La victoire des Alouettes contre les Tiger-Cats de Hamilton, jeudi, arrivait à point. Elle a non seulement fait du bien aux joueurs, aux entraîneurs, aux partisans, mais à toute l’organisation également.

Tout était au rendez-vous avec de nombreux partisans sur place, une belle température et une victoire au final. L’équipe marketing a beau faire des pieds et des mains pour assurer la promotion, elle demeure à la merci du résultat sur le terrain et il a été présent dans ce premier rendez-vous au Stade Percival Molson cette saison. Les raisons étaient nombreuses pour quitter avec le sourire à la suite du gain de 36-29.

Il était difficile de prévoir un tel scénario avant la rencontre en raison du match précédent entre les deux formations alors que les Ti-Cats l’avaient emporté 41-10. Les Alouettes avaient paru dépassés tant sur le plan physique et pour la vitesse.

Le travail est à ce moment encore plus difficile pour le groupe d’entraîneurs qui doit sortir ses miroirs et la fumée pour tenter de déjouer l’adversaire avec des stratégies audacieuses. Cependant, le match à Montréal a été rassurant alors que les Alouettes n’étaient pas déclassés, loin de là.

Enfin du football complémentaire

Vous m’entendez souvent dire qu’il faut du football complémentaire entre les différentes unités pour connaître du succès. Difficile de demander mieux pour le coup d’envoi de ce match. Ryder Stone a donné le ton avec un retour de 34 verges pour offrir un bon positionnement sur le terrain à son attaque. Vernon Adams fils a rejoint William Stanback pour un gain de 46 verges et Boris Bede a complété avec un placement.

La défense a aussi eu son mot à dire, alors que Glenn Love a réalisé une interception aux dépens de Jeremiah Masoli et Stanback a enchaîné avec le premier de ses trois touchés. Le temps de le dire et les Montréalais menaient 10 à 0 au tableau indicateur.

On ne minimisera pas l’importance d’un bon départ, car c’est une preuve que l’équipe était bien préparée. Le plan de match mis sur pied au courant de la semaine était adéquat et bien exécuté. La confiance se ressent non seulement pour les joueurs, mais pour les entraîneurs aussi.

On a vu également que jouer avec une avance permet d’établir le jeu au sol, un élément essentiel chez les Alouettes, alors qu’on connaît la situation des quarts. Ils ont besoin d’une attaque équilibrée.

Pour mettre en perspective le travail de cette unité, les Alouettes avaient inscrit un total de 35 points lors de leurs deux premiers matchs et Hamilton avait alloué 41 points en trois rencontres. En un seul match, la troupe de Khari Jones a inscrit 36 points ce qui est fort encourageant.

Il y a des chiffres qui ne mentent pas et cette performance n’était pas le fruit du hasard. L’attaque a généré 30 premiers jeux ce qui laisse entendre un bon contrôle du ballon. C’est ainsi qu’elle a été en mesure d’accumuler 456 verges d’attaque. De plus, les Alouettes ont dominé le temps de possession avec près de 35 minutes ce qui était crucial dans la chaleur en cette soirée dans la métropole. Comme de fait, les Alouettes ont su s’imposer au quatrième quart avec le festival de Stanback qui a profité de la fatigue de ses adversaires. Ce n’est pas pour rien qu’à un moment, il passait si facilement au deuxième niveau qu’il avait le même effet qu’un couteau chaud dans du beurre. Hamilton ne pouvait l’arrêter.

Stanback prouve l'identité des Alouettes

En même temps, nous avons eu un exemple probant de l’identité des Alouettes. Ils ont besoin d’avoir une attaque équilibrée. Jones a sélectionné 31 courses contre 25 jeux de passe. C’est ce qu’il faut générer à chacun des matchs.

La prestation de Stanback sort tout de même de  l’ordinaire. La dernière fois qu’un joueur des Alouettes a amassé plus de 200 verges au sol (Stanback a terminé avec 203), je jouais encore. Mike Pringle avait été l’auteur d’une telle performance en 1998. C’est historique, mais il ne le fera pas toutes les semaines.

On savait dans son cas qu’il était physique, mais il a montré à quel point il peut être dangereux avec sa vitesse et ses changements de direction. Il ne faisait aucun doute qu’il était talentueux, alors que l’organisation a laissé aller Tyrell Sutton, mais ce match est venu confirmer son statut.

Si on ajoute à sa récolte au sol les 46 verges par la voie des airs, Stanback a cumulé 249 verges, ce qui représente 55 % de l’attaque générée par les Alouettes.

Vous comprendrez qu’avec une telle prestation du porteur de ballon, je me dois de saluer le travail de la ligne à l’attaque. Elle a accordé un seul sac du quart tout en permettant à Stanback de se faufiler dans des corridors de course. L’unité défensive des Tiger-Cats n’est pas de tout repos non plus.

À ce titre, c’était une belle attention de voir Luc Brodeur-Jourdain entamer le match avec les partants. La foule lui a rendu un bel hommage après la séquence qui s’est conclue avec un placement. Son match semblait terminé, mais la blessure à Sean Jamieson a changé la donne.

LBJ est revenu dans le match et petit clin d’œil, les Alouettes perdaient 18-16 à ce moment. Alors qu’il était sur le terrain, les Alouettes ont marqué 20 points consécutifs. Doit-il vraiment prendre sa retraite? Vous comprendrez que j’en mets plus que le client en demande, mais blague à part, je trouvais plaisant pour lui cette tournure de situation. Il a très bien fait le travail et maintenant on va voir ce qui va arriver. Avec la blessure à Jamieson, on ne sait pas si les Alouettes auront encore besoin de ses services et le principal intéressé a mentionné qu’il était disponible pour l’équipe.

Si jamais ce match devait être son dernier, il est difficile d’imaginer un plus beau chant du cygne avec non seulement une victoire, mais un match avec plus de 200 verges de gain par le porteur de ballon.

Un autre élément qui a joué en faveur de l’attaque montréalaise dans ce match est la présence de jeux explosifs. Il était difficile d’en obtenir à Hamilton, mais c’était le festival au Stade Percival Molson. Une passe de 46 verges, des courses de 49 et 27 verges, en plus des longs retours de botté.

Avec du football à trois essais, il faut des longs jeux et avec le style d’attaque des Alouettes, il est parfois difficile d’être méthodique et de générer de longues séquences offensives. Un tel jeu permet de gruger beaucoup de terrain et aide grandement toute l’équipe.

Le quart Vernon Adams fils a d’ailleurs connu une bonne sortie à ce chapitre. On s’entend qu’il n’a pas mené les Alouettes à la victoire, mais il a fait du bon travail. Ce que je regarde en premier dans son cas, c’est la présence de revirement et il n’a pas perdu le ballon. Il a aussi utilisé ses jambes pour obtenir des premiers jeux comme le témoignent ses 59 verges en sept courses.

Adams a aussi profité du travail de ses receveurs alors que certaines de ses petites passes ont généré de longs gains. B.J. Cunningham a bien fait sur ce plan. Les receveurs ont aussi été impliqués dans la protection. Ils ont bien bloqué les coins de la ligne, ce qui a permis en plusieurs occasions à Stanback d’attaquer les périmètres.

Il faut être honnête, le quart des Alouettes n’a pas été le plus précis lorsque venait le temps de compléter des longues passes, mais il a su générer des pénalités d’obstruction dans la tertiaire des Tiger-Cats. Les Alouettes ont ainsi été en mesure de gagner de longs morceaux de terrain et de se retrouver même à la porte des buts. Les Alouettes ont ainsi profité de la générosité de leur adversaire quant aux pénalités. Les Tiger-Cats en ont écopé de 15 pour un total de 179 verges allouées. Les Alouettes ont aussi été généreux avec 154 verges en 13 pénalités.Au final, ce n’est pas le style qui compte, mais le résultat.

Adams a aussi été courageux, alors qu’il a été frappé plusieurs fois dans sa pochette. Les Ti-Cats ont notamment écopé de trois pénalités pour rudesse à son endroit, mais il ne paraissait pas nerveux dans sa pochette. Il ne bronchait pas.

Mais la véritable statistique qu’on regarde pour un quart à la fin du match est le pointage au tableau indicateur et dans le cas présent, on peut dire mission accomplie pour Adams avec la victoire.

De la pression, mais il en faut plus

Si le quart a eu une belle progression, c’était aussi le cas en défense. Par contre, il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, alors que des difficultés sont encore bel et bien présentes.

En regardant le portrait froidement, les Tiger-Cats ont eu le ballon durant 25 minutes et ils ont tout de même amassé plus de 400 verges et inscrit 29 points.

La ligne défensive a tout de même enfin appliquée un peu de pression. Même si Masoli a encore lancé pour plus de 400 verges, il a été dérangé. Les Alouettes ont enregistré deux sacs, trois pénalités pour avoir retenu et le quart des Tiger-Cats a été forcé de se débarrasser du ballon à l’extérieur du terrain. Pour une première fois, la pression était présente dans le camp montréalais. Il y avait des schémas plus complexes qui ont aidé à ce scénario. On a vu une pression de Tommie Campbell qui est difficile à figurer pour la ligne à l’attaque.

On s’aperçoit que la pression n’est pas assez constante et on le remarque sur les défenses de zone. Un terrain de ligue canadienne est tellement immense, que c’est évident qu’il y aura des brèches à exploiter par l’attaque. C’est habituellement à la ligne défensive d’empêcher un tel scénario en ne laissant pas assez de temps au quart pour décortiquer la défense et ainsi exploiter les faiblesses.

Les joueurs présentement reculent pour couvrir une portion de terrain au lieu de suivre des joueurs au départ. C’est une zone sans trop de saveur puisqu’elle est simple. Il est primordial que le quart adverse soit mis sous pression. Il est vrai que les demis défensifs sont capable de faire du homme à homme, mais de courir après un receveur toute une soirée est beaucoup trop exigeant pour un demi défensif. Ce n’est pas possible d’avoir sans cesse recours à cette formule et c’est pourquoi il faudra améliorer la couverture de zone.

Un cafouillage qui aura presque coûté cher

Les unités spéciales ont aussi eu leur mot à dire dans cette victoire avec de bons retours, de bons placements de Boris Bede qui a été parfait en trois tentatives. Il a toutefois été souvent sous pression sur ses dégagements, donc la protection devra être corrigée.

Ce n’était pas une mauvaise journée au boulot, mais tout a failli basculer en fin de rencontre sur le botté court des Ti-Cats. C’était écrit dans le ciel que c’était ce jeu qui allait survenir, mais les Alouettes sont passés à quelques millimètres de la catastrophe alors que le joueur de Hamilton a touché au ballon après avoir mis le pied à l’extérieur du terrain. Il s’en est fallu de peu pour que les 59 minutes avec l’avance n’aient servi à rien. Échapper la victoire dans cette situation aurait fait très mal aux troupes.

C’est dommage que le temps d’arrêt ait été utilisé tout juste avant sur un jeu défensif, car il aurait permis à ce moment d’éviter la confusion. Le dénouement est heureux, mais il y a encore des correctifs à apporter.

Je suis certain que les entraîneurs vont regarder les bandes vidéos pour tenter d’améliorer la situation. C’est important cependant de célébrer cette victoire, mais comme tout bon gain, il faut valider lors du match suivant. Il vient confirmer le travail qui a été fait dans les dernières semaines, mais il reste à retourner au boulot afin de poursuivre dans cette voie.

La machine sera repartie la semaine prochaine à Ottawa dans un duel de section contre le Rouge et Noir.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant