Listen to "Les Jeux CrossFit 2019 avec Michèle Letendre - 11 juil. 2019" on Spreaker.

Il y a de ces athlètes qui sortent un peu de nulle part et prennent la scène CrossFit d’assaut. Ceux qui nous donnent l’impression que tout est facile et qu’il n’y a rien à leur épreuve.

 

Jean-Simon Roy Lemaire est du nombre. Son éclosion est arrivée au Open en 2018, alors qu’il a terminé les 5 semaines de compétitions en 4e place… au monde!


Voilà une excellente façon de faire une entrée fracassante aux yeux de tous. Par contre, lors des championnats régionaux de l’Est, à Albany, l’histoire ne s’est pas passée comme il l’aurait souhaité.

“ J’ai toujours eu une belle progression dans le Open depuis mes débuts en 2014. En terminant 4e, je me suis dit que je pouvais jouer parmi les “big boys”. Par contre, j’ai la mauvaise habitude de me mettre de la pression inutile. J’ai regardé ces régionaux-là récemment pour revoir mes performances, et j’entendais les analystes parler de moi, en se créant un peu des attentes pour un top 5, parce que j’arrivais de nulle part.” analyse-t-il.

“Mon plan de match a bien été la première journée, puis la 3e épreuve m’a brisé mentalement. J’ai pu remonter à la fin de la 2e journée, mais un manque de communication avec mon juge le dimanche m’a empêché de me rendre sur des mouvements qui m’auraient fait gagner plusieurs points.”

Comme on le dit si souvent dans le domaine, on est aussi bon que son juge, parfois.

Depuis, on a pu le voir en action aux Atlas Games à Montréal à l’automne 2018, lui qui a fait bonne figure contre d’autres jeunes loups comme Cédric Lapointe et Samuel Cournoyer.
Puis, une 5e position dans le Open cette année lui a permis de sécuriser le titre de champion national du Canada, et donc un billet pour les jeux mondiaux à Madison, au Wisconsin.
 

L’image du nouvel athlète

 

Avant de commencer à compétitionner en CrossFit, Jean-Simon a mené une carrière de footballeur jusqu’au niveau collégial, avec le Collège Notre-Dame-De-Foy. En terminant les longues et demandantes saisons de football, il pansait ses blessures et mettait énormément d’efforts dans son entraînement - chez Tonic CrossFit, à Québec - pour être en forme la saison suivante.

D’ailleurs, c’est parce qu’il est un peu blasé de ces bobos qu’il décide de se consacrer à temps plein à la pratique du CrossFit.

 

“Les gens avec qui je m’entraînais trouvaient que j’avais du potentiel et que je devrais m’y mettre à temps plein. J’avais déjà une bonne base en haltérophilie grâce au football. C’est drôle, j’ai même regardé certains de mes vieux entraînements de l’époque, et je faisais du CrossFit sans même le savoir!” raconte celui qui a été intrigué à essayer ce mode d’entraînement en regardant les jeux mondiaux à la télévision.

Jean-Simon incarne donc une nouvelle génération d’athlète qui perce de plus en plus: des jeunes excessivement bien entraînés qui choisissent une spécification tôt à l’âge adulte. On voit d’ailleurs plusieurs talents en gymnastique, cheerleading, hockey, soccer ou football migrer vers le CrossFit naturellement, avec une excellente base cardiovasculaire, ou encore remplis d’habiletés en haltérophilie ou gymnastique.

 

La courbe d’apprentissage est beaucoup moins abrupte pour ces athlètes, qui débutent donc une carrière compétitive au moment propice pour bien absorber le volume d’entraînement, mais surtout, bien récupérer.


La saison 2019 aura été tranquille pour le champion canadien, mais il compte sortir un peu plus du confort de son centre d’entraînement pour prendre plus d’expérience internationale.

“En m’auto-finançant, ça rend le processus un peu plus compliqué et je voulais garder mes économies pour les Jeux et avoir la meilleure première expérience possible. L’an prochain, j’aimerais faire 3 ou 4 évènements sanctionés, dont le Wodapalooza à Miami et les Atlas Games à Montréal. Je veux établir mon calendrier de la prochaine année lors de mon repos en revenant de Madison.”

S’il y a une chose à retenir de Jean-Simon, c’est la sagesse qu’il dégage. Athlète auto-didacte, il programme lui-même ses entraînements tout au long de l’année, ce qui n’est pas une mince tâche. Surtout si près d’une compétition d’envergure comme les championnats du monde!

“La préparation des Games s’est bien passée, j’ai eu des hauts et des bas, mais j’ai su ajuster le tir au bon moment. Rendu où on est, c’est toujours un défi mental de se ramener à tout ce le travail qu’on a fait durant l’année, et de ne pas focaliser sur une moins bonne performance d’une journée. Ça joue beaucoup dans la tête d’être aussi fatigué - et c’est normal - mais ce n’est pas à 1 semaine du but qu’on doit commencer à tout changer et faire des records à l’entraînement.” conclut-il.

“Dis donc, tu réussis toujours à te ramener mentalement dans le droit chemin comme ça, par toi-même?”

“Oui.”

Voilà, là, juste là, la graine d’un champion, mesdames et messieurs.

 

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