BROSSARD – Comme le dit si bien Luc Brodeur-Jourdain, ce serait illusoire de penser que Rakeem Cato puisse effectuer un premier départ presque parfait dans un nouveau système offensif lors d’une semaine de préparation écourtée jeudi sur le terrain du Rouge et Noir d’Ottawa.

Pourtant, c’est exactement la mission qui attend le quart de confiance – du moment – des Alouettes de Montréal. Le scénario d’une semaine réduite à l’entraînement n’est jamais souhaitable au football, mais les Alouettes pensent qu’ils détiennent les éléments nécessaires pour renverser la vapeur en attaque sous l’impulsion du régime offensif d’Anthony Calvillo et Ryan Dinwiddie.

Forcé de retourner auprès de sa famille frappée par un autre drame, Cato n’a pas obtenu l’occasion d’apprivoiser ce système revampé comme il l’aurait souhaité. Mais, la période d’apprentissage ne peut guère se prolonger avec les déboires de Jonathan Crompton qui était plus familier avec les principes déployés par Calvillo et Dinwiddie.

« Ça s’en vient, mais je ne peux pas dire qu’il est autant à l’aise que Jonathan pouvait l’être. Il progresse chaque jour et on lui procure toutes les répétitions nécessaires », a indiqué l’entraîneur Jim Popp à propos de Cato et son cahier de jeux de remplacement.

Dans la mesure du possible, les Alouettes auraient procédé à cet autre changement de direction offensive durant la saison morte. Malheureusement, le temps pressait sous le joug de Turk Schonert qui a été congédié. Puisque les matchs se succèdent rapidement, l’adaptation ne suit pas toujours le rythme espéré, mais les principes de base sont porteurs d’optimisme.

« Offensivement, on ne perd pas confiance en nos moyens parce qu’on réalise qu’on bâtit quelque chose et il faut que notre esprit soit positif pour travailler de la bonne manière. Rakeem Cato

« Oui, on connaît une autre saison girouette pour les quarts et les coordonnateurs offensifs, mais, maintenant, j’ai confiance en Anthony et Ryan pour nous guider dans la bonne direction, ils connaissent bien le football canadien », a exposé Brodeur-Jourdain.

À l’heure actuelle, Cato ne peut pas encore procéder à l’utilisation complète des enseignements de ses mentors, mais il confirme qu’ils favorisent son développement.

« Ils accomplissent du bon travail, ils nous facilitent la vie pour permettre à notre attaque de progresser sur le terrain. Une fois que les choses seront bien assimilées, vous allez remarquer du progrès non seulement de ma part, mais de toute l’unité offensive », a souligné Cato.

« Ils m’ont placé dans un contexte dans lequel je peux me déplacer derrière ma protection et créer des jeux autant avec mon bras que mes jambes », a ajouté le quart de 23 ans qui apprécie cette latitude.

Les nombreux changements provoqués à la position de quart-arrière (notamment par des blessures) sont venus plomber les ailes des Alouettes. Voilà pourquoi une période de remise en forme sous la direction de Cato aiderait la formation à reprendre ses forces.

Brodeur-Jourdain n’hésite pas à pousser son raisonnement plus loin.

« Je vois beaucoup de continuité et de stabilité et on a installé des choses depuis la promotion d’Anthony et Ryan. J’ai le sentiment qu’on commence à créer notre pain et notre beurre, ce que nous n’avions pas depuis quelques années. En ayant une fondation plus solide, on peut bâtir des principes, mais ça exige du temps malheureusement pour qu’un quart-arrière puisse s’habituer à un système », a précisé le colosse de 310 livres.

Les coéquipiers de Cato doivent l’aider

Pendant ce temps, les joueurs des Alouettes ne veulent pas abaisser leurs standards. Tandis que Tyrell Sutton confirme que le rendement offensif du club s’avère inacceptable, Nik Lewis reconnaît que lui et ses partenaires doivent permettre à Cato de franchir les étapes avec rapidité.

« C’est un athlète passionné qui nous procure de bonnes chances de l’emporter. Il faut le pousser pour qu’il devienne le meilleur quart-arrière qu’il le peut », a rappelé Lewis, exigeant de nature.

Personne ne cherche à lancer la pierre à Jonathan Crompton ou Tanner Marsh – des partenaires appréciés -, mais ils ne voient aucune autre option possible pour diriger l’attaque.

« Ce n’est pas pour dénigrer Jonathan, mais c’est Rakeem notre homme présentement. Il nous a donné un élan en sautant sur le terrain en deuxième demie (dimanche) », a constaté Samuel Giguère.

Si le plan se déroule comme prévu en dépit des anicroches associées à un changement effectué pendant une saison, Popp s’imagine des choses emballantes pour les amateurs.

« Tout le monde doit contribuer, mais ça commence par les entraîneurs qui doivent simplifier les choses pour que ce soit facile pour Rakeem. Ensuite, tous les autres joueurs doivent remplir leur mandat. Quand on va commencer à connaître du succès, je pense que ça va faire un effet boule de neige », a évalué le grand manitou des Alouettes.

En fin de compte, le principal objectif demeure de développer un quart-arrière en mesure de remplir son véritable mandat, celui de distribuer le ballon avec efficacité.

« Il faut trouver le moyen que le ballon se rende dans les mains des « playmakers » et ils vont réussir les jeux », a conclu Lewis en se faisant un peu le porte-parole de ses coéquipiers qui attendent ceci depuis trop longtemps.