Qu’est-ce qu’un athlète dédié à un sport spécifique (sport-specific athlete)?

C’est quelqu'un qui « mérite son gagne-pain » en pratiquant son sport. Ça peut-être un professionnel, un élève du secondaire ou un joueur universitaire au baseball, au football ou au basketball, tout comme un skieur, cycliste ou planchiste amateur ou professionnel, etc. Contrairement à monsieur madame tout le monde, cette personne est intéressée par l'entraînement­ pas seulement pour paraître bien et se sentir bien, mais pour élever son niveau de performance dans un sport spécifique. L'entraînement au gym est une façon d'optimiser ce qu'ils sont capables de faire sur le terrain.

Ce dont ces athlètes ont le plus besoin

Dans plusieurs cas, les préparateurs physiques approchent ce type d'athlètes avec une vision très étroite. Ils tentent de répliquer les mouvements ou les exigences du sport au gym avec des exercices qui ressemblent beaucoup à ce qu'ils font déjà tous les jours sur le terrain. Par exemple, quand j'ai rencontré mon mari, il était un joueur de baseball professionnel. Quand il s'entraînait avec son préparateur, il pratiquait son élan en tenant un câble relié à une machine avec de la résistance et faisait 50 répétitions. Puis il lançait un ballon médical contre un mur ou courait avec un élastique de résistance qui le retenait. Tout cela permettait de recréer la même rotation et la même motion de lancer. Le problème toutefois, c'est que c'est quelque chose qu'il faisait déjà chaque jour sur le terrain. Il avait déjà appris à maîtriser ces gestes et ces habiletés très bien, donc il y avait peu de place à l'amélioration. En fait, cet entraînement provoquait sûrement des pépins physiques à force de répétitions au quotidien.

Puis je lui ai montré comment faire un squat sauté, le mouvement le plus fondamental qu'un humain peut faire. Le même mouvement que j'apprendrais à ma grand-mère pour commencer si je l’entraînais. Quand il en a essayé un, il s'est effondré. Il n'avait pas la portée ni la motion ou la coordination pour performer ce mouvement si primaire et universel, ce qui a mis en lumière ses problèmes. Il était couvert de sueur après cinq lentes répétitions et a dit : « Je suis un athlète professionnel, je n’essaie pas d'être le meilleur à l'entraînement et je ne prends jamais cette position dans mon sport! »

J’ai répliqué : « Oui, mais as-tu besoin de force, de flexibilité et de coordination dans tes hanches et tes cuisses dans ton sport? »

« Oui », a-t-il répondu.

« Ne t'étires-tu pas le muscle ischiojambier chaque fois que les séries arrivent, en octobre? On devrait peut-être faire des squats. Imagine, tu excelles dans ton sport malgré le fait que tu ne travailles qu'à une fraction de tes capacités physiques. C'est

vraiment excitant en fait! », lui ai-je dit avec le sourire.

Un an plus tard, il a pris sa retraite et a commencé à faire du CrossFit avec moi. Quand il repense à tout ça, il est assez fâché, parce qu'il jure être plus fort et plus en forme qu'il ne l'a jamais été au moment où il était un athlète professionnel. Il aurait souhaité connaître ces mouvements plus tôt et les exercer plus tôt, car il sait que ça aurait prolongé sa carrière.

Un exemple avec des skieuses olympiques

Il y a quelques années, l'entraîneur Greg Glassman, le propriétaire et fondateur de CrossFit Training, a vécu une très intéressante expérience avec quelques athlètes féminine en ski alpin. Il a remarqué que bien que ces filles étaient bonnes en ski, elles étaient plutôt mauvaises pour effectuer des squats sautés, et aucune d'entre elles n'était vraiment capable de faire des tractions à la barre correctement. Selon lui, n'importe quel athlète de niveau mondial devrait être capable d'effectuer ces mouvements de base, alors il a bâti un programme simple qui incluait des squats sautés et des tractions. Rien de trop poussé pour recréer une descente en ski, pas de test d’équilibre sur un ballon demi-lune ou de maintien en position groupée. Les filles se sont améliorées à ce chapitre, mais ce n'est pas tout : elles ont commencé à skier plus vite et avaient même la capacité de s'entraîner avec plus d’intensité que certains hommes.

Travailler sur ses faiblesses

Mais quelle est donc la corrélation entre des squats sautés, des tractions et le ski? Je ne sais pas. Ce que je sais par contre, c'est qu'en trouvant vos faiblesses au niveau des mouvements de base et en travaillant dessus, il y a un effet domino dans la force physique d'un athlète. Il est plus profitable de travailler sur vos lacunes que de continuer à faire ce que vous maîtrisez déjà. En devenant un athlète complet, vous pouvez bénéficier d'une grande polyvalence avec des bases solides qui vont se transposer dans votre sport de manières inattendues.

Ces faiblesses dans les éléments de base vont avoir des répercussions quelque part. Parfois, ça se traduit par une blessure, une longévité réduite ou des performances qui stagnent. Les meilleurs athlètes de notre époque ont les aptitudes athlétiques pour bien faire plusieurs choses. Michael Jordan pratiquait le basketball, le baseball et était un golfeur qui peut jouer la normale. Tiger Woods était capable de soulever 350 livres en développé-couché. Bryce Harper est capable de supporter une charge de 500 livres en soulevés de terre. Bo Jackson ressemblait à un dieu grec.

Les athlètes sont des humains avant tout     

Ces athlètes se dévouent peut-être à leur sport, mais ils sont d’abord et avant tout des êtres humains. Un athlète de haut niveau devrait maîtriser les mouvements de base. C’est à ce chapitre que le travail en gymnase leur sera le plus bénéfique. Il n’y a pas

meilleur moyen de se renforcer physiquement, de maîtriser les mouvements de base et de maîtriser des positions naturelles et appropriées pour la santé physique qu’en exécutant des mouvements fonctionnels simples comme le squat, le soulevé de terre, l’action de tirer et de pousser, ainsi que tous types de dérivés et variations.

Je sais que la plupart des athlètes de l’élite se considèrent comme étant spéciaux et uniques, mais même s’ils ont un don au niveau athlétique dans leur domaine, plus souvent qu’autrement, il est bénéfique de prendre une approche plus large et de les exposer à une plus grande variété de mouvements fonctionnels. La plupart des athlètes n’ont pas besoin d’un programme d’entraînement qui se rapproche encore plus de leur sport, ils ont besoin d’avoir de meilleures bases en termes de conditionnement physique pour progresser davantage dans leur spécialité.

À considérer :

Il y a des considérations à prendre dans le cas d’athlètes qui profitent d’une saison-morte. Cette période offre plus de temps au gym et à l’extérieur du terrain. Une fois que la vraie campagne s’amorce, le gym est un moyen de maintenir les capacités acquises durant la saison-morte. Ce qui est important, c’est la performance athlétique. Vous ne voulez pas que ce qui se passe au gym vous nuise en plein match ou en pleine compétition, alors il faut s’ajuster.

Choisissez des mouvements et des charges qui sont productifs, mais avec un risque plus faible. La dernière chose que vous voulez, c’est vous blesser au gym. Mettez l’emphase sur la mécanique et la constance. Ne forcez pas votre corps à dévier de la vraie technique afin de battre un record personnel ou de faire une répétition supplémentaire. Vous pouvez ajouter de l’intensité sans en faire trop, sinon c’est difficile de revenir en arrière. La magie opère lorsque vous maîtrisez les mouvements.

Avez-vous aimé ces conseils? Camille Leblanc-Bazinet souhaite avoir vos commentaires, vos questions et même des idées de sujets pour les prochaines chroniques. N'hésitez pas à commenter au bas.