MONTRÉAL – Finalement, Kevin Glenn semblait destiné à devenir la bouée de sauvetage des Alouettes de Montréal à la position de quart-arrière même s’il a seulement pu être lancé à l’eau avec quelques mois de retard.

En effet, les Alouettes et Jim Popp avaient mis en place un processus de séduction pour l’attirer dans la métropole québécoise lors de la dernière saison morte. Le vétéran quart avait toutefois opté pour retourner avec les Roughriders de la Saskatchewan avec lesquels il a commencé sa carrière en 2001.

Quatorze ans plus tard, Glenn a poursuivi sa tournée des équipes du circuit canadien pour aboutir avec les Alouettes, sa sixième organisation dans la LCF. Arrivé trop tardivement dans l’entourage des Oiseaux pour donner le coup de barre espéré, l’athlète de 36 ans pourra se reprendre la saison prochaine.

Popp s’était assuré de cette possibilité en ajoutant une année à son contrat lorsqu’il l’a acquis des Riders. Les réflexions des prochains moins pourraient modifier le contexte, mais Popp ne semble pas vouloir déroger de son plan. Il entend permettre à Glenn d’agir comme soupape de sécurité qui favorisera le développement des projets que sont Rakeem Cato et Brandon Bridge.

« Kevin nous avait dit qu’il voulait jouer le rôle de mentor et c’est merveilleux de profiter de son expérience ainsi. On s’attend à ça des joueurs évoluant à cette position », a indiqué Popp, soulevant l’exemple de Tracy Ham qui avait aidé Anthony Calvillo.

Cette approche a charmé plusieurs des nouveaux coéquipiers de Glenn qui s’assurent d’une production convenable. Mais pour être honnête, c’est inutile d’être un observateur averti du monde du football – particulièrement de la NCAA – comme Marc-Olivier Brouillette pour constater ce qui a manqué à l’attaque montréalaise en 2015.

« Il ne faut pas se le cacher, c’est la production au poste de quart-arrière. Avec l’arrivée de Glenn, ça nous donne une solution immédiate et on peut aussi développer nos bons jeunes quarts », a convenu Brouillette, précisant croire que le petit corps de Glenn renferme encore beaucoup de football.

Une seule discussion avec Glenn permet de constater que le quart aguerri aime partager ses connaissances avec humilité. Nul doute, il enfilera ce chapeau avec plaisir en 2016.

« Je crois que ça vient avec ce métier, tu es toujours un semblant d’enseignant pour les jeunes quand tu appartiens à une équipe. Bien sûr, il faut que tu sois intéressé à le faire et j’ai toujours cherché à aider les autres autour de moi. J’agis ainsi parce que j’ai reçu de l’aide auparavant », a décrit le volubile Américain.

En tant que bon professeur, Glenn n’a pas tardé à souligner les coups réussis de Cato et Bridge.

« Brandon a démontré de belles choses au dernier match et il a fait preuve de patience en se développant durant l’année sans vraiment jouer. Je suis fier de l’avoir vu faire ça. Quant à Rakeem, il m’avait aussi vraiment impressionné à ses débuts, je me demandais d’où il sortait », a-t-il confié.

Après avoir connu une saison marquée de hauts et de bas, Cato a été très honnête dans son évaluation.

Rakeem Cato« Je crois que j’aurais pu jouer beaucoup mieux. Ce sera ma saison morte la plus importante, je dois m’assurer d’ajouter du muscle à ma charpente. Je veux être plus précis, mieux faire sur les longues passes et courir avec plus d’efficacité. Je dois devenir un quart-arrière à deux dimensions », a résumé Cato qui se remet d’une commotion cérébrale.

Pour l’instant, ce portrait s’avère plus rassurant pour la campagne suivante. Par contre, des modifications sont inévitables. C’est simple, les Alouettes ne peuvent pas se permettre d’inviter tous les quarts-arrières détenant des contrats accordés en raison des blessures qui ont coulé l’équipe.

Popp a confirmé que cinq ou six quarts seraient invités au mini-camp en Floride, ce qui devrait annoncer la fin de Tanner Marsh avec le club. Le couperet pourrait aussi tomber sur Jonathan Crompton et Dan LeFevour. Le ménage se prolongerait advenant la signature d’un autre athlète intéressant.

Durant ce premier camp d’entraînement, Calvillo dévoilera les détails de son véritable cahier de jeux, ce qui inspire les joueurs.

« Il aura profité d’une saison morte complète pour élaborer son propre cahier de jeux et il héritera d’un camp d’entraînement pour installer sa vision, ça fera une très grande différence dans notre maillon faible qui est l’attaque », a prévenu Luc Brodeur-Jourdain.

Le retour de Glenn, le bagage de Calvillo et la stabilité avec Popp comme entraîneur représentent des éléments encourageants, mais la pression grimpera à un niveau supérieur sur les Alouettes qui n’ont pas répondu depuis trois saisons.

« Elle ne peut pas être plus élevée que celle que l’on s’impose. Par contre, notre niveau de frustration sera peut-être plus élevé et tant mieux si ça peut aider », a reconnu le président Mark Weightman.

Giguère désire revenir

Samuel GiguèreDe la frustration, Giguère en a vécue à sa première saison avec les Alouettes. Il était venu s’établir dans sa province natale pour aspirer aux grands honneurs, mais le scénario anticipé ne s’est pas concrétisé.

À 30 ans, le Québécois, qui avait signé un contrat d’une seule saison, aurait l’option d’aller jouer quelques autres saisons ailleurs, mais il souhaite demeurer à Montréal notamment pour le bien de sa petite famille.

« Toutes les saisons viennent avec des obstacles, mais on peut dire que c’était beaucoup cette année. C’est certain que je veux revenir même si la saison n’a pas été facile, on mise sur beaucoup de caractère et de potentiel », a expliqué le receveur.

« L’attitude est demeurée positive, peu importe la situation. Je crois qu’on peut retenir beaucoup de positif même si ce fut une année parsemée d’embûches », a conclu Giguère qui a été utilisé de différentes manières.