SHERBROOKE - Au lendemain de la frénésie entourant la conférence de presse de Michael Sam, l’intrigant nouveau venu et les recrues des Alouettes de Montréal ont foulé le terrain de l’Université Bishop’s pour la première fois pour le plus grand bonheur de chacun.

Sam a enfin pu se concentrer sur le football alors que lui et ses pairs ont procédé à l’entraînement qui a lancé le camp de la formation montréalaise. Les vétérans se joindront au groupe à partir de dimanche alors que le vrai boulot prendra son envol.

Au cours des dernières années, les médias n’étaient pas invités aux journées d’entraînement réservées aux recrues, mais la présence de Sam change la donne à de multiples niveaux. Nul doute, le sympathique gaillard était content de troquer sa cravate pour son équipement de football.

« C’est vrai que c’est une journée plus normale pour moi que de m’habiller en complet », a admis le numéro 94 en riant.

De son propre aveu, Sam n’était pas au sommet de son art et c’est plus que normal puisque sa dernière présence sur le terrain avec une équipe remonte sept mois, en octobre 2014, chez les Cowboys de Dallas.

« Ça fait déjà si longtemps. C’est vraiment bien de retourner au travail même si je ressentais un peu de raideur, mais je suis convaincu que je serai prêt pour le premier match dans quelques semaines », a jugé Sam.

L’attente a peut-être été longue - et sans doute pénible - sauf que Sam était persuadé qu’il allait pouvoir renouer avec son métier de prédilection.

« Je savais que ça allait arriver et que je devais seulement être patient. Je me considère talentueux et je croyais donc que j’allais jouer de nouveau au football », a noté celui qui sera encore le centre d’attraction pour un certain temps.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’entraîneur de la ligne défensive Keith Willis, qui a connu une longue carrière dans la NFL, n’a pas lésiné sur les efforts et le temps avec l’ancien de l’Université du Missouri.

Sam a pu obtenir une multitude de conseils de la part de ce mentor de qualité afin qu’il se familiarise le plus rapidement possible avec les particularités du football canadien. Le plus gros de l’ajustement consistera à apprivoiser sa position à deux points d’appui sur la ligne de mêlée contrairement à celle de trois ou quatre points d’appui au niveau universitaire.

« Je n’y suis pas habitué du tout, je me plaçais toujours avec trois ou quatre points d’appui (en ajoutant une main ou un genou par exemple). J’ai pu utiliser ces techniques à mon avantage, mais je dois maintenant m’adapter. Je vais continuer de m’entraîner et ça devrait aller », a avoué Sam.

Parlant des entraîneurs, il n’a pas hésité une seconde quand on lui a demandé ce qu’il souhaitait leur prouver à ce moment.

« Je veux leur montrer qu’ils en auront pour leur argent, qu’ils ont fait un bon investissement! Je suis un travaillant et un bon ailier défensif », a précisé celui qui prévoit convaincre les dirigeants de miser sur lui.

« Oui, je suis confiant (de percer la formation), mais je sais que je dois assimiler plusieurs trucs. En fait, tout est différent et il faut juste s’adapter. Je pense aux méthodes d’enseignement des entraîneurs et aux joueurs. Je considère que je m’ajuste bien en général », a-t-il argué.

Le coordonnateur défensif, Noel Thorpe, représente en quelque sorte son nouveau patron et il ne voulait pas précipiter les étapes.

« C’est trop prématuré pour y aller d’une évaluation. On sait quel genre d’ailier défensif il est, mais il ne faut pas aller trop vite. On demeure à l’étape de l’introduction et on en saura plus pendant la présence des vétérans et des matchs préparatoires », a insisté Thorpe qui est celui qui préfère une position à deux appuis pour ses ailiers défensifs.

Le grand patron demeure Tom Higgins et le vieux routier est impatient de voir comme son protégé se débrouillera face aux piliers du club que son Josh Bourke et Jeff Perrett.

« Sa journée ressemblait beaucoup à ce que nous avons vu de lui à l’université, mais c’est important de rappeler qu’il s’entraînait contre de jeunes joueurs de ligne offensive. On a hâte de voir comment il se comportera quand il sera confronté à des joueurs comme Josh Bourke et Jeff Perrett. On saura s’il peut vraiment imposer de la pression sur le quart et on croit que c’est le cas.

En tant qu’ancien joueur de ligne défensive et entraîneur du contrôle de la qualité en défense, Anwar Stewart constituera une ressource de prédilection pour Sam.

« Quand tu regardes sa façon de bouger, son physique et le travail de ses pieds, on peut constater qu’il a une belle combinaison d’outils pour devenir un excellent ailier défensif. J’ai hâte de pouvoir travailler avec lui pour lui refiler quelques trucs utiles dans la LCF », a décrit lui qui a terrorisé plusieurs quarts.

« Un bon joueur de football se décrit par sa longévité et ça s’annonce bien présentement puisqu’il est très professionnel et studieux », a vanté Stewart.

Né sur la même planète que les autres

Le nouvel ailier défensif était accompagné de près d’une trentaine d’espoirs des Oiseaux dont la plupart ont été repêchés récemment. Parmi eux, on retrouvait bien sûr Mikhaïl Davidson, Anthony Coady et Jean-Samuel Blanc des Carabins de l’Université de Montréal. Les Alouettes avaient également invité quelques quarts-arrières du football universitaire québécois.

Reconnu pour son franc-parler, Coady a justement bien mis les choses en perspective à propos de Sam en soulignant qu’il n’y a rien d’exceptionnel de s’entraîner avec cet athlète fort sollicité depuis son arrivée au Québec.

« C’est un être humain comme les autres joueurs présents. Il est né sur la même planète que nous tous. C’est un très bon joueur et il a eu la chance de tenter son coup dans la NFL, mais de notre côté, on veut autant contribuer à l’équipe qu’il souhaite le faire », a déclaré Coady.

Si les premiers signes encourageants sur le terrain demeurent hâtifs pour déterminer le potentiel de Sam, tous les intervenants sondés étaient emballés par son attitude.

« Selon toutes les indications, il est un athlète agréable à côtoyer et il aime être en groupe. Dans le fond, il est comme les autres recrues, il veut impressionner les entraîneurs pour gagner son poste », a émis Coach Higgins.

En raison de la pluie qui est venue s’abattre avec puissance sur la région, les entraîneurs ont dû cesser l’entraînement pendant plusieurs minutes avant de le reprendre. Bien sûr, l’impact n’est pas aussi important puisqu’il s’agit du camp des recrues, mais les dirigeants d’une équipe de football souhaitent toujours maximiser leur temps. Ils pourront se reprendre dès jeudi pour la suite de ce prélude au camp « officiel ».

Même si la journée était annoncée pour l’entraînement des recrues, les quarts-arrières de l’organisation sont déjà arrivés dans l’entourage de l’équipe pour prendre de l’avance étant donné l’aspect névralgique de cette position. Le quart partant de la saison dernière, Jonathan Crompton, a été l’un des premiers à se présenter sur la pelouse. La rivalité sera imposante pour lui au camp d’entraînement avec la venue de Dan LeFevour et John Skelton. Tanner Marsh a aussi participé aux exercices lui qui ne veut pas être écarté de l’équation à cette position déterminante.

Par ailleurs, le premier choix des Alouettes au dernier repêchage, Chris Ackie, brillait par son absence. Le directeur général Jim Popp a dit que la dernière offre qu’il avait faite au demi défensif était finale.