MONTRÉAL – Ils étaient quatre.

David Loiseau était là. « The Crow » se préparait pour le plus gros combat de sa carrière, une chance de détrôner le champion des poids moyens de Rich Franklin.

Georges St-Pierre était là. L’orgueil de Saint-Isidore était en mission depuis sa défaite contre Matt Hughes. Seule une victoire contre B.J. Penn le séparait de sa revanche et du titre des mi-moyens.

Firas Zahabi était là. Ce gymnase était comme sa propre maison et c’est entre ses mains que les deux plus beaux talents des arts martiaux mixtes québécois avaient placé leur destin à ce moment critique de leur parcours.      

Aiemann Zahabi avait 18 ans. Six années allaient s’écouler avant qu’il ne dispute son premier combat professionnel, mais son destin était déjà tracé. Il rêvait de suivre les traces de ses idoles et il était prêt à tous les sacrifices pour y arriver.

« Je n’oublierai jamais ça, racontait le plus jeune des frères Zahabi lors d’une récente rencontre au Tristar Gym. C’était pendant les fêtes de Noël et le gym était complètement vide. Il n’y avait personne d’autre que nous quatre durant ces journées-là. J’ai alors compris que c’est dans des moments comme ceux-là qu’on reconnaît les personnes qui sont vraiment importantes autour de nous. C’est l’une des premières choses que j’ai apprises de Georges. »

À partir du moment où les arts martiaux sont devenus le centre de sa vie, Aiemann Zahabi a identifié Georges St-Pierre comme le parfait exemple à suivre. Un monde séparait alors le jeune rêveur ambitieux de la future légende. Seuls quelques jours les séparent maintenant d’un moment qui, pour plusieurs, a toujours été écrit dans le ciel.

Après toutes ces années à s’entraider sur les tapis du Tristar, Zahabi et St-Pierre combattront dans la même arène le 4 novembre alors qu’ils seront en action à chaque extrémité de la carte de l’UFC 217.      

« Je connais Georges depuis que j’ai 15 ou 16 ans et j’ai toujours voulu être sur la même affiche que lui, s’enthousiasme Zahabi, qui entrera dans la trentaine à la fin du mois de novembre. À l’extérieur de la cage, c’est un gars très gentil et dans la cage, il travaille très fort. Avoir la chance de me battre sur la même carte que lui, c’est un rêve pour moi. »  

Loin de l’humidité réconfortante du Tristar, c’est sous les projecteurs du Madison Square Garden, l’un des amphithéâtres les plus mythiques d’Amérique, que Zahabi (7-0) disputera le deuxième combat de sa carrière à l’UFC. Il affrontera pour l’occasion le Brésilien Ricardo Ramos (10-1), qui a lui aussi signé la victoire à son seul combat à l’UFC.

« Pour dire la vérité, la grosseur de l’événement, ça ne fait rien pour moi. Que l’UFC me dise que je me bats à Las Vegas, Halifax ou Toronto, je vais le faire. Je ne me bats pas contre l’environnement, contre l’organisation ou contre les médias. Je me bats contre Ricardo Ramos. C’est juste un homme et le défi, c’est de le battre, lui. Mon sort est entre mes mains, tout le reste est superflu. C’est comme ça que je le vois. »

Un mariage, un condo... et une victoire

Peu importe le résultat de son prochain combat, l’année 2017 aura été mémorable pour Aiemann Zahabi.

En février, il a atteint un objectif personnel qu’il caressait depuis plusieurs années en intégrant les rangs de l’UFC. Promu aux ligues majeures avec une fiche de 6-0, Zahabi est parvenu à demeurer invaincu en prenant la mesure de Reginaldo Vieira par décision unanime. L’expérience a été enrichissante : non seulement un adversaire est-il parvenu à le pousser à la limite des trois rounds pour la première fois, mais jamais auparavant n’avait-il eu à se battre au-delà de la première reprise.  

« J’ai appris beaucoup de choses sur moi-même avec ce combat, débriefe Zahabi. Je sais maintenant que lorsqu’un combat devient difficile, je ne me sauve pas. Ma femme me l’avait fait remarquer après le combat et elle avait raison : je ne m’étais jamais vraiment fait frapper avant. Mais je suis mieux de m’habituer parce que ça va arriver souvent dans l’UFC. »

« Vieira m’a démontré l’importance du courage, de la volonté de se battre, poursuit le poids coq. Quand je l’ai envoyé au sol au deuxième round, il est revenu en force au troisième et son désir de l’emporter était toujours aussi fort. Il avait faim... j’avais juste un peu plus faim que lui! »

Après avoir rayé de sa liste cette importante promesse qu’il s’était faite à lui-même, Zahabi a dû tenir celle qu’il avait faite à sa douce moitié.

«  Quand j’ai commencé à sortir avec ma copine, je lui avais dit qu’on ne se marierait pas tant et aussi longtemps que je n’aurais pas mon premier combat dans l’UFC. Quand je l’ai eu, je lui ai immédiatement fait la grande demande! »

Zahabi a officiellement prix épouse le 21 octobre, exactement deux semaines avant son prochain combat. La veille, il était allé signer les papiers pour se porter acquéreur d’une propriété à Blainville, en banlieue de Montréal. Il en prendra possession dès son retour de New York.  

Pas de doute, après avoir patiemment attendu son tour dans l’ombre des plus gros noms du Tristar Gym, Aiemann Zahabi est sur une lancée.

« On a déjà commencé à essayer de faire des bébés, lance-t-il en riant. Mais une chose à la fois! »

Prochain item sur sa liste : Ricardo Ramos, au MSG. Une année mémorable, qu’on vous disait.

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