Une victoire inspirante des Alouettes

Il existe un vieux dicton dans les médias sportifs qui dit « no cheering in the press box » (pas le droit de célébrer sur la galerie de presse). Nous avons un devoir d'impartialité et d'objectivité. Je tiens donc à vous aviser que cette chronique transgressera remarquablement ce dicton alors qu'elle sera remplie de fanatisme de ma part à titre d'ancien joueur des Alouettes. Allons-y. 

Un match épique

Dimanche dernier, nous avons eu droit à un des meilleurs matchs de l'histoire de la Coupe Grey. Une rencontre entre deux excellentes équipes qui ont tout laissé sur le terrain. J'ai eu le privilège d'être sur les lignes de côtés, entre les deux bancs, pour la fin du match et je peine à vous exprimer les émotions et l'énergie qu'il y avait à la hauteur du terrain. Les deux formations se sont échangé des coups et l'avance, sans jamais abandonner, et ce sont finalement les Montréalais qui l'ont emporté de façon dramatique grâce à un touché de Tyson Philpot. Quel moment et quelle joie j'ai vécus en voyant mon ancienne équipe finalement sortir de ses années de misère, grâce à un groupe d'hommes résilients et combatifs. Un groupe d'hommes qui ont toujours cru en eux, alors que tous leur avaient prédit une autre saison à oublier. Merci pour ces émotions et pour cet exemple ultime de persévérance!

Une performance inattendue

On dit souvent que ce sont les défenses qui gagnent les championnats. Mais, dans ce cas-ci,  la défense a mené l'équipe jusqu'au championnat et l'attaque est allée le conquérir avec panache. Critiqué plus souvent qu'à son tour depuis quelques années, Cody Fajardo a connu son meilleur match de la saison en jouant avec une confiance et une précision qu'on n'avait pas vues encore en 2023. Dès les premiers instants du match, on sentait qu'il était en grande forme et que son entraineur lui faisait confiance. Jason Maas n'a pas hésité à sélectionner des jeux pour attaquer les zones profondes. Fajardo a répondu avec de superbes passes et ses receveurs ont réalisé de grands attrapés, présentant ainsi un visage offensif qui en a surpris plusieurs. 

La dernière séquence de sept jeux, sur 78 verges qui a pris 1 minute et 43 secondes, restera l'une des plus spectaculaires que nous aurons vues dans l'histoire de la grande finale de la LCF. L'audace et la résilience des joueurs ont été mises en évidence. D'ailleurs, le quart-arrière a mentionné qu'après avoir subi un sac du quart pour une perte de huit verges, il régnait toujours un calme confiant dans le caucus. Wow! Chapeau! Fajardo a été nommé joueur par excellence et c'est pleinement mérité.  

Une défense opportuniste

En défense, l'unité de Noel Thorpe a peiné à ralentir le porteur Brady Oliveira au premier quart. On pensait que c'était un mauvais présage pour la suite. Mais, tout comme en attaque, jamais les joueurs n'ont douté. D'ailleurs, on sentait que plus le match avançait, plus l'intensité de la défense montréalaise augmentait. Au quatrième quart, les joueurs défensifs ont livré certains des plaqués les plus percutants du match. 

L'attaque des Bombers a connu de bonnes séquences tout au long du match. Toutefois, on dirait que lorsqu'il le fallait, la défense des Alouettes réussissait à sortir des jeux d'impact. Je pense aux passes rabattues d'Ento, son échappé provoqué sur Olivera à ligne de 20 dans le territoire montréalais ou son interception dans la zone des buts. Comment ne pas mentionner le sac du quart de Darnell Sankey en fin de match pour redonner le ballon à l'attaque! Finalement, c'est l'effort collectif qui aura rendu la tâche complexe à Winnipeg. Lwal Uguak s'est fait un nom sur la scène nationale avec plusieurs jeux dans le champ arrière, Shawn Lemon s'est illustré avec un sac du quart et des pressions sur Zach Collaros alors que Reggie Stubblefield a démontré pourquoi il a été nommé recrue de l'année chez les Moineaux. 

En terminant sur la défense, j'aimerais souligner le travail impressionnant du coordonnateur Noel Thorpe. Tout au long de l'année, il n'a pas hésité à s'adapter et se réinventer en fonction des résultats, des joueurs à sa disposition et de l'allure de son équipe. Si j'avais à décerner un prix pour le meilleur coordonnateur de la LCF en 2023, mon choix serait Noel Thorpe sans aucune hésitation. 

Des unités résilientes

Sur les unités spéciales, le match n'aurait pas pu commencer de façon plus catastrophique. Joseph Zema, pourtant si fiable, a raté deux dégagements et James Letcher a échappé un ballon. Drôle de façon de débuter pour la troupe de Byron Archambault. Mais, comme le reste de l'équipe, les unités ont rebondi sans flancher. Je retiendrai le retour de 30 verges de Philpot en fin de match et les couvertures étanches sur Janarion Grant. 

Quelques éloges 

Il s'agit d'une véritable victoire d'équipe pour Montréal. Cette édition 2023 des Alouettes est très spéciale et ce fut un plaisir de la voir grandir et se métamorphoser tout au long de la saison. Je terminerai mon analyse en soulignant le boulot exceptionnel de deux hommes qui ont rendu tout cela possible. D'abord, le directeur général Danny Maciocia. Il a dû composer avec une absence de propriétaires et le départ de plusieurs vedettes en raison de la situation précaire de l'équipe. Mais, lui et ses acolytes ont tout de même déniché du talent aux quatre coins de l'Amérique du Nord et convaincu ces joueurs de se joindre à l'aventure des Alouettes. C'est un travail remarquable qu'ils ont accompli. Bravo!

L'autre, c'est l'entraineur-chef Jason Maas. C'est unanime dans le vestiaire des Alouettes, Maas a été l'élément central aux succès de l'équipe. Tant dans la direction, chez les entraineurs que chez les joueurs, on reconnait que c'est lui qui a su rallier tous les membres de l'organisation en créant un environnement familial où tous et chacun ont pu atteindre leur plein potentiel. Il les a convaincus que tout était possible; qu'ils avaient tous les éléments nécessaires pour soulever le prestigieux trophée. Il l'a fait en toute discrétion dans son vestiaire pendant que le monde extérieur doutait et que peu de gens leur accordaient une chance de bâtir quoi que ce soit. Maas et ses Alouettes de 2023 seront à tout jamais la preuve que rien n'est impossible tant qu'on y croit, qu'on y travaille fort et qu'on n'abandonne jamais. Merci à vous d'avoir écrit une si belle histoire!