Michael Sam se veut une bonne acquisition pour les Alouettes de Montréal. L'ailier défensif a été nommé joueur défensif de l'année en 2013 dans la division SEC, qui est probablement la conférence la plus forte aux États-Unis au football universitaire.

Il a mené les Rams de St. Louis pour les sacs lors de matchs préparatoires l'an dernier. Il est un joueur dynamique, explosif qui est capable d'attaquer le quart adverse et dans une ligue de passeurs comme au Canada, vous n'avez jamais assez de joueurs de cette trempe. On fait souvent des rotations à cette position et je pense qu'il pourrait très bien cadrer en rotation avec John Bowman, Gabriel Knapton et Aaron Lavarias.

Sam pourrait aussi être utile sur les unités spéciales. Il est polyvalent et il peut contribuer à différents niveaux. Comme joueur de football, je crois que les Alouettes ont fait toute une acquisition, car je crois qu'il va se tailler une place dans l'équipe.

Je pense qu'il va se tailler une place dans l'équipe, mais je me garde toujours des réserves parce que, par le passé, d'autres joueurs avec des pédigrées impressionnants dans la NFL ou dans les rangs universitaires ne sont pas parvenus à faire leur place avec les Alouettes. Certains ont du mal à s'adapter, mais dans le cas de Sam, il est un ailier défensif et les aptitudes recherchées à cette position sont les mêmes au nord ou au sud de la frontière. À bien d'autres positions comme pour un quart, un receveur et un demi défensif par exemple, c'est différent, mais pour un ailier défensif c'est similaire dans les deux pays. Je vais toutefois attendre de le voir à l'entraînement avant de me prononcer de façon définitive.

Il a fait le camp des Rams l'an dernier avant d'être retranché. Il s'est par la suite joint à l'équipe d'entraînement des Cowboys de Dallas où il est demeuré pendant un mois. Je ne sais pas si les équipes de la NFL l'ont laissé partir en raison de son orientation sexuelle ou en raison de son talent. D'ailleurs, lui également ne peut pas répondre à cette question, alors je suis mal placé pour y répondre à mon tour.

Je n'ai pas visionné les bandes vidéos de ses matchs et je ne l'ai pas vu à l'entraînement alors je ne peux pas me prononcer, mais il faut savoir qu'avant même le repêchage de la NFL, il y avait des points d'interrogation à son sujet à la suite de ses performances au combine et en raison de son gabarit. Avant le combine, il était vu comme un espoir qui pourrait être repêché entre les rondes 3 et 5. Il a finalement été repêché en septième ronde par St.Louis. J'ose espérer qu'il a été repêché plus loin en raison de ses performances sur le terrain et non pas en raison qu'il est gai.

Sam n'avait pas de contrat en poche avec une équipe de la NFL et il valait mieux pour lui de trouver le moyen de jouer. Il a fait le choix de la LCF et il pourrait utiliser son séjour à Montréal comme un tremplin pour retourner dans la NFL. Bien des joueurs canadiens essaient aussi de se servir de la LCF pour aller jouer dans la NFL. On ne peut pas reprocher à personne de vouloir jouer dans la meilleure ligue de football.

Sam est originaire du Texas et quand il était plus jeune, ce n'est pas dans la LCF qu'il rêvait de jouer. Si son retour dans la NFL passe par Montréal alors tant mieux. S'il donne quelques bonnes saisons aux Alouettes et à la ligue, ce sera bon pour tout le monde.

La fameuse question de son orientation

Je ne pense pas qu'on fasse trop de tapage avec le fait qu'il est gai. Le jour où il a rendu publique son orientation sexuelle, je pense qu'un débat s'est ouvert au sein de la communauté sportive en Amérique du Nord, tous sports confondus. Sam a donné un coup de barre dans un monde macho. Il doit être fatigué d'en parler et de répondre aux mêmes questions. On peut le comprendre, mais je pense qu'il n'avait pas conscience de l'intensité qu'allait provoquer son ouverture. Il l'a fait de façon proactive en se disant que de toute façon ça allait sortir et qu'il valait mieux aller au-devant des coups et en parler en premier.

Il ne cherche pas à être un porte-parole ou une inspiration. Il a simplement dit «tant mieux si j'inspire des gens à travers mon expérience et qu'ils peuvent mieux vivre leur vie », mais ce n'est pas pour cette raison qu'il a dévoilé ce pan de sa vie privée. Sam était à l'aise avec sa vie et il était tanné de vivre dans le secret. Il ne veut que jouer au football et rien d'autre.

On en parle beaucoup parce qu'il vient de signer un contrat avec les Alouettes, mais je souhaite sincèrement que les choses s'estompent. Il est au Canada pour la première fois, il a remporté divers honneurs dans son pays parce qu'il a su briser des barrières.

En tenant une conférence de presse, je pense que les Alouettes ont employé la bonne stratégie pour vider la question pour qu'on puisse se concentrer sur le football dès l'ouverture du camp. Qu'on lui pose toutes les questions maintenant et qu'après on le laisse en paix.

Sa venue à Montréal est bonne pour les Alouettes et pour la LCF. Ça permet aux Alouettes de faire parler d'eux dans le marché montréalais où ils doivent se faire une place entre le Canadien et l'Impact. Au plan marketing, c'est un coup fumant pour les Alouettes, qui doivent en profiter sans toutefois en abuser.

C'est évident qu'il sera questionné dans les huit autres villes du circuit, surtout en début de saison, mais une fois la campagne bien lancée, je pense qu'on va en entendre moins parler.

Je pense que Michael Sam sera accueilli chaleureusement par ses coéquipiers des Alouettes. Je n'anticipe pas de gros problèmes, mais je suis quand même curieux. La ville de Montréal et la communauté sont très ouvertes, mais le vestiaire n'est pas la communauté. C'est très particulier un vestiaire. Je ne cherche pas à faire de comparaison, mais on a vécu de l'intimidation dans le vestiaire des Dolphins de Miami il y a quelques années. On avait été à ce moment-là en mesure de mieux saisir la culture qui pouvait régner dans un vestiaire. La culture a changé depuis les années 90 et c'est plus ouvert, mais il n'en demeure pas moins qu'un vestiaire de football est composé de joueurs venant de toutes origines et de culture avec des valeurs différentes où la perception de l'homosexualité n'est pas la même partout.

*propos recueillis par Robert Latendresse