C'est comme si c'était hier. Dans les faits, il y a un an. J'étais à Pékin sur le site de compétition de vélo de montagne. Quelques heures avant le départ de la course, Marie-Hélène Prémont passe devant moi. Je la salue, elle fait de même.

Aux abords de la piste, tous s'attendent à un excellent résultat de Marie-Hélène; voire une médaille comme à Athènes quatre ans plus tôt.

Le départ est lancé. Après un tour, Marie-Hélène est deuxième. Puis le groupe de cyclistes complète un deuxième tour. Pas de Marie-Hélène. Où est-elle? L'écran géant pour les spectateurs ne nous montre rien. Puis une image. La fierté de Château-Richer est immobilisée en bordure de parcours en train de discuter avec son entraîneur. Bris mécanique? Blessure? Les rumeurs circulent parmi les journalistes.

Puis devant nous, au loin, on aperçoit Marie-Hélène qui descend le parcours à pied en portant son vélo. Sa course aux Jeux olympiques de Pékin est terminée. C'est la consternation.

Après avoir absorbé un tant soit peu le choc, Marie-Hélène se présente devant une meute de journalistes pour donner sa version des faits. Elle a manqué d'air. Incapable de poursuivre la course en raison de troubles respiratoires.

« Je n'ai jamais fait d'asthme de ma vie et c'est la première fois que ce genre de situation m'arrivait en course », se rappelle Marie-Hélène un an plus tard au cours d'un entretien téléphonique.

Je n'ai pas revu Marie-Hélène depuis Pékin. Récemment, après l'épreuve de Coupe du Monde du Mont Ste-Anne, je suis tombé sur ses commentaires.

« Les jambes étaient là, mais j'ai connu quelques problèmes respiratoires. »

Quoi? Encore? Elle termine finalement 10e en raison d'une crevaison qui lui a fait perdre beaucoup de temps.

Une semaine plus tard à Bromont, encore une fois les problèmes respiratoires sont de retour. Étourdissements, grandes chaleurs, Marie-Hélène doit s'arrêter pendant la course, ne voyant plus rien devant elle. Elle termine 13e et ajoute en entrevue à mon collègue Benoit Beaudoin qu'elle va consulter pour voir ce qu'elle a.

Le verdict est tombé. De l'asthme à l'effort. Plusieurs athlètes en souffrent. Marie-Hélène devra maintenant prendre un produit pour contrer ce mal. Ce produit est interdit mais peut être consommé après avoir reçu une autorisation. Autorisation que Marie-Hélène a obtenu en bonne et due forme.

« Après les Jeux olympiques de Pékin, j'ai passé des tests pour savoir ce qui s'était produit. On a rien décelé de particulier. J'ai cru même à une réaction allergique. Avec du recul, on a constaté que ces résultats de tests étaient en fait de faux négatifs », explique-t-elle au bout du fil.

« Maintenant je vais me battre à armes égales. Il y a beaucoup d'autres filles qui ont le même problème que moi. Lorsque je serai au départ, je sais que je pourrai maintenant offrir 100% de mes capacités », ajoute Marie-Hélène.

Encore quatrième aux Mondiaux?

Le 5 septembre prochain en Australie, Marie-Hélène prendra le départ aux Championnats du monde.

Marie-Hélène a une médaille olympique en poche (argent à Athènes en 2004) et un titre de championne du classement de la Coupe du monde en 2008. En 2006, elle a également mis la main sur le bronze aux Championnats du monde.

Seule ombre au tableau : elle collectionne les quatrièmes places aux Championnats du monde… Quatrième en 2004, 2005, 2007 et 2008. « Un podium, ce serait idéal. Je suis pas mal tannée de terminer quatrième. »

Veut-elle se servir de ces Mondiaux pour racheter une saison décevante et effacer le souvenir de Pékin? «Cette épreuve en Australie, c'est mon objectif de saison. La forme est là. Ce sont les mêmes filles que l'an passé aux Jeux olympiques. Je veux le titre qui me manque. »

Parce qu'il ne faut pas s'en cacher. Terminer quatorzième, sixième, dixième et treizième dans la même saison de Coupe du monde, c'est inhabituel pour Marie-Hélène.

Il faut remonter à 2003 pour voir de tels résultats. Là-dessus, faut dire qu'elle a mis les bouchées doubles sur ses études en pharmacie. Les efforts donnés dans les livres d'écoles ont eu des répercussions sur les résultats en piste. « C'est certain que je n'ai pas la saison que je veux, mais après l'école, j'étais brûlée. »

De retour l'an prochain!

Après les Jeux olympiques de Pékin, tous croyaient que Marie-Hélène allait ranger son vélo pour passer à sa carrière en pharmacie. Et non, elle est revenue cette saison et elle continuera l'an prochain. A-t-elle de la difficulté à décrocher de son sport?

« Je veux courir l'an prochain car les Championnats du monde auront lieu au Mont Ste-Anne. J'aurais la chance de courir devant mon monde lors de la plus grosse compétition après les Jeux olympiques. Je ne peux pas manquer cela », explique-t-elle.

« J'ai encore la passion de mon sport. Je ne m'accroche pas. De plus, ça finirait ma carrière en beauté. »

Personne ne se plaindra de cette année supplémentaire de Marie-Hélène. Comme on dit, elle a mis le vélo de montagne sur la map et pour moi, humble journaliste, j'aurai la chance de rencontrer à nouveau cette charmante athlète qui possède certainement le plus beau sourire parmi nos athlètes!