Au Québec, elle semble loin l’époque où le cyclisme féminin rayonnait aux 4 coins de la province avec les performances de Geneviève Jeanson et Lyne Bessette. À l’époque, une étape de la Coupe du Monde était présentée sur le Mont-Royal et quelques jours plus tard, les meilleurs cyclistes prenaient part au Tour du Grand Montréal. Aujourd’hui ces deux épreuves font maintenant partie du passé.

Lentement mais sûrement une jeune cycliste de 24 ans se fait un nom sur le circuit international. Je me souviens encore des paroles de Louis Barbeau, directeur technique de la fédération québécoise des sports cyclistes lorsque je lui avais demandé qui allait assurer la relève des Bessette et Jeanson. D’entrée de jeu, il m’avait lancé le nom de Joëlle Numainville.

Le temps semble lui avoir donné raison. Qui a été la meilleure canadienne lors de la course sur route aux Jeux Olympiques de Londres? Clara Hughes? Non, Joëlle Numainville avec une très honorable 12e place à 27 secondes de la gagnante Marianne Vos.

Honorable pour certains mais avec le recul, Joëlle admet qu’elle n’est pas très satisfaite. « C’est bien beau être la meilleure canadienne mais dans les faits j’ai raté l’échappé », lance-t-elle avec une certaine amertume.

La semaine dernière, aux championnats du monde, Joëlle a conclu sa saison avec une 13e position lors de la course sur route à moins d’une minute d’un top 10. Au bout du fil, Joëlle place ses résultats dans leur juste perspective.

« Je suis tannée de terminer 12e, 13e. Maintenant je veux gagner des courses. Je sais que j’en ai la capacité. Il y a un groupe de 15 filles qui sont au même niveau et je sais que je peux rivaliser avec elles. J’ai vraiment bien progressé cette année. », explique celle qui fêtera son 25e anniversaire en novembre.

Joëlle a connu une saison 2012 intéressante avec une 3e place au classement général de la Classique Redlands où elle également remporté le critérium. Elle a également bien fait lors du Tour des Flandres en montant sur la 3e marche du podium aux côtés des redoutables Kristin Armstrong et Judith Arndt. Son premier podium en Coupe du Monde.



_Joëlle Numainville fait partie de l’équipe américaine Optum_

Équilibre sports-études

Joëlle profite présentement de moments de repos après une saison chargée principalement dans l’obtention de sa qualification olympique. À travers tout cela, elle réussit à poursuivre ses études pour l’obtention d’un baccalauréat en gestion.

« Pour moi, c’est important de prévoir mon après-carrière. Ce que j’aimerais faire par la suite, c’est de travailler à la Bourse comme courtière », lance-t-elle.

Joëlle ne songe toutefois pas à la retraite. Elle vise une place aux Jeux Olympiques de Rio et entre-temps, elle entend se hisser parmi les meilleures de sa profession. « Je veux bien faire lors des Coupes du Monde et également améliorer mes performances lors du contre-la-montre. Ce n’est pas ma spécialité et j’ai vu aux championnats du monde que j’avais encore beaucoup de travail à faire », mentionne-t-elle en précisant qu’elle se trouvait à moins d’une minute du top aux mondiaux. «Je suis une fille compétitive. Quand je suis en forme, je peux faire de bons résultats. »

Aux dire de Joëlle, la relève est bien présente au Québec en cyclisme féminin. Elle espère pouvoir influencer quelques-unes d’entre elles. D’ailleurs, Joëlle n’hésite pas à leur prodiguer quelques conseils. « Pour les jeunes, le cyclisme n’est pas aussi accessible que d’autres sports de masse comme le soccer mais si je peux faire ma part, ce sera bien », explique-t-elle en ajoutant qu’elle-même n’a pas eu de réels modèles dans sa carrière.