Entre fierté et regrets
Tour de France lundi, 22 juil. 2013. 08:18 dimanche, 15 déc. 2024. 03:47NAIROBI - Le Kenya, pays de naissance du Britannique Chris Froome, vainqueur du Tour de France, a célébré lundi la victoire du cycliste tout en regrettant de voir flotter le drapeau britannique et non celui du Kenya sur le podium, peut-on lire dans la presse kényane.
« Pourquoi l'avons-nous laissé partir? Maintenant, la gloire va au Royaume-Uni, écrit Allan Bukulu, dans le journal Daily Nation. Mais peu importe, il a donné de la fierté au Kenya. Félicitations Froome. Nous te saluons », poursuit-il.
Chris Froome, 28 ans, a passé son enfance à Nairobi où il a appris le vélo avant de s'installer en Afrique du Sud à l'adolescence.
Le Daily Nation propose une photo de Froome célébrant sa victoire à la une tandis que le Standard a choisi comme titre de ses pages sports : « Tour, le roi Froome ».
David Kinjah, 43 ans, le mentor de Froome quand il a commencé le vélo et que le champion juge comme étant son « inspiration » est descendu dimanche dans les rues de Nairobi pour célébrer la victoire du Britannique avec d'autres cyclistes.
Mais il a aussi dit qu'il était déçu que ce succès soit considéré comme britannique critiquant ce qu'il a qualifié de désorganisation de la part des autorités cyclistes kényanes.
« Nous pourrions célébrer aujourd'hui une victoire kényane », veut croire Kinjah.
Froome avait porté les couleurs du Kenya lors des Jeux du Commonwealth en 2006.
Une victoire d'impact
La presse britannique a aussi salué un nouveau héros du cyclisme après que Chris Froome fut devenu le deuxième Britannique en deux ans à remporter le Tour de France.
Le champion de 28 ans affichant un large sourire et son maillot jaune sur les épaules orne les unes des principaux journaux après avoir succédé à son compatriote Bradley Wiggins au palmarès de la Grande Boucle.
« Les victoires britanniques dans le Tour ressemblent à des bus : vous attendez 99 Tours pour la première (victoire) et puis deux arrivent à la suite », écrit un commentateur du Daily Telegraph.
« Mais la portée de la victoire de Froome aura beaucoup plus de retentissement autour du monde que celle de Sir Bradley il y a douze mois », ajoute-t-il.
Utilisant le nom donné au coureur natif du Kenya par la presse française, le Telegraph poursuit : « Le Roi Soleil (pour Louis XIV à Versailles, NDLR), brillant de mille feux pour Sky (le nom de son équipe signifiant ciel), peut régner pendant des années ».
Pour le Daily Mail, « Chris Froome est un improbable acteur de l'Histoire, mais sur les Champs-Élysées la nuit dernière, alors que la nuit commençait à tomber sur la Ville Lumière, il l'est devenu ».
Le tabloïd poursuit en notant que ses bonnes manières s'opposent à cette ardente ambition qui lui ont assuré une victoire écrasante dans le 100e Tour de France.
« En dehors du vélo, il a à de bonnes manières et est poli, sur le vélo, c'est un tueur, apparemment pas seulement par obligation de gagner mais pour écraser ses rivaux, les attaquant pour leur prendre plus de temps et leur infliger plus de douleur même quand ses jambes ne peuvent supporter l'effort », explique le Daily Mail.
Plusieurs quotidiens insistent sur l'hommage de Froome à sa mère Jane, sa plus grande supportrice décédée en 2008.
Le Times consacre une édition spéciale à l'événement avec en couverture une photo de Froome pédalant autour de l'Arc de Triomphe avec ces mots du coureur : « J'aurais tout donné juste pour voir son sourire avec moi entrant dans Paris ».
Froome a également utilisé le podium pour assurer que sa victoire résisterait au test du temps, une référence aux incessantes questions qui lui ont été posées sur le dopage.
Le Britannique l'a emporté avec 4 min 20 sec d'avance sur le Colombien Nairo Quintana, soit le plus gros écart depuis l'époque de l'Américain Lance Armstrong, privé de ses sept victoires (1999 à 2005) pour dopage.
« Non content de gagner le Tour de France, Chris Froome a bouclé la course à Paris la nuit dernière avec le gage qu'il était un champion propre et que le public pouvait le croire », estime le Times tandis que les médias britanniques risquent de rapidement se tourner vers la naissance royale.