MONTRÉAL - C'est seulement en fin de journée vendredi, à la suite de négociations de dernière minute entre Denis Coderre et Bernie Ecclestone, que s'est finalement conclue la saga du prolongement de 10 ans de l'organisation du Grand Prix du Canada.

C'est ce qu'a indiqué M. Coderre, le maire de Montréal, samedi midi au circuit Gilles-Villeneuve, lors de la conférence de presse où on a confirmé le conclusion d'une entente de principe qui assurera la tenue de l'étape montréalaise du championnat de Formule Un jusqu'en 2024.

Alors que les instances municipales allaient assurer la plus grande part de l'investissement, notamment en raison des travaux de rénovation des infrastructures du circuit Gilles-Villeneuve qu'exigeait la F1 , M. Coderre a cherché à obtenir certaines clarifications et assurances de la part du grand patron de la F1.

« Il y a eu des négociations de dernière minute entre M. Ecclestone et moi, par l'entremise de nos avocats et de M. Fortier, a fait savoir M. Coderre, en faisant allusion à Michael Fortier, l'ancien ministre fédéral conservateur qui est demeuré impliqué dans les négociations qui ont été amorcées il y a plus de deux ans. On devait s'entendre en ce qui concerne (la rénovation des) infrastructures, s'entendre sur ce qui allait arriver. Évidemment, quand on parle d'une période de 10 ans, il faut regarder tous les scénarios. Et ce, dans les intérêts de Montréal, alors qu'on parle d'argent (public), celui des payeurs de taxes.

« Je voulais des clarifications sur l'interprétation (des clauses de l'entente), m'assurer que tout le monde disait la même chose, a ajouté le maire. M. Ecclestone avait une interprétation, j'en avais une... On n'était pas loin. On n'était pas à couteaux tirés, au contraire. C'était juste de s'assurer, dans les derniers moments, de peaufiner notre façon de faire.

« J'aime autant poser des questions tout de suite et m'assurer qu'on attache ça avec de la broche, pour éviter de commencer à dire, après coup, 'j'aurais donc dû...'. Moi, des 'j'aurais donc dû', je ne connais pas ça. »

Montréal a vu sa part de redevances issues de la vente des billets être augmentée. Alliée à celle du Parc Jean-Drapeau, son « seuil minimal de redevances » s'élèvera maintenant à 46,9 pour cent, comparé à 31,34 pour cent pour Tourisme Montréal, 14,62 pour cent pour le gouvernement fédéral et 7,95 pour cent pour le gouvernement québécois.

Montréal a vu sa part être augmentée en raison de l'effort financier qu'elle devra consentir pour rénover les infrastructures du circuit Gilles-Villeneuve, à un coût estimé à 32,6 millions $. On procédera alors à la réfection des garages, de la tour de contrôle et des installations médicales. Le processus d'appel d'offres pour les travaux commencera à l'automne, a fait savoir M. Coderre. On prévoit terminer les rénovations en vue du Grand Prix de 2017, à temps pour le 375e anniversaire de Montréal.

« Très fier et heureux »

La Ville de Montréal investira par ailleurs 12,5 millions $ dans le cadre de l'entente, tandis que la part du gouvernement provincial s'établit à 50 millions $ et celles du gouvernement fédéral et de Tourisme Montréal, à 62 millions $ chacune. Au total, les instances publiques y iront d'un investissement totalisant 187 millions $ sur l'étendue des 10 prochaines années.

Les montants finaux seront dévoilés publiquement quand le processus de ratification officielle des ententes sera complété, a promis M. Coderre.

Il s'agit d'ententes fermes de 10 ans pour tous les différents contrats signés entre les parties - soit les instances gouvernementales, la F1 et Octane, l'entreprise du promoteur local François Dumontier. Les ententes ne pourront être rouvertes avant l'échéance, tandis qu'une option de cinq ans supplémentaires est prévue à l'issue des 10 ans, si toutes les parties demeurent intéressées.

« Que ce soit 10 ans, c'est important pour nous parce que ça nous permet de planifier, d'avoir une stabilité, de pouvoir garder l'équipe en place », commenté Dumontier, qui a affirmé que les montants qu'il a fallu investir pour retenir les droits d'organisation du Grand Prix du Canada restent modestes par rapport à ce qu'exige la F1 des autres villes et pays qui font partie du circuit.

« Je ne connais pas toutes les ententes (à travers le monde), mais je suis persuadé qu'on est parmi les moins chers », a-t-il déclaré.

Les différents intervenants ont par ailleurs rappelé que le Grand Prix a un impact économique de 70 millions $ à 90 millions $.

« En terme de marketing, l'impact du Grand Prix est l'équivalent de quatre saisons d'affilée du Canadien de Montréal, incluant les séries », a lancé M. Coderre.

Vendredi, alors que l'entente semblait imminente, Jacques Villeneuve s'est réjoui de cette prolongation de 10 ans.

« On fait partie des grands »

« C'est une bonne chose pour Montréal, le Québec et le Canada en général parce que, indépendamment de l'argent que ça ramène - ce n'est pas de l'argent brassé au Québec, c'est de l'argent qui vient de l'international -, c'est une fenêtre, une publicité pour le Canada, le Québec et Montréal qui est très importante, a déclaré l'ancien champion du monde de F1. Ça, c'est impossible à quantifier.

« Ce sont des gens qui vont revenir trois ou quatre mois plus tard, une année après et qui, en regardant le Grand Prix chez eux, auront l'impression que ce serait le 'fun' d'aller là, a ajouté Villeneuve. Les pilotes ont l'air de s'amuser, il y a une bonne ambiance dans la ville. Donc, à ce niveau-là, c'est très important. Le jour où il n'y aura plus de Grand Prix, tu disparais de la carte, tout simplement. »

Dumontier a par ailleurs tenu à rappeler que les billets pour le Grand Prix du Canada de 2015 seront mis en vente dès lundi matin.

La course de cette année aura lieu dimanche après-midi à l'île Notre-Dame.