SHERBROOKE – Au cours des dernières années, la défense des Alouettes de Montréal constituait la force de l’équipe, le point d’exclamation qui pouvait épater les partisans. Cette unité traverse maintenant une période de transition qui soulève des points d’interrogation.

En effet, le groupe de Noel Thorpe a sauvé les meubles plus souvent qu’à son tour depuis que le club est plongé dans un creux offensif. Justement, afin de renforcer son attaque, le nouveau directeur général Kavis Reed a décidé de modifier le ratio de sa troupe. Ainsi, il a l’intention d’employer plus de partants canadiens en défense pour ajouter du talent américain du côté offensif.

Par conséquent, l’escadron défensif des Oiseaux doit s’ajuster et le camp d’entraînement permet de constater que cette unité devra prouver qu’elle peut tenir le coup face à ses rivaux de la LCF.

Les points d’interrogation se situent donc à plus d’un endroit. Tout commence avec la perte de quatre partants de l’an dernier : les piliers Bear Woods et Alan-Michael Cash ainsi que Winston Venable et Marc-Olivier Brouillette.

C’est donc dire que la ligne défensive a perdu un très gros morceau, au centre, en Cash. Du côté des secondeurs, le départ de Woods provoque un trou béant juste derrière Cash au cœur de cette unité et la perte de Venable n’est pas à négliger.

Heureusement, la tertiaire apparaît prometteuse avec les jeunes et talentueux éléments américains en place. 

Finalement, au poste maraudeur, les Alouettes ont laissé partir Marc-Olivier Brouillette qui a ensuite décidé d’accrocher ses crampons pour demeurer près de sa famille.

L’entraîneur Jacques Chapdelaine ne tente pas de déguiser la réalité. Il se fie plutôt à une contribution plus soutenue de l’attaque pour appuyer la défense.

« La défense a beaucoup, beaucoup joué dans les dernières années. On espère être capable de garder l’attaque sur le terrain plus longtemps pour lui donner un peu de répit. Quant aux questions qu’on peut avoir par rapport aux changements, elles seront peut-être soulagées avec une meilleure production offensive », a maintenu Chapdelaine.Nicolas Boulay

Un petit tour d’horizon des éléments en action au campus de l’Université Bishop’s démontre les intentions actuelles du DG recrue pour changer le visage de cette unité. D’abord, peu de temps après son entrée en scène, Reed a confirmé qu’il souhaitait utiliser deux plaqueurs défensifs canadiens. Les dirigeants n’ont pas tardé à ajuster le tir alors que Keith Shologan est le seul Canadien à s’entraîner comme partant sur la ligne défensive. L’Américain Ray Drew œuvre plutôt à ses côtés tandis que Jabar Westerman se dessine comme le releveur de Shologan.

Chez les secondeurs, le plan était d’insérer un Canadien. Par contre, le renvoi inattendu de Woods complique cette ambition à moins que Nicolas Boulay soit en mesure d’obtenir un rôle de partant, mais ça ne semble pas s’imposer pour le moment. Les Américains Chip Cox, Kyries Hebert et Anthony Sarao – une recrue – détiennent, pour l’instant, une longueur d’avance.

Du côté de la tertiaire, le quatuor américain qui détient les rênes est composé de Jonathon Mincy, Greg Henderson, Tyree Hollins et Raymon Taylor.

Quant au projet de se tourner vers un maraudeur américain, il est tombé à l’eau avec tous les changements. C’est plutôt le Canadien Chris Ackie qui se voit confier cette opportunité.

Un mandat imposant pour Noel Thorpe

On le répète, cette réorganisation a pour but de relancer l’attaque qui avait besoin de renfort. Les soustractions effectuées en défense n’ébranlent pas les acteurs qui seront en poste.

« Il ne faut pas trop y penser, on sait que des bouleversements arrivent dans le sport professionnel. On ne peut pas se laisser déranger par ça, il faut continuer de pousser. Des joueurs vont devoir mener le bal et c’est exactement ce qui se produira », a proposé l’ailier défensif Gabriel Knapton.

« J’ai confiance grâce à notre identité, on est une défense intense et on va conserver notre marque de commerce », a enchaîné l’athlète de 28 ans.

Le plus grand perdant dans cette histoire demeure le coordonnateur défensif. Thorpe ne se retrouve plus avec autant de munitions et il devra démontrer qu'il peut déployer un groupe d'élite malgré ces pertes. L'enjeu est encore plus significatif pour lui puisqu'il pourrait devenir l'entraîneur-chef d'une autre organisation en 2018. Il ne veut certainement pas que sa cote baisse à travers la LCF.Noel Thorpe

« Notre approche ne va pas changer cette année. On la construit depuis quatre ans avec notre coordonnateur défensif. On va être une défense qui va jouer avec énormément d’intensité, qui va jouer vite et qui va imposer de la pression. C’est le plan et on s’exerce fort contre une bonne attaque donc je pense que ça va paraître cette saison », a maintenu Boulay.

Ce dernier espère hériter d’une mission prépondérante pour sa cinquième saison dans la LCF. Il rivalise présentement d’adresse avec la recrue Anthony Sarao pour l’exigeant poste de secondeur intérieur qui appartenait à Woods.

« En ce moment, il y a une compétition ouverte. J’obtiens des répétitions avec la première unité et je veux prouver aux dirigeants que je mérite cette place. C’est clair que c’est une belle opportunité, mais Bear était un grand leader dans notre équipe. J’aurais joué avec lui pour une cinquième année, il a été un bon ami. Je veux devenir un leader pour suivre son exemple », a mentionné Boulay.

Knapton, Boulay et les autres vétérans des Alouettes vont favoriser l’entrée en scène de joueurs comme Shologan qui s’amène dans le nid après six campagnes en Saskatchewan, deux à Ottawa et une à Winnipeg.

« Les premières journées à conduire pour me rendre au Québec ont été pénibles, mais depuis que je suis arrivé et que le football est commencé, je me plais beaucoup », a raconté l’Albertain avec le sourire.

« On va suivre le plan et la vision de Coach Thorpe. C’est le style d’entraîneur qui utilise tous les outils à sa disposition. Je pense qu’il sera en mesure d’employer mes atouts », a conclu Shologan dont le rendement sera inévitablement comparé à celui d’Alan-Michael Cash qui a quitté à Toronto.

Libération de Bear Woods: une affaire de football ou d'affaires?