Bonjour chers internautes. J'amorce ma huitième saison à titre collaborateur du RDS.ca avec plaisir alors que nous sommes au coeur du calendrier des matchs hors-concours, à moins d'un mois du début de la saison.

Pour vous dire la vérité, le camp d'entraînement n'est jamais une partie de plaisir et ce, même si j'en serai à ma neuvième saison dans la NFL. Il s'agit de la partie la plus difficile. Nous sommes isolés loin de la maison, à River Falls au Wisconsin, durant près d'un mois et, évidemment, on s'ennuie de notre famille. Sans oublier qu'on se retrouve dans des chambres d'un campus universitaire.

Je me souviens que le contexte était fort différent lorsque j'étais une recrue. À cette époque, je pensais seulement à me tailler une place au sein de l'équipe. Il n'est pas question de se lamenter une seconde tellement tu es motivé à percer l'équipe. Mais le contexte a beaucoup changé puisque je ne lutte avec aucun autre joueur pour garder mon poste. Voilà pourquoi, je me concentre seulement à me préparer pour la saison.

Je l'avoue, avant le début du camp ça ne me tente pas vraiment de passer par ce processus très exigeant. Mais une fois que le tout démarre, j'aborde le camp comme une excellente manière de me préparer pour notre premier match qui aura lieu le 7 septembre. De plus, le camp permet de développer la chimie entre les joueurs. À chaque année, nous accueillons des nouveaux joueurs surtout que nous sommes en période de reconstruction.

L'an passé, nous avions plusieurs vétérans en fin de carrière au sein de notre équipe. Avec le départ de plusieurs de ces joueurs, l'atmosphère est beaucoup plus enthousiaste et positive. C'est un climat jeune, énergique et rafraîchissant. Cette ambiance s'est transportée sur le terrain pour notre premier match hors-concours que nous avons remporté par la marque de 24-20 face aux Bears de Chicago.

Objectif: surpendre les experts

Évidemment, les experts ne nous voient pas parmi les aspirants au Super Bowl, mais je crois que nous allons être meilleurs que ce que les gens s'attendent. Nous allons être sans aucun doute une meilleure équipe que l'an passé.

Le message des entraîneurs est de surprendre les supposés experts qui nous placent parmi les cinq pires équipes de la NFL. Dès le début de notre saison, nous avons une superbe occasion de surprendre tout le monde et de démontrer notre potentiel en visitant les puissants Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Je ne suis pas inquiet pour notre rendement. En fait, notre situation actuelle me fait penser à mes premières années avec les Seahawks de Seattle. À mes débuts à Seattle, nous avions traversé une saison semblable à la dernière avec les Chiefs. Au terme de la saison 2000, l'organisation des Seahawks avait procédé à un grand ménage. La recette avait porté fruits puisque nous avons atteint le Super Bowl cinq saisons plus tard et j'espère que la même chose se produira avec les Chiefs.

Je ne suis pas le seul Québécois au camp des Chiefs

J'ignore si vous êtes au courant, mais je ne suis pas le seul Québécois au camp des Chiefs. À la fin avril, les Chiefs ont accordé un contrat au receveur de passes Jabari Arthur qui est originaire de Montréal. Depuis son arrivée avec l'équipe, je passe beaucoup de temps avec lui. Son camp se déroule bien et il a capté une passe pour neuf verges face aux Bears jeudi dernier. Jabari est vraiment un très bon gars qui travaille fort et étant donné qu'il est originaire de Montréal, nous sommes devenus amis automatiquement. Le même scénario s'était produit lorsque Deitan Dubuc avait effectué un passage avec les Seahawks de Seattle en 2003. Je me rappelle aussi lorsque le porteur de ballon des Tiger-Cats d'Hamilton, Jesse Lumsden, avait participé au camp d'entraînement des Seahawks.

Pour revenir à Jabari, ce sera un défi pour lui de faire l'équipe puisqu'il n'a pas été repêché et qu'il est une recrue. C'est un receveur gros format (six pieds quatre pouces et 219 livres), un joueur intelligent et il désire apprendre. Je peux vous assurer que les entraîneurs l'apprécient. Mike Priefer, l'entraîneur des unités spéciales avec qui je parle beaucoup, me l'a confirmé.

Je joue un rôle de vétéran à ma manière

Les matchs hors-concours sont une expérience légèrement différente même si je ne lutte pas pour mon poste. Le plus grand changement est d'évoluer avec des joueurs peu expérimentés. En début de match, les vétérans occupent leur poste sur le terrain avec moi et les jeunes font graduellement leur entrée durant la partie. Donc je me retrouve sur le terrain avec des joueurs qui n'ont jamais vécu les unités spéciales de la NFL.

Parfois, ils sont quelque peu confus et ça devient intéressant d'observer les détails que l'on ne peut pas remarquer à la télévision. C'est le fun de les voir aller; ils se défoncent et ils sont prêts à écouter nos conseils parce qu'ils veulent bien faire.

J'en profite ainsi pour jouer un rôle de vétéran à ma manière. Sur les unités spéciales, je peux leur expliquer certaines nuances sur les joueurs à bloquer et les meilleures techniques à utiliser. Les entraîneurs n'ont pas toujours le temps de parler à tous les joueurs et je tente de les aider. Les jeunes joueurs savent que j'accomplis ces tâches depuis longtemps et ils viennent me poser des questions sur leur travail. Ça fait partie de mon rôle.

Quelques noms à surveiller

Durant la saison morte, les Chiefs ont confirmé Brodie Croyle comme notre quart numéro un et ils ont décidé de lui donner sa chance. Brodie a tout le talent et les outils pour réussir. L'an passé, il a amorcé six parties et il a montré de belles choses même s'il n'a pas savouré la victoire. Cette saison, il profitera de cette expérience et de son apprentissage de l'an dernier. À cette position, tu dois absolument jouer pour t'améliorer. Tu as beau pratiquer, ça prend définitivement quelques matchs derrière la cravate pour progresser et parfois c'est douloureux comme processus.

D'ailleurs, je me souviens des débuts de Matt Hasselbeck à Seattle et il en a arraché à sa première saison. C'est normal et j'espère que Brodie a connu ses moments plus difficiles l'an dernier.

Je tiens à vous glisser quelques mots sur le porteur de ballon recrue Jamaal Charles, un choix de troisième ronde au dernière repêchage. Je crois que vous allez entendre parler de lui souvent cette saison. Il devrait effectuer les retours de botté d'envoi et il possède beaucoup de vitesse. Il est très impressionnant à regarder puisqu'il s'avère très explosif.

Depuis le début du camp, je suis également impressionné par le travail de notre ligne offensive qui mise sur quelques nouveaux jeunes joueurs peu connus. Notre ligne offensive a été solide face à la bonne défensive des Bears et c'est une belle surprise.

Que dire de la saga Brett Favre

Difficile de savoir ce qui s'est exactement passé dans la saga Brett Favre puisque lui et les Packers ont chacun leur version.

De mon côté, j'avoue que je trouve un peu particulier que Favre revienne au jeu après avoir annoncé sa retraite. Toutefois, il désire jouer et les deux parties ont abouti dans une position délicate.

À mon avis, la transaction représente la meilleure chose qui pouvait arriver. Les Packers constituent une jeune équipe jeune qui voulait avoir un plan à long terme. Ils semblaient tannés d'attendre à chaque année au milieu de la saison morte pour savoir qui sera leur quart. Ils ont repêché Aaron Rodgers et ils voulaient passer à la prochaine étape. Tout s'est finalement réglé et ce sera un nouveau départ pour lui.

Bien sûr, cette saga a fait jaser entre les joueurs. Nous écoutons la télévision dans le vestiaire et c'était l'unique sujet sportif durant près de deux semaines aux États-Unis. Je peux vous dire que la majorité des joueurs pensent de la même façon. Selon nous, les deux côtés ont de bons arguments. Cependant, je crois que le dossier aurait pu être mieux géré. Tout cette histoire aurait pu évoluer avant que ça devienne public.

Ah oui, tous les joueurs ont sursauté en apprenant que Favre a reçu une offre de 25 millions pour rester à la maison. Disons que plusieurs joueurs auraient aimé recevoir une telle offre… (rires)

Favre est “plus gros que la game” et il le mérite étant un des plus grands quarts de l'histoire qui sera bientôt au Temple de la renommée.

Nous allons d'ailleurs affronter Favre et les Jets le 26 octobre à New York. C'est sûr que ce sera spécial de le voir dans un nouvel uniforme, mais honnêtement j'ai déjà vécu quelques matchs spéciaux avec Favre. L'an dernier, les Packers sont venus jouer à Kansas City et c'était le gros sujet de discussion. Tous les médias couvraient ce qui devait être son dernier match au Arrowhead Stadium…

Sans oublier le dernier match de notre saison en 2005 alors que j'évoluais avec les Seahawks. C'était évident que ce match serait sa dernière partie en carrière. Il avait eu une ovation debout et il avait fait le tour du terrain sur un montage vidéo des exploits de sa carrière. Je me disais Wow!, j'ai la chance de vivre ce moment.

Je me souviens également d'avoir vécu la partie durant laquelle Emmitt Smith a battu le record de Walter Payton pour le plus grand nombre de verges au sol dans l'histoire de la NFL. Ce match avait lieu le 27 octobre 2002 contre les Seahawks.

Vous comprendrez pourquoi ça devient un peu difficile de m'emporter maintenant. Ça fait quelques fois que je croyais avoir vécu un moment historique de sa carrière.

*Propos recueillis par Éric Leblanc