MONTRÉAL - Sous pression et avec beaucoup à l’enjeu, les Alouettes de Montréal ont réagi de la meilleure des façons vendredi soir en signant une grosse victoire de 37-16 aux dépens des Argonauts de Toronto.

D’abord, les hommes de Khari Jones ont obtenu un deuxième gain consécutif à domicile, où il est toujours primordial de l’emporter. Puis, et surtout, les Alouettes ont pris possession du premier rang du classement de la division Est en prouvant qu’ils sont capables de rivaliser avec un club doté d’une fiche gagnante.

Dans le sport, il y a le bon vieux dicton qui dit que dans les matchs importants, les joueurs d’impact se doivent d’offrir de grandes performances. Ceux des Alouettes se sont levés vendredi, qu’il s’agisse du porteur de ballon William Stanback et du receveur Eugene Lewis, les vedettes en attaque, ou encore de la défense, qui a elle aussi brillé.

Le football est certes un sport où les stratégies occupent une place prépondérante, mais lorsqu’une équipe est capable d’imposer sa volonté, de gagner la guerre de la robustesse, d’intimider l’adversaire et de le brasser, c’est encore mieux. C’est exactement le sort qu’ont réservé les Alouettes aux Argos.

Argonauts 16 - Alouettes 37

Dans toutes les facettes du jeu, les Montréalais ont infligé une volée à leurs rivaux. La domination du jeu au sol, de Stanback et de sa ligne à l’attaque, de même que celle du front défensif et de l’unité de couverture de bottés en sont les preuves. C’était à sens unique.

Match pépère, mais efficace de Shiltz

Obtenant un deuxième départ de suite en l’absence de Vernon Adams fils, blessé, le quart-arrière Matthew Shiltz a connu un premier quart timide. Était-il un peu nerveux ou hésitant? Peut-être, mais il voulait avant tout ne pas commettre de revirements. Une fois que l’attaque a ajusté ses formations au blitz des Argos, l’attaque s’est soulagée de la pression appliquée par les Torontois et a pu se mettre en marche grâce aux gros jeux de Lewis, puis les courses de Stanback.

Shiltz et son unité ont alors pris leur envol. Quand ta défense joue super bien et que ton jeu au sol est aussi dominant, tout ce qui importe, c’est de ne pas commettre de revirements et de ne pas ouvrir la porte à un adversaire qui, clairement, n’est pas capable de solutionner ta défense et marquer des points.

Shiltz n’a peut-être tenté que 18 passes, en réussissant 12 pour des gains de 212 verges et deux touchés, un petit match pépère pour un quart-arrière, mais il a surtout été victime d’aucun revirement.

Le quart des Alouettes doit une partie de sa performance au brio d’une ligne à l’attaque encore une fois brillamment préparée par son entraîneur Luc Brodeur-Jourdain. Quand le centre réserviste David Brown est tombé au combat, cela a provoqué trois changements de position sur la ligne à l’attaque. Si bien qu’à un certain moment en deuxième demie, seul Tony Washington, le bloqueur à gauche, occupait sa vraie position. C’est 80 % des membres de la ligne à l’attaque qui n’étaient pas à la position qu’on leur avait assignée en début de saison. Malgré tout ça, le jeu au sol a produit et bien fonctionné. Ça en dit long sur la préparation des joueurs et de l’encadrement de ceux-ci par Brodeur-Jourdain.  Peu importe si tu es réserviste, tu es prêt à embarquer, à faire la job.

Il suffit par ailleurs de jeter un bref coup d’œil aux statistiques offensives des Alouettes au terme de la rencontre pour apprécier leur domination complète. En voici quelques-unes très évocatrices :

  • En situation de 1er essai, les Alouettes ont amassé 300 verges de gains. Au total, l’attaque a récolté 414 verges ;
  • À chaque course, les Alouettes, généraient en moyenne 7,2 verges de gains. À titre comparatif, les Alouettes occupent le 1er rang du circuit à ce chapitre avec des courses de 5,8 verges en moyenne ;
  • À chaque passe tentée vendredi, les Alouettes ont en moyenne fait progresser leur attaque de 11,8 verges. Le meilleur rendement de la LCF à cet égard, celui des Blues Bombers de Winnipeg, est de 9,1 verges ;
  • À chaque jeu, les Alouettes ont en moyenne obtenu 7,7 verges de gains vendredi, ce qui est supérieur à leur moyenne de 6,7 verges cette année, la meilleure du circuit.


Bref, ce fut une grosse performance offensive des Oiseaux.

Bethel-Thompson sur les fesses

En défense, les Alouettes ont appliqué avec succès la recette qui leur sourit depuis déjà plusieurs matchs : mettre le quart-arrière adverse sous pression.  

Défensivement, l’objectif est de gagner le 1er essai pour forcer un 2e essai et long, ce qui rend une attaque beaucoup plus prévisible par son obligation à lancer le ballon. C’est à ce moment que tu attaques le quart. C’est ce qu’a fait l’unité défensive montréalaise pendant toute la rencontre, malmenant ainsi McLeod Bethel-Thompson.

4e victoire d'affilée pour les Oiseaux

Les Alouettes ont terminé la rencontre avec trois sacs du quart à leur fiche, mais ceux-ci n’illustrent pas avec fidélité à quel point Bethel-Thompson s’est fait ramasser durant tout le match. Il a passé la soirée sur le derrière et à se faire frapper au moment de décocher sa passe ou tout juste après. Si les matchs étaient encore joués sur des terrains de gazon naturel, ses pantalons blancs auraient vite été couverts de taches de gazon. Il a passé la soirée sur le dos après les jeux à regarder les étoiles.

C’est ainsi que les Alouettes ont réussi des interceptions en situation de 2e et 8, de même qu’en 2e et 11, en plus de réussir un sac du quart en situation de 2e et 9.

Au total, les Alouettes ont créé cinq revirements au cours de cette rencontre, concluant la soirée avec un différentiel de plus-5. De mémoire, je n’ai jamais vu un club perdre un match avec un ratio le plus-5. Il faudrait vraiment être mauvais dans les autres facettes du jeu pour perdre un match de football en pareilles circonstances.

Ça va brasser

Les Alouettes ont ainsi signé une quatrième victoire de suite, ce qui ne peut qu’élever le niveau de confiance du club à l’aube d’importants tests contre les Roughriders de la Saskatchewan samedi prochain, puis les Blues Bombers de Winnipeg une semaine plus tard.

Ces deux duels s’annoncent physiques et la victoire de vendredi face aux Argonauts se veut une belle préparation pour ceux-ci. À commencer par le match contre la Saskatchewan, un club historiquement physique. Comme je me plais à le dire souvent, quand tu joues contre les Roughriders, c’est un match à double-mentonnière. Attache ton casque serré parce que ça va brasser.

La Saskatchewan mise sur la 3e meilleure attaque au sol de la LCF et la meilleure défense contre le jeu terrestre. Je salive déjà à l’idée d’une confrontation opposant la ligne à l’attaque des Alouettes et Stanback à la défense de la Saskatchewan. Un vrai clash des titans.

*Propos recueillis par le RDS.ca