24 heures après notre défaite contre les Lions, je ressens encore beaucoup de déception. La saison 2006 a été très difficile pour nous, mais nous avons surmonté une tonne d'obstacles pour atteindre la finale de la coupe Grey.

Et juste au moment où je pensais que nous formions enfin une équipe, nous avons offert une telle performance. Dans les circonstances, une victoire aurait été le scénario parfait. Pour les partisans, la déception est très grande, mais elle est atroce pour nous.

Ça va prendre du temps à l'avaler, celle-là. Mais la vie continue. Et je dois retourner au travail dès mardi... donc je ne pourrai m'apitoyer sur mon sort bien longtemps.

La saison dernière contre les Eskimos, le match s'est décidé en prolongation. La défaite, nous ne l'avons pas vue venir. Après le match, nous étions sous le choc et nous ne savions pas vraiment ce qui s'était passé.

Cette année, c'était très différent. Nous avons tiré de l'arrière tout au long du match. On a donc eu le temps de la voir venir, même si nous faisions notre possible pour ne pas y penser. Ajoutez à cela le fait que je suis en fin de carrière (je n'ai toujours pas pris de décision sur mon avenir et je m'accorde quelques mois avant de prendre une décision finale) et peut-être que oui, elle est plus difficile à avaler. Je ne sais pas si je vais avoir la chance d'y retourner: ça fait encore plus mal au coeur.

Manque de constance

Les Lions forment une excellente équipe de football. On le savait mieux que quiconque. Sur le terrain, ils ont fait ce que nous pensions qu'ils allaient faire. Il n'y avait aucune raison pour que nous ne gagnions pas ce match. Nous n'avons jamais mené, mais nous n'avons pas été déclassés. Il y a fort à parier que le résultat aurait été différent si nous n'avions pas joué comme des chaudrons pendant une bonne partie du match. Tu ne peux espérer gagner un match en jouant 30 minutes sur 60! Le match de dimanche est un reflet de notre saison: nous avons manqué de constance.

Encore une fois, j'ai énormément de difficulté à expliquer nous n'avons pas commencé le match en même temps que les Lions. En tant que groupe, nous étions bien préparés et l'émotion était au rendez-vous. On n'a qu'à penser à la petite engueulade verbale qui a précédé le match (. Nous voulions provoquer les Lions, nous voulions imposer le respect: nous étions gonflés à bloc!

Par moments, l'exécution n'était pas au rendez-vous. Quelques mauvaises passes, quelques réceptions ratées ont fait en sorte qu'il nous a été impossible de bâtir un rythme au début du match. Et je tiens ces propos sans vouloir blâmer quiconque en particulier. On gagne en équipe et on perd en équipe. Tout le monde a fait des erreurs contre les Lions. De leur côté, ils ont évité les erreurs et ils semblaient plus confiants que nous. Le temps qu'on se réveille, ils détenaient déjà une avance confortable.

Merci à la défensive

Nous avons même été chanceux que les Lions ne mènent que par neuf points après le premier quart. Mais la défensive a tout fait pour nous garder en vie. La défensive a joué un grand match. Les Lions ont marqué 25 points (mais seulement un touché et six placements) même si notre défensive a passé une très grande partie du match sur le terrain.

Même s'ils étaient passablement fatigués en deuxième demie, ils ont tenu leur bout sur le terrain. Je le répète, ils ont tout fait pour nous permettre de gagner ce match.

Mais, nous, sur les unités spéciales, nous n'avons pas réussi à réussir le gros jeu, comme nous l'avions fait la semaine précédente contre les Argos. Nous avons été incapables de donner une bonne position sur le terrain à notre offensive.

Manque de concentration

Au 4e quart, nous avons écopé d'une pénalité pour avoir eu trop de joueurs sur le terrain sur une tentative de placement. Nous avons été chanceux que les Lions n'en profitent pas et qu'ils doivent se contenter d'un placement.

C'est clairement un manque de concentration. Le pire, c'est que cela se soit produit lors du dernier match de la saison. C'est inadmissible. Ce sont des jeux que l'on pratique des centaines de fois cette saison et nous avons parlé de cette formation (la formation éléphant) à chaque jour pendant la semaine de pratique. Il y a visiblement quelqu'un qui n'a pas écouté les consignes. Encore une fois, c'est un jeu qui illustre notre match et notre saison.

Le jeu au sol

La semaine dernière, nous avons vaincu les Argos en grande partie grâce à notre attaque au sol. Les Lions ont la réputation d'être une équipe contre qui il est très difficile de courir.

Nous avons une excellente attaque aérienne et nous avons obtenu beaucoup de succès par la passe. De plus, les Lions jouent avec une formation à quatre joueurs de ligne et deux secondeurs, ce qui fait en sorte qu'il est plus difficile de courir contre eux que contre les Argos (qui utilisent trois joueurs de ligne).

Oui, nous voulions courir avec le ballon, mais c'était par la passe que les entraîneurs voulaient établir le jeu au sol. Peut-être que nous aurions dû être plus équilibrés dans nos choix de jeu. Robert Edwards a terminé le match avec 85 verges en 15 courses. Il a obtenu la majorité de ses gros gains sur les 2e essais et 5 verges. Pourtant, les Alouettes n'ont pas l'habitude de courir en pareilles circonstances. Peut-être qu'il faudrait s'en rappeler pour les années à venir. En tout cas, moi, ça ne m'a pas échappé.

L'échappé de Dickenson

Pour plusieurs, l'échappé de Dave Dickenson, qui se serait terminé par un touché si l'arbitre n'avait pas sifflé prématurément, constitue un point tournant dans le match.

J'estime qu'il ne fallait pas se fier sur ce jeu-là pour gagner la partie. Si, à ce point-là dans le match, tu as absolument besoin de la chance pour gagner, c'est que tu n'as pas fait les bonnes choses.

C'est sûr que la bonne décision nous aurait aidés, mais les arbitres sont humains et il y a des décisions serrées à chaque match. La semaine dernière, les arbitres ont pris une décision en notre faveur sur l'échappé de Ricky Williams. On ne peut se servir des décisions des officiels comme excuse.

Anthony Calvillo

Pierre Vercheval en a parlé à quelques reprises au cours de la saison: Anthony Calvillo est presque toujours seul sur le banc de l'équipe. Personnellement, je ne serais pas capable de passer le match sans parler à personne sur le banc. J'ai besoin d'être entouré. Dimanche, j'ai demandé à Sylvain Girard et à Matthieu Proulx d'être à mes côtés pour me parler, analyser les jeux, me donner des trucs. Il faut qu'on me parle. Ça m'aide à me motiver.

C'est différent pour Anthony. Il préfère être seul pour se concentrer. Ça l'aide à réfléchir aux prochains jeux. C'est sa manière de travailler. Il faut respecter son éthique de travail.

D'autres personnes ont critiqué le fait que Calvillo décide des jeux. Vu que le nouvel entraîneur n'est pas encore nommé, il est impossible de dire comment il voudra gérer l'appel des jeux. Mais quand tu donnes certains pouvoirs à quelqu'un, il est difficile de les lui enlever sans casser des oeufs.

Personnellement, je ne vois pas un changement de philosophie d'un mauvais oeil. Je pense que ça pourrait enlever un peu de pression des épaules d'Anthony.

Encore une fois, Anthony est la cible de plusieurs critiques pour sa performance lors du match de dimanche. Comme je le dis souvent, on gagne en équipe et on perd en équipe. Je n'ai jamais pointé un coéquipier du doigt et je ne le ferai jamais. Anthony est mon coéquipier et je crois en lui. Croire est l'une des choses les importantes dans le sport.

Le nouvel entraîneur

À l'instar du plafond salarial, la venue d'un nouvel entraîneur en 2007 devrait apporter son lot de changements parmi les joueurs. Quand Don Matthews est arrivé à la barre de l'équipe, on avait assisté à plusieurs changements et ce fut bénéfique pour l'équipe. Je crois que ce sera la même chose l'an prochain et que les changements seront positifs.

J'espère qu'un jour, nous aurons la chance d'avoir Dany Maciocia derrière le banc des Alouettes. J'ai toujours apprécié le travail de ce dernier. Je crois qu'on aurait besoin d'un entraîneur de sa trempe. Il a fait ses classes comme entraîneur à Edmonton. Quand le moment sera venu, je suis sûr qu'on lui fera signe. J'aimerais également voir des entraîneurs comme Wally Buono ou Jacques Chapdeleine avec les Alouettes.

*propos recueillis par le RDS.ca