’il a accumulées avec des gros noms, il a quand même affronté quatre ou cinq gars dans le top-5 de sa division. Comme il est au pied de la porte présentement, il n’avait pas trop le choix d’accepter ce combat et c’est une belle opportunité pour moi. »

Pour Bossé, Te Huna s’avère un adversaire moins compliqué que Santos. Un combat d’arts martiaux mixtes n’est jamais prévisible, mais il serait surprenant qu’il reçoive un coup de tibia au menton comme celui avec lequel l’avait assommé le Brésilien.

« Le style de combat qu’il donne est similaire à ma façon de combattre, alors je sais que ça peut donner un bon spectacle. Il va vouloir rester debout avec moi et cogner. Je suis en train de monter des bonnes stratégies avec mes entraîneurs... même si ce n’est pas des stratégies bien compliquées! On s’en va à la guerre! »

Retour chez les mi-lourds

Bossé n’avait pas combattu depuis plus de deux ans quand ses gants ont touché ceux de Santos l’été dernier. En plus de devoir décrasser la machine et retrouver ses réflexes, celui qui gagne également sa vie comme pompier s’était compliqué la tâche en revenant à la compétition dans la division des poids moyens. À la pesée officielle, la veille de ses débuts dans l’octogone, il devait donc peser 185 livres, soit vingt livres de moins qu’à son habitude en pareilles circonstances.

Bossé apprend à la dure

Le défi personnel a été relevé, mais l’expérience ne sera pas renouvelée.

« Le contrat est signé à 205, confirme-t-il. Il n’était pas question pour moi de retomber dans une grosse diète sévère. Mon corps est vraiment dans sa zone de confort à ce poids-là. C’est là que je suis au maximum de mes capacités. À 205, la game est puissante, mais elle est aussi un peu plus lente. C’est dans cette division que j’ai excellé et c’est là que je crois que je peux avoir le plus du succès. »

Même si son dernier combat s’est terminé par une visite à l’hôpital, Bossé n’a jamais envisagé la retraite. Il n’était jamais descendu aussi bas et il n’était pas question qu’il quitte la scène sans tenter de se relever.  

« Dans le fond, je m’en vais là-bas et je n’ai vraiment rien à perdre. Le pire scénario, il est déjà arrivé. Ce qui me motive, maintenant, c’est d’aller montrer au monde ce que je sais faire. Il y a tellement eu de négatif la dernière fois. Là, c’est ma chance de démontrer qui je suis pour vrai. »