Est-ce que le fair play existe toujours dans le monde du sport? De moins en moins. Aujourd‘hui, c‘est la victoire à tout prix. Peu importe les moyens légaux. Triste reflet de ce que la société est devenue.

Lors de la 2e étape du Tour de France, j‘ai assisté devant mon téléviseur à une démonstration de fair-play. Je vous explique.

En raison d‘une chaussée détrempée, un groupe de cyclistes, comprenant des ténors, chute. Dans ce groupe, Andy Schleck prétendant au podium du TDF. Résultat, plusieurs cyclistes ont pu reprendre la route rapidement et d‘autres comme Schleck se sont retrouvés à la peine quelques minutes plus tard. Également, Lance Armstrong et Alberto Contador sont retardés par cette chute.

Puis il y a cette loi non-écrite en cyclisme qui dit qu‘on ne profite pas d‘une chute pour gruger du temps. Rappelez-vous à l‘époque: Lance Armstrong est en pleine ascension avec son rival Jan Ullrich lorsqu‘il chute après être entré en contact avec un drapeau d‘un spectateur en bordure de route. Ullrich ralenti et attend qu‘Armstrong se relève. L‘Allemand aurait pu profiter des malheurs de Lance. Main non, il a fait preuve de fair-play et par la suite, Armstrong l‘a écrasé dans cette étape.

Revenons à cette 2e étape 2010. Pendant que Schleck, Armstrong et Contador tente de revenir sur le peloton, le détenteur du maillot jaune, Fabian Cancellara a demandé au peloton de se relever afin d‘attendre les ténors. Ce qui fut fait. En réagissant de cette façon, Cancellara a du même coup fait une croix sur le maillot jaune. Beau geste sportif.

Ceci étant dit, Cancellara aurait-il fait preuve d‘autant d‘esprit sportif si les frères Schlek n‘avaient pas été impliqués dans la chute. On ne le saura jamais mais j‘ose croire que oui.

Commentaires après l'étape (ajout)

Source: sport24.com

Cette 2e étape «savonnette» aurait pu changer la face du Tour, éliminer de sérieux prétendants… s’il n’y avait eu ce pacte de non-agression décidé par le peloton. «Le Maillot Jaune doit prendre ses responsabilités. Je pense qu‘on a pris la bonne décision. On avait les Schleck derrière ainsi que d‘autres favoris, ça ne servait à rien. Ce n‘aurait pas été juste de rouler», de dire Cancellara. Tony Martin abonde. «J’ai été content de ne pas tomber, mais si cela avait été le cas, j’aurais apprécié que le peloton m’attende». Il est vrai que Fabian Cancellara avait plus de raisons que d’autres de ne pas se lancer à la poursuite de Sylvain Chavanel.

«De l’huile sur la route»

Dans la litanie de chutes qui s’est produite dans la descente du col de Stockeu, Andy et Frank Schleck étaient parmi les plus mal en point. Relégués loin avec pour seule compagnie Jens Voigt, c’est tout simplement le Tour qu’ils perdaient ce lundi sans la clémence d’un peloton choisissant de ralentir l’allure. «Aujourd’hui nous avons vraiment vu ce qu’était le fair-play !», remercie, soulagé, Andy Schleck. Rares sont ceux qui ont pu éviter la rencontre avec le sol dans une portion de course parfaite pour Holiday on Ice. «C’était irréel. Quand je suis remonté sur le vélo, j‘ai dépassé ça et là des hommes à terre, un peu comme à la guerre», s’exclame Lance Armstrong. Jean-François Pescheux, directeur de la course, révèlera plus tard que la course avait été proche de la neutralisation. «Oui, je suis allé à terre, raconte Cadel Evans. Je pense qu’il y avait de l’huile ou quelque chose comme ça sur la route. Ce n’est pas normal que les vélos, les motos ET les piétons aient pu glisser ! Je crois que le peloton entier est tombé. Maintenant, on est tous à panser nos blessures», peste l’Australien.

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Chronique de Pierre Foglia

Cette situation me rappelait cette chronique de Pierre Foglia parue dans la Presse le 29 juin dernier.

En faisant référence au but refusé à l‘Angleterre lors de la Coupe du Monde, M. Foglia écrivait:

_Quand l‘erreur est vraiment énorme comme l‘autre jour le but anglais qui n‘a pas compté, si on voulait vraiment réparer, alors il y a toujours le fair-play. Cette vieille chose tombée en désuétude qu‘il faudrait bien réactiver._

_Le fair-play, c‘est par exemple une erreur de l‘arbitre spontanément corrigée par l‘équipe à qui cette erreur profite. C‘est ainsi qu‘on voit parfois des équipes donner volontairement le ballon à l‘adversaire qui vient d‘être lésé par une mauvaise décision. Il est vrai, jamais pour des gros trucs, comme un but refusé, un pénalty._

_Dimanche, j‘aurais osé un gros truc. Si j‘avais été l‘entraîneur des Allemands, à la mi-temps, j‘aurais montré à mes joueurs la reprise de ce but évident qui n‘a pas été accordé aux Anglais. Messieurs, on mène 2–1 mais en réalité, c‘est 2–2. Voici ce que nous allons faire : à notre retour sur le terrain, on ne bouge pas sur la mise au jeu, on laisse les Anglais aller compter ce but qui leur a été volé._

_Et après, on les plante._

_Je déconne? Pas tant que ça. J‘aurais créé l‘événement du Mondial. Dans 100 ans, on en parlerait encore. Même que les gens penseraient que ce sont les Allemands qui ont inventé le fair- play. Les Allemands! T‘imagines!_

Et vous le fair-play, vous y croyez? Ça existe encore dans votre entourage?