MONTRÉAL - Don Unamba a atteint le fond du baril de sa carrière professionnelle en 2016 quand il a été contrait de joindre les rangs de l’Indoor Football League pour un salaire minime. Mais l’athlète originaire du Texas est habitué de rebondir et il se retrouve maintenant avec une occasion rêvée au sein des Alouettes de Montréal.

Recrue de l’année en 2014 à Winnipeg, il n’a pas été retenu pour la saison suivante à Winnipeg. Après de fiers services pour les Roughriders de la Saskatchewan en 2015, les changements de l’état-major le poussent vers la sortie.

La situation s’empire en 2016 alors que personne ne l’embauche. Épuisé d’attendre un coup de fil, il se résigne à tenter l’aventure de la peu glorieuse IFL.

« Je ne vais pas mentir, ce fut une période très difficile de ma vie. C’était encore plus dur parce que je savais que j’avais encore du bon football en moi. Je regardais pratiquement tous les matchs de la LCF à la télévision en espérant recevoir un appel. Ça ne s’est pas passé comme j’espérais », a évoqué Unamba qui avait décrit ce contexte dans un article du confrère Herb Zurkowsky au début juin.

L’ancien des Muleriders de l’Université Southern Arkansas en arrive à la conclusion qu’il doit contacter Nik Lewis qui connaît une épatante carrière dans la LCF et qui provient surtout de son alma mater.

L’initiative rapporte sans tarder. Unamba est invité au camp d’entraînement des Alouettes de Montréal et il parvient à retenir l’attention positivement.

« Ce n’est pas grâce à moi qu’il est ici. Je dis ça parce que je n’ai pas eu besoin de le vendre, son talent a parlé pour lui. J’ai simplement dit que je connaissais un gars et les vidéos ont fait le reste », a commenté Lewis, fier de son protégé.

Mais la réalité du football professionnelle étant ce qu’elle est, l’athlète de 28 ans est retranché par manque de place au sein de l’effectif.

« Ce fut un peu un choc parce que je croyais avoir connu un assez bon camp d’entraînement. Mais ce n’est pas ma première année dans ce milieu donc je sais que plusieurs facteurs sont impliqués pour demeurer avec un club. Je devais attendre, je ne pouvais rien faire d’autre », a confié Unamba, un athlète fort sympathique, mardi.

Pendant que sa patience est mise à rude épreuve, le ciel tombe sur la tertiaire des Alouettes alors que les joueurs se blessent les uns après les autres. Rapidement, les dirigeants montréalais décident de rapatrier Unamba et Jalen Rogers qui s’étaient démarqués avant la saison.

« Quand on m’a demandé à quel moment je pouvais arriver, j’ai répondu sur le champ : le lendemain matin », a précisé le numéro 39 qui a été porté par Jerald Brown durant plusieurs saisons.

Don UnambaDe retour dans le nid, moins de deux semaines après avoir été libéré, Unamba se préparait à un rôle de réserviste pour la rencontre face aux Eskimos d’Edmonton. C’est alors que Ryan Phillips se blesse à son tour et Unamba est envoyé dans la mêlée. Lorsque Phillips semble prêt à revenir dans la partie, les entraîneurs décident de ne pas retirer Unamba puisqu’il a été convaincant immédiatement.

« Je crois que j’ai réussi une prestation assez satisfaisante. J’ai été capable d’exécuter des jeux quand l’action se dirigeait vers moi. Je vois ça comme un bon départ à mon retour », a lancé Unamba avec le sourire.

« Dans le football professionnel, c’est important de toujours rester prêt et il en fait une belle démonstration. C’est génial pour lui qu’il ait pu obtenir une autre chance », a convenu Billy Parker qui a fait la transition de joueur à entraîneur en défense en 2017.

Avec l’hécatombe qui touche Jonathon Mincy, Greg Henderson, Travis Hawkins et Raymon Taylor, Unamba devient une ressource précieuse surtout qu’il peut jouer comme demi de coin des deux côtés ainsi qu’en tant que demi défensif du côté large du terrain.

« Je le vois vraiment comme une opportunité. Bien sûr, ce sont mes coéquipiers donc je leur souhaite de se rétablir rapidement. Pendant ce temps, je dois en profiter pour me faire un nom », a convenu celui qui a appartenu aux Rams de St. Louis et aux Bills de Buffalo.

« C’est éprouvant pour une équipe (quand autant de blessures surviennent), mais je me fais un devoir d’être à la hauteur du dicton "Next man up". Il faut être capable de jouer à haut niveau et garder le même rendement sans eux », a mentionné l’athlète dont le travail a été vanté par l’entraîneur Jacques Chapdelaine.

La saison demeure jeune, mais puisque Henderson et Hawkins rateront six matchs, au minimum, on peut croire qu’Unamba pourra continuer d’exposer ses aptitudes.

« C’est un athlète très agile et intelligent. Il peut jouer à plusieurs positions grâce à son physique. Il est capable de jouer le ballon dans les airs, ce qui n’est pas donné à tout le monde. Il demeure calme quand le ballon arrive et il ne panique pas. C’est un atout de taille », a vanté Parker sur le joueur de six pieds un pouce et 195 livres.

Un sacrifice pour son fils

L’immense défi de préparer cette tertiaire décimée repose sur les épaules du coordonnateur défensif Noel Thorpe et Parker. Ce dernier n’aurait certainement pas refusé une entrée en la matière moins éprouvante.

« Chaque saison a ses défis, mais on a un système en place et le plan doit permettre de contrecarrer des pertes. C’est bâti pour résister au pire scénario.

On ne veut pas se servir d’excuses », a réagi Parker qui riait lorsqu’on lui a demandé s’il était assez en forme pour remettre les crampons temporairement.

Force est d’admettre que les défis n’effraient pas Unamba non plus. Il s’accroche à sa carrière au football puisqu’il croit en ses moyens et parce qu’il veut offrir le meilleur à son garçon de quatre ans.

Son travail le force cependant à se séparer de ses proches qui demeurent au Texas pendant qu’il gagne sa vie sur les terrains canadiens.

« Bien sûr, on s’ennuie de la famille et de mon fils qui reste là-bas pendant la saison. On a développé une routine sur comment gérer les choses et on essaie de le faire venir une à deux fois par année », a raconté Unamba.