MONTRÉAL – Danny Maciocia n’a jamais caché son désir de vouloir un jour retourner dans l’organisation des Alouettes de Montréal. On sait maintenant que ce ne sera pas à n’importe quel prix.

Au cours d’une conférence de presse tenue à l’Université de Montréal, lundi après-midi, l’entraîneur-chef des Carabins a confirmé que la famille Wetenhall lui avait offert le poste de président et responsable des opérations football. Il a toutefois décliné l'offre puisqu’il n’aurait pas été impliqué dans la plupart des décisions football, dont celles concernant le prochain directeur général et entraîneur-chef du club.

Il n’a jamais reçu une offre pour succéder à Jim Popp comme DG.

« Je ne me voyais pas dans ce poste »

Selon sa compréhension de l’offre qu’il avait sur la table, ils n’auraient pas eu le pouvoir de choisir les joueurs de la formation. Maciocia avait plusieurs questions sur son rôle qui étaient restées sans réponse. Questionné à savoir s’il avait été considéré pour le poste de président pour ce que son nom représentait à Montréal et pour vendre des billets, Maciocia n’a pas voulu statuer sur cela.

Mais à la lumière des responsabilités qu’on voulait lui confier, force est d’admettre qu’on ne voulait pas mettre ses compétences comme homme de football à profit.

« Je suis un gars de terrain. J’aime travailler avec des joueurs, des entraîneurs et l’administration pour améliorer une équipe via les transactions, le repêchage ou à un camp de joueurs autonomes. Je pense à 49 ans que j’ai encore beaucoup à offrir sur le terrain. C’est un poste peut-être pour quand j’aurai 60 ou 65 ans », a déclaré un Danny Maciocia très franc durant une conférence de presse de plus de 30 minutes.

Le pilote des Bleus a rencontré les propriétaires Bob et Andrew Wetenhall ainsi que le président des Alouettes Mark Weightman à une reprise en personne, il y a 10 jours. Le poste de président lui a été offert lundi dernier. Malgré un premier refus, l’organisation est revenue à la charge jusqu’à vendredi.

« C’est un processus que j’avais besoin de vivre. Je suis serein, heureux et en paix avec moi-même », a mentionné Maciocia qui n’était pas prêt à être « en veston et cravate » plutôt que d’être impliqué dans les décisions qui influencent l’équipe sur le terrain.

« C’est un poste intéressant, mais ça ne me rejoint pas », a-t-il ajouté visiblement déçu qu’on ne l’ait pas considéré pour un emploi où il aurait eu son mot à dire sur les performances de la formation.

Maciocia a dit respecter la décision et souhaite la meilleure des chances aux Alouettes en fier Montréalais qu'il est. Son non verbal et ses réponses à certaines questions des journalistes laissaient toutefois entrevoir qu’il ne croit pas que la structure que l’organisation veut mettre en place soit la bonne.

En somme, les Oiseaux sont toujours sans directeur général et entraîneur-chef. Maciocia a sa petite idée sur le candidat qui devrait être nommé DG, mais n’a pas voulu s’étaler sur le sujet.

Sa sortie de lundi laisse aussi planer un doute sur le statut de Mark Weightman, actuel président de l’équipe. « Je ne sais pas qui j’allais remplacer », a-t-il répondu lorsqu’on lui a demandé s’il allait prendre la place de Weightman advenant qu’il aurait accepté le poste. Weigtman n'a pas répondu à une demande d'entrevue de RDS. 

Maciocia, qui a passé 14 ans dans la Ligue canadienne de football notamment comme entraîneur-chef et DG des Eskimos d’Edmonton, sera donc de retour à la barre du programme de football de l’Université de Montréal pour une septième année.

Maciocia et les Alouettes : un dossier étrange

Il a affirmé que les dernières semaines lui ont permis d'être encore plus reconnaissant de l'emploi qu'il occupe actuellement. Il n'a pas fermé la porte à la LCF, mais on comprend entre les lignes qu'il devra avoir plus de pouvoir que ce que les Alouettes lui offraient.

« Je ne ferme pas des portes. Mais si je reste ici pour les prochains 10 à 15 ans de ma vie, je vais être pleinement satisfait avec ma carrière d’entraîneur », a-t-il fait savoir.

Les Alouettes ont mis fin à leur association avec leur directeur général, Jim Popp, à la conclusion de la saison 2016. Jacques Chapdelaine, qui était entraîneur-chef par intérim pour le dernier tiers de la campagne, doit encore patienter pour connaître son futur avec l’équipe.

Un processus transparent avec l’UdeM

La directrice des programmes sportifs des Carabins, Manon Simard, a accompagné Danny Maciocia durant la conférence de presse.

Elle était évidemment contente de pouvoir compter à nouveau sur le vétéran entraîneur pour tenter de mener les Bleus à leur deuxième conquête de la Coupe Vanier après celle de 2014.

C’était la troisième fois que Maciocia lorgnait la LCF depuis son arrivée avec les Carabins en novembre 2010. Elle considère toutefois que le Montréalais a été transparent à chaque reprise.

« Depuis le jour 1 qu’il a joint les Carabins, je pense que c’est important que ce soit clair pour tout le monde, il a toujours été très transparent dans ses démarches, ses discussions et ses façons de faire. C’est quelque chose que nous avons apprécié et sur laquelle nous avons bâti la relation dès le départ », a lancé celle qui est la grande architecte du département sportif de l’Université de Montréal.

Mme Simard a aussi tenu à souligner que jamais Maciocia n’a utilisé les possibilités de retourner dans la LCF pour renégocier son contrat avec l’université.  

« Un entraîneur a aussi un cheminement professionnel. C’est un peu comme athlète. Parfois, on se pose des questions et on doit aller au bout. Dans les sept dernières années, Danny a été sollicité à plusieurs reprises. Non seulement a-t-il été transparent, cela nous a permis d’aller plus loin ensemble », a-t-elle ajouté.

Quant à Maciocia, les 10 derniers jours lui ont fait réaliser que sa situation avec les Carabins lui permettait d’être comblée dans ses aspirations professionnels.

« Il faut faire attention dans la vie. Nous avons des rêves et pensons qu’il y a certaines choses qu’il faut réaliser pour être complet. Des fois, on a tendance à oublier qu’on est déjà en train de le vivre », a-t-il exprimé lui qui avait commencé sa carrière professionnelle avec les Alouettes en 1996 comme responsable de la qualité de jeu.

« Des fois, c’est comme quand tu vois cette belle fille et que tu as besoin de lui parler pour savoir justement à quel point elle est belle. Après quelques jours, tu réalises que le mariage que tu as en place est probablement plus fort », a-t-il imagé.

Maciocia et ses adjoints poursuivent le recrutement pour compléter la formation de 2017 des Carabins. Le vainqueur de deux coupes Grey ne croit pas que les dernières semaines aient influencé des étudiants-athlètes à ne pas choisir l’Université de Montréal.