MONTRÉAL – Pour la première fois de sa carrière, Elias Theodorou s’entraîne avec une défaite à sa fiche, mais la légendaire confiance du combattant canadien ne semble pas avoir été trop affectée par sa récente rencontre avec l’échec.

Theodorou admet avec un sourire en coin que l’idée de ne plus pouvoir se targuer d’afficher un dossier sans tache lui fait un petit pincement au cœur, mais en rétrospective, il dénote une série de points positifs à retenir de sa contre-performance face à Thiago Santos.

« C’est un cliché gros comme le bras, mais vous savez ce qu’on dit : ce n’est pas une défaite, mais plutôt une leçon de vie à retenir », rectifie le flamboyant gladiateur.

Theodorou avait gagné les dix premiers combats de sa carrière au moment d’affronter Santos, qui s’était fait remarquer quelques mois plus tôt en servant un percutant K.-O. à Steve Bossé. Il semblait en voie de prolonger sa séquence de succès contre le Brésilien, mais après un premier round prometteur, son plan de match a déraillé et il a finalement dû s’avouer vaincu à l’annonce du pointage des juges.

Après être allé panser ses plaies sur les plages californiennes – « j’avais l’air cool avec mes cicatrices, ce n’était pas si mal » –, le beau gosse de Mississauga est revenu au pays réconcilié avec sa nouvelle réalité et prêt à passer au défi suivant.

« Mon dernier adversaire est en feu présentement. Il a récemment passé le K.-O. à Nate Marquardt, ce qui veut dire que je suis la seule personne à l’avoir amené au-delà du premier round à ses quatre derniers combats, note d’abord Theodorou. Quant à moi, c’était la première fois de ma carrière que je perdais un round et je crois l’avoir fait dans un combat très serré. »

« Je me dis aussi que pendant un round, j’ai réussi à rester debout et à faire mal paraître un ancien champion de boxe thaïlandaise, ajoute le volubile Ontarien. Et pour avoir revu le combat plusieurs fois, je peux dire que même si le reste ne s’est pas passé comme je le voulais, je n’ai jamais lâché et j’ai continué d’aller vers l’avant. Comme dirait mon père, ça montre que j’ai des couilles! »

Mais Theodorou admet lui-même qu’il a peut-être utilisé trop de « cojones » et pas assez de neurones pour tenter de renverser Santos. Après avoir battu son adversaire à son propre jeu pendant cinq minutes, le « Spartan » a décidé de retourner à ses méthodes habituelles, qu’il s’est entêté à utiliser malgré l’inexistence de bénéfices.

« J’ai voulu amener le combat à un endroit où j’avais connu beaucoup de succès dans le passé. Je l’ai adossé contre la cage, je lui ai empoigné l’entre-jambe et j’ai tenté de l’amener au sol… mais ça ne fonctionnait pas. Mais ça fonctionne toujours habituellement! Mais ça ne fonctionnait pas. Mais ça fonctionne toujours habituellement! Voilà, vous voyez où je veux en venir… j’ai été un peu trop têtu », confesse Theodorou.

Deux côtés à une médaille

C’est le métier qui rentre. Theodorou, qui vient juste d’avoir 28 ans, a décidé de faire carrière dans les sports de combat après sa première année d’université, ce qui fait qu’il ne pratique son métier de façon professionnelle que depuis cinq ans.

« Mon prochain combat sera mon 14e chez les pros, mais je n’ai pas vraiment d’antécédents chez les amateurs. J’ai besoin de plus de temps sur les tapis », croit-il.

Theodorou reprendra le collier samedi, à Ottawa, alors qu’il affrontera l’Américain « Smile’n », Sam Alvey en sous-carte du gala qui mettra en vedette Rory MacDonald et Stephen Thompson. Alvey aura assurément l’ascendant au niveau de l’expérience, lui qui montre une fiche de 26-7 depuis le début d’une carrière qui a débuté en 2008, mais où certains voient un combattant aguerri, Theodorou voit plutôt un athlète ralenti par le poids des années.

« Il a vu neiger, mais l’autre côté de la médaille, c’est que son corps a beaucoup de kilométrage, explique le poids moyen canadien. Il s’est fait fracturer la mâchoire à l’entraînement cet hiver et son genou gauche est en mauvais état. Je trouve toutes les infos qui se trouvent sur internet, je sais tout. Je suis pire qu’une copine jalouse! »

Theodorou se méfie de la force de frappe d’Alvey, qui a couché 17 de ses 26 victimes, mais il ne croit pas son prochain adversaire suffisamment outillé pour l’empêcher de revenir sur le sentier de la victoire.

« Il adore cogner. Il a un peu d’expérience en lutte et s’entraîne avec Dan Henderson, mais qu’est-ce que ça lui apporte vraiment? Il y a une différence entre un gars qui nage un peu à la surface et un olympien! De toute façon, il connaît des vieux trucs de lutte alors que moi, j’adapte mieux la mienne aux arts martiaux mixtes. Bref, il arrive avec deux armes – il peut faire des feux d’artifice avec sa droite et sa gauche – tandis que moi, j’ai huit armes meurtrières bien aiguisées. »

Montréal est maintenant la base d’entraînement permanente d’Elias Theodorou, qui a passé la majeure partie des trois derniers mois au Québec en prévision de son retour dans l’octogone. En plus d’établir ses quartiers généraux au Tristar, il a commencé à s’entraîner sur une base hebdomadaire avec Patrick Côté, son entraîneur lors de l’émission de téléréalité TUF : Nations diffusée en 2014.

« J’avais fait mon camp précédent à Long Island, mais il n’avait duré que six semaines et ça m’avait fait réaliser que ça aurait été préférable d’être ici. Et comme mon prochain combat a lieu au Canada, il n’y avait pas de meilleure option pour moi. C’est La Mecque des MMA, ici. »