MONACO - Le vent s'est remis à souffler dans le dos de Lewis Hamilton, auteur d'une course magistrale dimanche à Monaco pour remporter sa première victoire en F1 depuis sept mois et se relancer dans la course au titre.

La 43e victoire, c'était fin octobre aux États-Unis, le jour où il s'assurait un troisième titre mondial. La 44e, comme son numéro de course fétiche, c'était dimanche en Principauté, en bénéficiant au passage d'une hésitation de l'écurie Red Bull, pour choisir les pneus du dernier relais de Daniel Ricciardo, parti en position de tête pour la première fois de sa vie.

Hamilton a surtout tiré la quintessence de sa stratégie à un seul arrêt, choisie tout seul comme un grand, en gérant parfaitement ses pneus pluie en début de course (31 tours), puis ultra-tendres en fin de course (47 tours).

C'est la principale nouveauté de cette saison 2016 et à chaque course elle fait des merveilles : le choix de gommes Pirelli est plus large que l'an dernier, et la flexibilité totale. Ça donne une myriade de stratégies possibles, avec des erreurs en prime. Quand en plus il se met à pleuvoir, ça permet à un Mexicain rusé comme Sergio Pérez (Force India) de monter sur le podium à Monaco, son 6e en F1.

Parti de la 2e ligne au ralenti, derrière la voiture de sécurité, Hamilton était coincé derrière Nico Rosberg quand la course a vraiment débuté, au 8e tour, et Ricciardo le détenteur de la tête s'est échappé. Mais il n'a « même pas demandé à doubler Rosberg », a expliqué Mercedes.

Il y avait un tel écart de performance entre les deux Flèches d'Argent « que ça s'est fait naturellement, car c'est une règle qui existe depuis longtemps entre nous », a expliqué le vice-champion du monde allemand. « À partir du moment où je ne pouvais pas aller chercher Daniel (Ricciardo), j'ai laissé passer Lewis et finalement il a gagné. Tant mieux pour notre équipe », a ajouté Rosberg, beau joueur.

« N'abandonnez jamais »

Quand Mercedes lui a demandé de faire comme les autres, rentrer aux puits pour mettre des pneus intermédiaires, Hamilton a refusé, préférant aller le plus loin possible avec ses pneus pluie, sur une piste séchante. Il est reparti avec des gommes ultra-tendres et a aussitôt profité de l'arrêt prolongé de Ricciardo, dans les puits Red Bull, pour passer en tête. La suite, c'est la 2e victoire à Monaco après 2008, l'année de son premier titre mondial. Heureux présage?

« Daniel m'a mis beaucoup de pression et c'était très serré. Je le sentais tout près, même si je ne le voyais pas dans mes rétroviseurs, très sales à cause du mauvais temps. C'était probablement l'une des courses les plus dures de ma vie », a dit Hamilton, un an après avoir été victime d'une erreur comparable : le stand Mercedes avait offert à Rosberg une 3e victoire d'affilée en Principauté, pourtant promise à Hamilton.

« Ce qui lui a aussi permis de sauvegarder ses pneus, c'est qu'il a beaucoup roulé en tête, avec de l'air frais pour les refroidir, et que la piste n'était pas aussi chaude que s'il avait fait beau », a ajouté Roberto Boccafogli (Pirelli), bluffé par la démonstration du champion anglais : « Il a piloté à la perfection, de bout en bout ».

C'était une course digne d'un triple champion du monde, alors que Rosberg, parti en première ligne, l'a terminée à une modeste 7e place, surpris sur la ligne d'arrivée par l'autre Nico, Hülkenberg, dans l'autre Force India. Comme si le vent avait commencé à tourner, en Principauté, alors qu'Hamilton venait de vivre le début de saison le plus frustrant de sa carrière, suite à une série de problèmes mécaniques.

Les compteurs ne sont pas encore remis à zéro mais c'est en bonne voie : 106 points à 82 dans le duel Rosberg-Hamilton, saison 3, soit à peine moins que l'équivalent d'une victoire (25 points), à 15 étapes de l'arrivée. En arrivant à Monaco, Lewis était à 43 points de Nico, vainqueur des quatre premières manches. Dimanche soir, il concluait par une formule adaptée : « N'abandonnez jamais! ». Bien résumé.