Malgré le décès de son père, Matt Cassel a offert une performance extraordinaire en récoltant quatre passes de touché dans une victoire de 49 à 26 des Patriots de la Nouvelle-Angleterre face aux Raiders d'Oakland dimanche soir.

Cette performance inspirante du quart-arrière des Patriots me rappelle une histoire similaire vécue avec les Seahawks de Seattle en 2003.

Durant l'été, notre quart réserviste Trent Dilfer avait subi la terrible épreuve de perdre son fils de cinq ans à la suite d'un virus. Évidemment, nous n'avions pas vu Dilfer de la saison morte et il hésitait à poursuivre sa carrière dans la NFL après cette tragédie. Mais il est finalement revenu avec l'équipe avant le début de la saison et nous l'avions accueilli à bras ouverts.

Dilfer avait effectué son retour sur le terrain lors d'un match pré-saison. Et vous savez quoi, il avait joué le meilleur football de sa vie en traversant tout le terrain dès la première séquence pour ensuite compléter une passe de touché!

C'était très émotif et environ la moitié des joueurs de notre équipe pleurait à cet instant tandis que la foule lui accordait une énorme ovation.

Je me rappelle très bien que j'avais sauté sur le terrain avec les larmes aux yeux pour aller effectuer le converti. Ce fut un moment très touchant dans ma carrière.

Cette expérience émotive me permet d'établir quelques parallèles avec l'histoire de Cassel. Au début de la semaine, le joueur des Patriots avait sans doute le cœur très lourd et il ne devait vraiment pas avoir la tête au football. Lorsqu'il a rejoint son équipe, ses coéquipiers ont dû le soutenir énormément et il a senti ce support. Ce contexte très particulier produit une intensité spéciale qui pousse le joueur et lui change les idées. Cassel devait sans doute être heureux de penser qu'il jouait au football et que son père serait fier de lui.

Tout près d'une victoire

Dimanche, je devais assister à ma première partie de mon équipe depuis mon opération. Mais il faisait très froid et l'organisation m'a recommandé de rester à la maison. Je n'aurais pas été très confortable sur les lignes de côté avec mon genou opéré récemment.

J'ai donc regardé cette autre défaite crève-cœur des Chiefs à la télévision. J'étais convaincu que j'allais célébrer une belle victoire de notre équipe, mais les Chargers ont effacé un déficit de 11 points en seulement 73 secondes pour triompher.

Je dois dire que c'est l'une des défaites les plus invraisemblables que j'ai vues. Un concours de circonstances a été nécessaire pour que les Chargers remontent la pente. Mais le jeu clé a été le botté court des Chargers que nous avons été incapables de recouvrer.

Ensuite, nous leur avons accordé une passe de 45 verges en raison d'une erreur de couverture. Par-dessus le marché, nous avons manqué une tentative de placement de 50 verges qui nous aurait procuré le gain…

J'ai discuté avec quelques coéquipiers et, tout comme moi, ils ont l'impression qu'il s'agit d'un cauchemar qui se répète à toutes les semaines. La situation est particulièrement pénible depuis la mi-saison car nous sommes compétitifs à tous les matchs, mais nous subissons des défaites crève-cœur pratiquement à chaque dimanche.

Malgré tout, le moral n'est pas à plat puisque les joueurs refusent d'abandonner et ils espèrent terminer la saison sur une belle note. Ceci dit, je ne peux pas cacher que ce n'est pas une saison facile pour personne.

Avec une victoire, nous aurions éliminé les Chargers qui luttent désespérément pour une place en éliminatoires. Mes coéquipiers auraient apprécié mettre fin aux espoirs d'un rival de division, un fait toujours agréable à accomplir.

Nos partisans aussi auraient savouré un tel scénario particulièrement avec la saison que nous connaissons. Les deux dernières années ont été difficiles et il s'agit d'un autre coup dur à encaisser.

Les Chiefs doivent beaucoup à Peterson

Au lendemain de cette défaite, les Chiefs ont annoncé un virage important au sein de l'organisation alors que le président et directeur général Carl Peterson a été remercié. Peterson tenait les guides de l'équipe depuis 1989.

J'en suis à ma deuxième saison à Kansas City et il m'est facile de comparer cette situation avec celle des Canadiens de Montréal. Quand le Tricolore traverse des moments difficiles, les partisans ne se gênent pas pour exiger le congédiement des entraîneurs ou du directeur général. Et bien, c'est la même chose à Kansas City!

En tant que fidèles amateurs, ils ont souvent réclamé la tête de Peterson depuis deux ans.

Il demeure important de souligner la contribution de Peterson qui s'est amené à Kansas City alors que les Chiefs formaient l'une des pires organisations de la NFL. À l'époque, peu de spectateurs assistaient aux parties et le portrait n'était pas plus reluisant sur le terrain. Les «vrais» partisans des Chiefs étaient rares.

Mais Peterson a fait tourner le vent en créant une belle atmosphère au Arrowhead Stadium qui est devenu l'un des meilleurs endroits de la NFL pour assister à un match et apprécier un tailgate enivrant.

L'équipe a également connu du succès pendant plusieurs saisons dans les années 90 et au début des années 2000.

J'ignore si c'était la bonne décision à prendre, mais vous comprendrez que ce n'est pas à moi de commenter les décisions du propriétaire… Il a jugé que le moment était venu pour effectuer un changement après seulement deux victoires cette saison et quatre victoires l'an dernier.

Ce n'est pas nouveau, le sport professionnel est basé sur les résultats que tu sois directeur général, entraîneur ou joueur…

L'aspect le plus décevant s'avère que ce changement impose un stress sur toutes les personnes de l'organisation de l'assistant directeur général jusqu'au joueur et même au gérant de l'équipement. Tout le monde craint de perdre son emploi et nous ne sommes pas à l'abri d'un grand ménage. C'est fréquent que plusieurs joueurs lèvent les pattes dans un tel contexte et c'est stressant.

À ce moment, ça demeure impossible prédire si notre entraîneur Herman Edwards écopera. Et si jamais c'est le cas, probablement que tous ses adjoints perdront aussi leur poste.

Notre propriétaire Clark Hunt a déclaré que ce serait lui qui allait prendre cette décision. Je sais qu'il croit au virage jeunesse implanté par Edwards et qu'il l'aime beaucoup. Mais un nouveau directeur général fera son arrivée et il pourrait avoir une influence sur sa décision.

On pense à nous avant tout

Notre prochain match aura lieu contre les Dolphins de Miami qui sont impliqués dans une course aux éliminatoires. Évidemment, on ne dirait pas non à jouer les trouble-fêtes, mais avec tout ce qui se passe à Kansas City nous pensons avant tout à notre équipe. Ce n'est pas notre priorité de nuire aux Dolphins puisque nous voulons d'abord gagner ce match puisqu'on se bat tous pour notre propre poste.

À la recherche d'un autre Jared Allen

Au cours de ma dernière chronique, j'ai abordé le sujet que les Chiefs pourraient opter pour un quart-arrière au prochain repêchage. Un internaute voulait savoir quelle serait la priorité de notre organisation du côté défensif.

En fait, la réponse est assez simple, mais plutôt compliquée à effectuer. La plupart de nos joueurs défensifs de l'an passé sont toujours avec l'équipe et nous avons même ajouté quelques bons jeunes éléments, mais nous avons surtout perdu un gros, très gros morceau en Jared Allen..

La perte de cet ailier défensif dominant crée une énorme différence. Pour connaître du succès dans la NFL, il est primordial d'appliquer de la pression sur le quart adverse. Nous devons donc dénicher un nouveau Jared Allen ce qui s'avère une denrée rare et coûteuse. Les ailiers défensifs sont souvent les joueurs les mieux payés sur l'unité défensive.

À preuve d'exemple, je regardais la partie entre les Giants de New York et les Cowboys de Dallas dimanche soir. Ces deux équipes ont des lignes défensives exceptionnelles et elles ont dicté le ton du match. DeMarcus Ware, Justin Tuck et compagnie ont dérangé Eli Manning et Tony Romo constamment tandis que ce genre de pression est rare par nos joueurs.

Inutile de comparer Cassel à Tom Brady

En début de chronique, je vous parlais du quart Matt Cassel qui connaît une très bonne saison en l'absence de Tom Brady.

Son rendement soulève certaines questions et quelques observateurs ont poussé l'audace jusqu'à dire que les Patriots devraient économiser de l'argent en laissant filer Brady et en confiant leur attaque à Cassel.

Mais pour moi, il n'y a aucun doute que les Patriots doivent revenir avec Brady. Même si Cassel en a surpris plusieurs, il n'a pas encore gagné un match éliminatoire et il n'a rien accompli comparativement à Brady. En fait, ils ne sont pas dans la même catégorie!

Les Patriots réalisent tout de même que Cassel possède maintenant une valeur intéressante sur le marché surtout qu'il sera joueur autonome au terme de la saison. À mon avis, les Pats identifieront Cassel comme leur joueur de concession ce qui leur permettra de garder ses droits pendant une saison.

Les Chiefs ont fait la même chose avec Jared Allen l'an passé et ils ont ensuite pu l'échanger. Les Patriots pourraient obtenir des choix de première ronde au repêchage avec cette stratégie.

D'ailleurs, les Chiefs pourraient être l'une des équipes intéressées à acquérir les services de Cassel. La demande sera au rendez-vous et elle serait encore plus grande s'il se démarque en éliminatoires.

D'un autre côté, ils vont peut-être le retenir puisqu'il est impossible de savoir si le genou de Brady tiendra le coup après une telle absence. Mais Brady demeure mon choix surtout qu'il a encore plusieurs saisons devant lui.

*Propos recueillis par Éric Leblanc