Rebonjour à vous tous, fidèles internautes du RDS.ca. C'est avec plaisir que je poursuis, pour une autre saison, ma collaboration en vue de la prochaine saison dans la NFL.

Comme vous le savez sans doute, je poursuivrai ma carrière avec les Chiefs de Kansas City, que j'ai joint en mars à titre de joueur autonome. Quitter Seattle n'a pas été facile pour moi et ma petite famille puisque j'avais évolué avec les Seahawks pendant sept saisons et que nous étions bien établis dans cette très belle ville.

Mais nous nous plaisons tout autant à Kansas City. Nous avons emménagé dans notre nouvelle maison en mai. La ville dans laquelle nous habitons s'appelle Overland Park, une banlieue d'environ 150 000 habitants située au Kansas, à environ 25 minutes du Arrowhead Stadium. Je dirais que 90% de tous les membres de l'organisation - joueurs, entraîneurs, membres de la direction - y vivent. Quatre ou cinq compagnies, dont Sprint, ont leur bureau chef à Overland Park, ce qui en fait une ville très prospère. Nous aimons beaucoup notre nouveau quartier. L'adaptation s'est également bien faite, ce qui me rend heureux. Bien évidemment, la ville de Kansas City n'est pas aussi spectaculaire que celle de Seattle, entourée de forêts et de montagnes, mais j'adore l'endroit où je demeure.

Notre camp se déroule à River Falls, au Wisconsin, une petite ville qui se trouve à peu près à huit heures de route au nord de Kansas City. La raison de notre exil est fort simple : il fait beaucoup trop chaud pour s'entraîner à K.C.

Depuis le 26, on a deux entraînements par jour à presque tous les jours. On pratique de 9h00 à 11h00, on mange, on pratique encore de 15h00 à 17h30, et ensuite on a des meetings de 19h00 à 21h00.

Comme on est loin de Kansas City, nos entraînements ne sont pas très courus par les amateurs de football du coin. Il y a quand même quelques mordus qui ont fait le chemin pour venir nous voir. C'était beaucoup plus impressionnant en juillet dernier, lors du mini-camp, quand la pratique ouverte au public avait attiré 25 000 personnes.

Même si je suis encore nouveau à KC, je sais que la ville ne vit que pour les Chiefs. C'est un peu comme le Canadien à Montréal; c'est la tradition. L'équipe de la ville, ce sont les Chiefs... les Royals sont pas mal loin derrière en terme de popularité. En fait, c'est un peu comme les Expos à Montréal.

Un été mouvementé pour les Chiefs

Depuis mon arrivée avec les Chiefs, le joueur que j'ai le plus côtoyé est le quart-arrière Damon Huard, et ce, parce que Damon est le seul joueur que je connaissais vraiment au moment de signer mon contrat. J'ai connu Damon parce que ce dernier est originaire de la région de Seattle et qu'il était un bon copain de Matt Hasselbeck, qui était un de mes bons amis avec les Seahawks. Je passe aussi pas mal de temps avec le botteur de dégagement Dustin Colquitt.

Parlant de Huard, qui avait agi comme partant pendant la majeure partie de la campagne l'an dernier, il doit encore une fois faire ses preuves au camp puisqu'il n'est pas assuré de son poste. Il livre une chaude lutte à Brodie Croyle, qui en sera à sa deuxième saison dans la NFL. En 2006, il était le troisième quart de l'organisation.

La direction a donc le choix avec un jeune quart plein de talent mais sans grande expérience et un quart plus vieux qui sait faire preuve de constance. Pour l'instant, rien n'est décidé. Le meilleur lors des matchs préparatoires héritera sans doute du poste de partant. Selon moi, ils vont donner un maximum de temps de jeu à Croyle pour pouvoir bien l'évaluer. Huard en est à sa 12e année dans la ligue, donc on sait pas mal ce qu'il peut apporter. Il a bien joué l'an passé et c'est une valeur sûre. Pour ce qui est de l'ancien de la LCF Casey Printers, je crois qu'il sera le troisième quart en 2007.

À KC, la saison morte a notamment été marquée par le départ de Trent Green, échangé aux Dolphins de Miami. Green a quitté environ un mois après mon arrivée. Toutes les tractations entourant le départ de Trent n'affectaient pas du tout les joueurs. En fait, la seule personne qui peut être affectée par toutes ces discussions, c'est l'entraîneur Herm Edwards en raison des nombreuses questions des journalistes. Nous, les joueurs, n'avons pas vraiment été dérangés parce que nous savions que Trent allait être échangé.

Il se passe également des choses intéressantes dans le champ-arrière de l'équipe. Larry Johnson, à qui il reste une année de contrat, est présentement en grève car il voudrait que son contrat soit renégocié à la hausse. Et Priest Holmes est de retour avec l'équipe car il voudrait bien ravir le poste à Johnson. Comme Holmes n'a pratiquement pas joué en deux ans, la direction ne lui a pas encore permis de pratiquer avec les autres joueurs. Il est encore à l'étape de l'évaluation physique.

J'ai toutefois bon espoir que Johnson et la direction en arrivent à un terrain d'entente avant le début de la saison et qu'il sera à son poste en septembre. On ne se le cachera pas : les deux parties ont tout à perdre dans cette histoire. On pourrait difficilement se passer de Johnson, l'un des meilleurs joueurs de la NFL depuis deux ans.

Au cours de la saison morte, les Chiefs ont échangé le botteur de précision Lawrence Tynes pour donner le poste à Justin Medlock, un jeune qu'ils ont repêché en cinquième ronde au dernier repêchage. Si on parlait ici du botteur de dégagement, j'avoue que le fait de travailler avec une recrue changerait un peu mon travail, mais avec un botteur de précision, ça ne change absolument rien. Justin pose beaucoup de questions, il est plus nerveux que, par exemple, Josh Brown, celui qui faisait le travail à Seattle, mais c'est tout à fait normal.

La recrue la plus surveillée au camp d'entraînement sera probablement le receveur de passes Dwayne Bowe, un ancien de LSU que les Chiefs ont sélectionné en première ronde en avril dernier. Comme il vient tout juste de signer son contrat et qu'il est au camp depuis seulement quelques jours, je n'ai pas eu l'occasion de le voir en action. Pour ce qui est des autres recrues, c'est assez difficile pour moi d'évaluer leur rendement puisque je ne les ai pas encore vues en situation de match. Je serai davantage en mesure de vous en parler après les parties hors-concours.

Michael et Pacman

On peut donc dire que la saison morte a été pas mal mouvementée chez les Chiefs, mais comparativement à ce qui s'est passé ailleurs, c'est de la petite bière.

Présentement, l'histoire qui fait couler le plus d'encre est celle de Michael Vick, le surdoué quart-arrière des Falcons d'Atlanta qui vient possiblement de foutre sa carrière en l'air avec ses histoires d'implication dans des combats canins. Ce qui m'a fait rire dans tout ça, c'est que certains analystes et anciens joueurs de la NFL parlaient de cette activité comme si c'était un passe-temps commun chez les joueurs de la NFL. Pourtant, je ne savais même pas que les combats de chiens existaient avant que toute cette histoire sorte. En parlant avec d'autres joueurs, j'ai réalisé que ce genre d'activité n'existait pratiquement pas au Canada, mais il paraît que dans le sud-est des États-Unis, c'est assez courant. En tout cas, pas dans ma gang de chums!

J'ignore si Vick jouera à nouveau un jour dans la NFL, mais je suis pas mal certain que ce ne sera pas avec les Falcons. On peut se poser la question : est-ce qu'il y a vraiment une équipe qui va vouloir de lui avec tout le bagage négatif qui le suit?

Je ne peux pas croire qu'un gars comme lui, qui avait tout ce que quelqu'un peut espérer avoir, est allé tout gâcher de cette façon. Peu importe ses croyances personnelles, il savait qu'il faisait quelque chose d'illégal. Il s'est mis dans le trouble pas à peu près.

Un peu plus à l'ouest d'Atlanta, les Titans du Tennessee ont eux aussi leur gars à problèmes. Adam "Pacman" Jones a été suspendu pour toute la prochaine saison en raison de tous ses démêlés avec la justice. Je crois qu'il s'est fait arrêter six ou sept fois depuis qu'il est arrivé dans la Ligue il y a deux ans. C'est complètement ridicule. Dans son cas, je suis prêt à prédire qu'il ne jouera plus jamais dans la NFL.

Personnellement, j'approuve à 100% la façon avec laquelle la Ligue a géré ces deux dossiers. Le commissaire a décidé de mettre son poing sur la table et de se servir de ces deux cas pour montrer aux autres qu'il n'entend pas à rire et qu'il va leur en coûter cher de ternir l'image de son circuit. De telles histoires font mal paraître tout le monde, autant les autres joueurs que les dirigeants de la Ligue. Il est temps que ça arrête.

Des empreintes bien visibles

Un grand homme est décédé la semaine dernière. Bill Walsh, ce célèbre entraîneur des 49ers de San Francisco, a perdu sa bataille contre la leucémie. Depuis, j'ai écouté plusieurs émissions sur sa carrière à la télévision et une chose m'a marqué.

Vous savez ce qu'on dit sur Walsh à propos de l'influence qu'il a eue sur tous les entraîneurs adjoints qui ont travaillé avec lui. Aujourd'hui, plusieurs entraîneurs qui dirigent des équipes de la NFL ont fait leurs classes sous les ordres de Walsh et continuent d'enseigner des copies du système qu'il a créé.

Mon ancien entraîneur à Seattle, Mike Holmgren, est un de ceux-là et en regardant toutes ces émissions, j'aurais pu le deviner même s'il ne nous en avait jamais parlé. Je me suis rendu compte que coach Holmgren parlait, se déplaçait, était organisé comme Walsh à l'époque. Une vraie copie conforme, les images ne mentent pas.

Bon, il est temps pour moi de retourner en travail. On se reparle d'ici le début de la saison…

*Propos recueillis par RDS.ca.