Quelle façon pour les Alouettes de mettre fin à une séquence de deux défaites et de partir de bonne humeur vers une semaine de congé que cette victoire de 51-29 des Alouettes sur le Rouge et Noir. Je n’aurais pas voulu être à la place des joueurs et des entraîneurs après une séquence de trois défaites. Vendredi, les Alouettes étaient l’équipe la plus talentueuse sur papier et sur le terrain et c’est ça qui était le plus important. Le Rouge et Noir n’a peut-être pas le plus gros club, mais les Alouettes ont fait ce qu’ils devaient faire, c’est-à-dire gagner avec conviction pour regagner de la confiance. Montréal était clairement la meilleure équipe sur le terrain. Les Alouettes ne se sont pas contenter de gagner, ils ont joué à leur niveau, à la hauteur de leurs standards et de leur potentiel. Avec déjà le dernier congé des Alouettes cette saison, tout le monde pourra partir se reposer de bonne humeur avant une longue séquence de matchs consécutifs ainsi que les matchs éliminatoires devant eux.

ContentId(3.1393873):LCF : Alouettes 51 - Rouge et Noir 29
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Dans les quatre matchs des Alouettes cette saison, autant dans les deux victoires que les deux défaites, trois tendances sautent aux yeux ; le ratio course/passe, le nombre de jeux explosifs et les revirements. C’est assez frappant. Quand on regarde le ratio de passes tentées et de courses effectuées, dans les deux victoires 29 courses et 23 passes contre Edmonton et 29 courses et 22 passes contre Ottawa. Dans les défaites, 24 courses et 42 passes contre Calgary et 18 courses contre 35 passes contre Hamilton. Le mot équilibre est crucial dans le ratio de courses/passes des Alouettes. Il faut minimum 50/50 et c'est encore mieux quand il y a plus de courses que de passes. Depuis 2018, quand les Alouettes courent 20 fois ou plus, c’est 14 victoires et huit défaites alors que lorsqu’ils courent 19 fois et moins c’est trois victoires et 16 défaites. Ce n’est pas une invention, les chiffres sont à l’appui et les tendances sont assez lourdes.

Pour ce qui est des jeux explosifs, ce n’est pas magique, c’est du football à trois essais. Tu n’as pas le choix d’avoir des jeux explosifs, une équipe ne traversera pas le terrain avec 20 jeux de suite de cinq verges, ça prend des gros morceaux de terrain. Quand je parle de jeux explosifs, je parle de passes de plus de 30 verges, de courses de plus de 20 verges et de retour de plus de 30 verges. À Edmonton, les Alouettes ont inscrit 30 points – leur plus haut total de la saison avant vendredi – grâce notamment à cinq gros jeux explosifs. Contre Calgary, seulement trois et on ne marque que 22 points.  Contre Hamilton, un seul jeu explosif et comme par hasard, on marque seulement dix points. Vendredi contre le Rouge et Noir, six jeux explosifs pour une performance offensive de 51 points, le plus haut sommet dans la LCF cette saison. C’est une statistique probante dans le football canadien. Pour ce qui est des revirements, dans les deux victoires aucun revirement contre quatre revirements dans les deux défaites pour Montréal. C’est fondamental au football de protéger le ballon et de voler le ballon à l’adversaire. C’était plaisant de voir les Alouettes dominer dans ces statistiques si importantes.

Du côté de l’attaque, c’est un sans-faute contre Ottawa. Autant ç’a pu être difficile lors des deux derniers matchs, cette fois je dois dire bravo pour un sans-faute. Vingt-huit premiers jeux c’est la preuve de séquences soutenues, d’un bon niveau d’exécution et de rythme. En plus, il y a eu des gros jeux parce qu’on a eu 462 verges d’attaque du côté des Alouettes. Non seulement on a eu des gros jeux, mais 28 premiers essais, ça ne pourrait mieux traduire le haut niveau d’exécution. Ajoutez à cela que 183 de ces verges ont été récolté au sol, donc de l’équilibre dans l'attaque montréalaise. On a eu le ballon 34 minutes, aucun revirement et aucune pénalité en attaque. Les Alouettes ont aussi réussi 68% de taux de réussite en deuxième essai et on a maintenu une moyenne de 12,5 verges par passe tentée, c’est énorme. Le jeu aérien a été super productif. Pour mettre en perspective, un quart qui maintient de 8,5 à 9 verges par passe tentée se retrouve souvent parmi les meneurs de la LCF. Mais la statistique de fou selon moi. Aucun botté de dégagement avant qu’il ne reste qu’une minute et 32 secondes au cadran de match! Dans un match de football à trois essais! Ça en dit très long, ça confirme à quel point c’était une grande performance du côté de l’attaque.

D’un côté personnel, Vernon Adams a établi ses jambes tôt dans le match. Les quarts-arrière qui sont des doubles menaces avec leur bras et leurs jambes ont souvent besoin d’établir quelques courses pour se mettre dans le match. Ça les met dans le match de réussir quelques courses. Ça permet à l’attaque de demeurer sur le terrain et d’aller chercher du rythme et d'obtenir plus de jeux tôt dans le match, donc plus d’opportunité pour établir ton plan de match et distribuer le ballon à tout le monde. Quand une attaque n’a pas beaucoup de jeux pour distribuer le ballon et établir son plan de match, il n’y a pas beaucoup de monde qui touche au ballon et ça se met à bouder. L’utilisation des jambes de Vernon Adams en début de match a fait toute une différence. C’est non négligeable. Souvent, Adams a été son propre dépanneur. Ses jambes doivent faire partie du match, ça fait de lui un joueur complètement différent, il doit suivre ses instincts et on a vu toute la dynamique de ça contre Ottawa. Avec sa mobilité, il est aussi parvenu à éviter la pression et la défense du Rouge et Noir pensait à quelques reprises l’avoir pour un sac du quart, mais tout d’un coup, il sortait de là comme Houdini, les demis défensifs étaient hypnotisés et les receveurs se retrouvaient derrière tout le monde et c’était le gros jeu pour les Alouettes. Un quart mobile rajoute des secondes à un jeu et ça met un stress supplémentaire sur les demis défensifs adverses et ce match en était la preuve.

Il est également impossible de passer sous le silence le travail de la ligne à l’attaque. Le boulot a été solide, on a ouvert des brèches pour William Stanback et on a donné du temps à Vernon Adams. Là où la ligne m’a le plus impressionné, c’est au niveau de sa préparation. Clairement, Luc Brodeur-Jourdain et les entraîneurs ont bien préparé leur unité. Pourquoi je dis qu’elle était bien préparée? Parce qu’à chaque fois qu’Ottawa sortait un blitz ou un schéma défensif avec de la pression à 4-5-6 ou 7, jamais un gars d’Ottawa n’était pas bloqué. On dirait que l’unité de protection n’était jamais surprise par ce que le Rouge et Noir essayait de faire pour se rendre au quart. Quelque part, c’est que l’unité de protection était très bien préparée, qu’ils ont vu ça dans les bandes vidéo et dans les pratiques. Après, les joueurs ont exécuté le travail. Dans le fond, on avait déjà les réponses du test avant l’examen. Quand tu amènes une pression à six ou sept, tout le monde doit gagner son duel et la défense ne parvenait pas à gagner les duels à un contre un dans les tranchées.

Par contre, s’il y a une facette du jeu qui n’a pas été idéale pour les Alouettes, ce sont les unités spéciales. Deux bottés de précision ratés pour David Côté et on a accordé un retour de botté de 75 verges. Ce n’était pas parfait, mais s’il y avait un match où on pouvait se permettre d’avoir quelques ratés, c’était celui-là. Tout allait tellement bien que ça n’a pas affecté l’allure du match et ça n’a pas mis de stress supplémentaire sur le reste de l’équipe. On va pouvoir facilement mettre ça en dessous du tapis et corriger les petits problèmes. Cependant, ce qui est intéressant, c’est que même en dépit du retour de 75 verges, les Alouettes ont gagné la bataille du positionnement sur le terrain. Dans les deux derniers matchs, Montréal avait perdu cette facette du jeu. Ce que je calcule pour analyser cette donnée, c’est la moyenne de l’endroit où débutent les séquences offensives des deux équipes. Contre Calgary, c’était une moyenne de cinq verges de différence par séquence offensive. Sur 15 séquences, c’est 70 verges « cachées » qui n’apparaissent pas sur la feuille des statistiques. Contre Hamilton, c’était pire. Montréal partait en moyenne de sa ligne de 30 alors qu’Hamilton débutait à son 46. Seize verges de différence sur 15 séquences, c’était 240 verges de différence. Vendredi contre Ottawa, Montréal débutait à sa ligne de 40, Ottawa en moyenne à sa ligne de 31 et les Alouettes ont eu 12 séquences. C’est 108 verges de différence, presque un terrain de football complet en verges cachées.

Une victoire signée Vernon Adams Jr.

En général, j’ai aimé comment l’équipe a répondu. Dès qu’Ottawa marquait des points, les Alouettes répliquaient. Montréal n’a jamais perdu ses avances et les Alouettes n’ont jamais ouvert la porte au Rouge et Noir. Après la première interception du Rouge et Noir, les Alouettes ont marqué un touché sur le jeu suivant. Cours de Football 101. Faire mal à l’adversaire après un revirement. J’ai trouvé qu’on avait joué du bon football de situation et réagit de la bonne façon quand il fallait réagir. Défensivement, Montréal a été bon quand ça comptait. Le pointage fait bien paraitre Ottawa. Il ne faut pas oublier que deux points venaient d’un touché de sureté. Ils ont alloué trois points après un retour de 75 verges. En perspective, deux jeux, quatre verges et un placement, on ne peut pas dire que la défense a été mauvaise. Tout ça pour dire, on n’a jamais senti la défense en danger, ils ont été bons quand ça comptait. La seule chose, c’est que ça pourra permettre aux entraîneurs d’avoir encore de la matière à enseigner et à corriger puisque les Alouettes n’ont pas terminé en force. Ils ont laissé Ottawa marquer 16 points au quatrième quart. Les entraîneurs pourront garder les joueurs sur le qui-vive et dire que ce n’était pas parfait, mais en même temps, on a trois interceptions, deux sacs et on a été bons quand ça comptait, difficile d'être trop sévère.

Grosso modo, une performance qui va faire du bien à tout le monde dans l’organisation, les partisans incluent. Les Alouettes ont brillé à leur plus récent examen avant le congé et ils pourront aller en semaine de repos avec une attitude beaucoup plus joyeuse avant d’entamer le marathon vers la fin de saison et les examens de fin d'années.

Propos recueillis par Guillaume Pelletier