Du Collège Notre-Dame aux Seahawks de Seattle
Football mardi, 21 août 2001. 21:23 vendredi, 13 déc. 2024. 22:53
(RDS) - Bonjour à tous les internautes de RDS.ca. Je suis très heureux de me joindre à l'équipe de collaborateurs du site. Au cours de la prochaine saison, à raison d'une fois par semaine, vous aurez la chance de lire mes commentaires sur le monde du football. Je vous parlerai notamment de la vie d'un joueur de football dans la NFL, de ma saison, de la saison de mon équipe, les Seahawks de Seattle, de l'actualité dans la NFL, des potins et bien d'autres.
Depuis maintenant deux ans, j'évolue pour les Seahawks de Seattle. Je suis ce qu'on appelle en langage de football un "long snapper". C'est quoi un long snapper? En français un "long snapper" c'est un spécialiste des longues remises. Comme le nom l'indique, j'effectue les longues remises sur les bottés. C'est moi qui remet le ballon au botteur quand vient le temps de dégager le ballon. Je dois exécuter le tout le plus vite possible et avec le plus de précision possible. En plus de remettre le ballon au botteur, qui se retrouve 15 verges derrière moi, je dois, presqu'en même temps, reculer et protéger le botteur. Mon rôle est important, puisque je dois empêcher le joueur adverse qui m'est assigné d'atteindre le botteur. C'est vraiment la chose la plus difficile à faire. Si j'effectue mal mon boulot, le joueur adverse peut bloquer le botté, ce qui peut éventuellement mener à un revirement.
Par la suite, je dois courir et effectuer le plaqué sur le joueur adverse qui retourne le botté, chose que je ne fais pas souvent puisque mes coéquipiers réussissent presque toujours à plaquer ce joueur avant qu'il n'arrive à ma hauteur.
En plus d'effectuer les remises sur les bottés de dégagement, ce que je peux faire environ sept ou huit fois par partie, je fais les remises sur les botté de placement.
Contrairement à plusieurs joueurs, j'ai commencé à jouer au football relativement tard. J'ai entamé ma carrière en secondaire 4 au Collège Notre-Dame à Montréal. Par la suite, j'ai joué deux saisons au niveau collégial au CÉGEP André-Grasset. J'ai par la suite évolué cinq saisons avec les Redmen de McGill. Au sein de ces équipes, mon rôle principal n'était pas d'effectuer les longues remises. J'étais tout d'abord un secondeur. C'est à cette position que j'ai mérité mes places sur les équipes d'étoiles. J'étais également le "long snapper", car j'étais le seul à être capable de faire le boulot correctement. Je n'avais jamais porté une attention particulière à cette position jusqu'à ma quatrième saison avec les Redmen.
Lors de ma quatrième saison, mon entraîneur-chef, Charlie Baillie, m'a dit que je me débrouillais très bien sur les longues remises et que cela pourrait m'aider à percer dans la Ligue canadienne de football. Il m'a indiqué que les équipes de la LCF avaient communiqué avec lui pour lui dire qu'elles étaient impressionnées par mes longues remises. J'ai donc commencé à croire en mes chances de me rendre dans la LCF et j'ai débuté à pratiquer mes remises de manière plus intensive. Je pratiquais mes remises après les pratiques et pendant la saison morte. J'ai continué à pratiquer intensément mes remises lors de ma cinquième et dernière saison à McGill et j'ai finalement été repêché en troisième ronde (21e au total) par les Argonauts de Toronto en 1999.
J'ai évolué avec les Argos en 1999 comme spécialiste des longues remises. J'ai également joué sur les unités spéciales. Après la première année, il y a une période de quelques mois au cours de laquelle tu peux signer avec une équipe de la NFL. Signer avec Seattle n'était vraiment pas quelque chose à laquelle je pensais. Après ma première saison avec Toronto, j'ai voulu abandonner le football et retourner à mes études en médecine.
Mon agent a envoyé un fax à quelques équipes qui avaient besoin d'un spécialiste des remises. En février, les Seahawks m'ont invité à participer à une séance d'entraînement en compagnie de cinq ou six gars. Cette pratique a duré environ une heure durant laquelle nous avons pratiqué les longues remises. Le lendemain, ils m'ont rappelé pour me dire qu'ils étaient intéressés à m'offrir un contrat. Au camp d'entraînement, j'étais en compétition avec un autre gars pour obtenir le poste de spécialiste des longues remises. Heureusement pour moi, ils m'ont préféré à l'autre. Avec les Seahawks, je suis le seul à effectuer le boulot, il n'y a pas de réel substitut. Mon éventuel remplaçant est un joueur qui évolue à une autre position. Il peut dépanner pour une partie mais pas pour une saison complète.
Mon avenir dans la NFL est encore incertain mais ce n'est pas en raison de mes performances. J'aimerais jouer quatre ou cinq ans dans la NFL mais la durée de ma carrière dépendra de la poursuite de mes études en médecine - j'aimerais devenir spécialiste en médecine sportive ou chirurgien-orthopédiste. Tant que ça va bien et que je performe bien je pourrais continuer mais pas pendant une période trop longue. Si ce n'était pas de l'école, je pourrais continuer longtemps, mais je ne veux pas trop sacrifier mes études. Il me reste deux autres années en médecine en plus de ma spécialisation qui pourrait durer quatre ou cinq ans. La semaine dernière, nous avons joué contre l'Arizona. Leur spécialiste des longues remises entame sa 19e saison dans la NFL, il doit avoir environ 40 ans. Je ne sais pas encore combien de temps de resterai dans la ligue mais chose certaine, je ne jouerai pas jusqu'à 40 ans!
À mon arrivée dans la NFL, je ne savais pas trop à quoi m'attendre mais mon adaptation s'est plutôt bien déroulée. Je crois que j'ai été chanceux. Je suis tombé avec un bon groupe de joueurs, des gars qui n'ont pas un caractère bouillant et qui ne sont des joueurs à problèmes. Disons que la barre est plus haute entre Mcgill et Toronto qu'entre Toronto et Seattle. Les gars sont les mêmes, le style de vie est pareil. La plus grosse différence entre la NFL et la LCF ce sont les voitures dans le stationnement.
Je ne pense pas jouer comme secondeur dans la NFL. Je m'entraîne par contre toujours avec les secondeurs mais c'est juste pour la forme. Il y a beaucoup de joueurs au sien de l'alignement dans la NFL et les Seahawks ont plein de secondeurs. Ils n'ont donc pas besoin de moi à cette position, d'autant plus que ça augmente le risque de blessures.
Je suis très satisfait de ma première saison avec les Seahawks; j'ai d'ailleurs été nommé sur l'équipe d'étoiles des recrues sur les unités spéciales. Je crois que la direction est également satisfaite de moi, puisqu'elle m'a offert un contrat pour les deux prochaines saisons. Présentement ça va bien pour moi mais je ne prends rien pour acquis. Il y a tellement de pression sur tes épaules dans cette ligue que tu ne peux prendre les choses à la légère et penser que tout est dans la poche. L'épée de Damoclès est toujours au-dessus de toi.
Finalement, je crois que nous (les Seahawks) connaîtront une bonne saison en 2001. L'équipe s'est améliorée en faisant l'acquisition de John Randle et Levon Kirkland, qui évoluaient respectivement avec les Vikings du Minnesota et les Steelers de Pittsburgh la saison dernière. C'est ce genre de joueurs qu'il nous manquait la saison dernière : ce sont des leaders et ils sont intenses. Ils sont de plus très sympathiques; j'ai été très surpris de voir des joueurs de ce statut être si gentils. Ils ne sont aucunement prétentieux. C'est bon pour l'esprit d'équipe car ils forcent les joueurs à travailler plus. Je peux déjà constater la différence avec la saison dernière. Nous avons malheureusement perdu nos deux premières parties préparatoires mais quand nos réguliers étaient sur le terrain, nous avons dominé l'adversaire.
Propos recueillis par Sylvain Leclerc
Depuis maintenant deux ans, j'évolue pour les Seahawks de Seattle. Je suis ce qu'on appelle en langage de football un "long snapper". C'est quoi un long snapper? En français un "long snapper" c'est un spécialiste des longues remises. Comme le nom l'indique, j'effectue les longues remises sur les bottés. C'est moi qui remet le ballon au botteur quand vient le temps de dégager le ballon. Je dois exécuter le tout le plus vite possible et avec le plus de précision possible. En plus de remettre le ballon au botteur, qui se retrouve 15 verges derrière moi, je dois, presqu'en même temps, reculer et protéger le botteur. Mon rôle est important, puisque je dois empêcher le joueur adverse qui m'est assigné d'atteindre le botteur. C'est vraiment la chose la plus difficile à faire. Si j'effectue mal mon boulot, le joueur adverse peut bloquer le botté, ce qui peut éventuellement mener à un revirement.
Par la suite, je dois courir et effectuer le plaqué sur le joueur adverse qui retourne le botté, chose que je ne fais pas souvent puisque mes coéquipiers réussissent presque toujours à plaquer ce joueur avant qu'il n'arrive à ma hauteur.
En plus d'effectuer les remises sur les bottés de dégagement, ce que je peux faire environ sept ou huit fois par partie, je fais les remises sur les botté de placement.
Contrairement à plusieurs joueurs, j'ai commencé à jouer au football relativement tard. J'ai entamé ma carrière en secondaire 4 au Collège Notre-Dame à Montréal. Par la suite, j'ai joué deux saisons au niveau collégial au CÉGEP André-Grasset. J'ai par la suite évolué cinq saisons avec les Redmen de McGill. Au sein de ces équipes, mon rôle principal n'était pas d'effectuer les longues remises. J'étais tout d'abord un secondeur. C'est à cette position que j'ai mérité mes places sur les équipes d'étoiles. J'étais également le "long snapper", car j'étais le seul à être capable de faire le boulot correctement. Je n'avais jamais porté une attention particulière à cette position jusqu'à ma quatrième saison avec les Redmen.
Lors de ma quatrième saison, mon entraîneur-chef, Charlie Baillie, m'a dit que je me débrouillais très bien sur les longues remises et que cela pourrait m'aider à percer dans la Ligue canadienne de football. Il m'a indiqué que les équipes de la LCF avaient communiqué avec lui pour lui dire qu'elles étaient impressionnées par mes longues remises. J'ai donc commencé à croire en mes chances de me rendre dans la LCF et j'ai débuté à pratiquer mes remises de manière plus intensive. Je pratiquais mes remises après les pratiques et pendant la saison morte. J'ai continué à pratiquer intensément mes remises lors de ma cinquième et dernière saison à McGill et j'ai finalement été repêché en troisième ronde (21e au total) par les Argonauts de Toronto en 1999.
J'ai évolué avec les Argos en 1999 comme spécialiste des longues remises. J'ai également joué sur les unités spéciales. Après la première année, il y a une période de quelques mois au cours de laquelle tu peux signer avec une équipe de la NFL. Signer avec Seattle n'était vraiment pas quelque chose à laquelle je pensais. Après ma première saison avec Toronto, j'ai voulu abandonner le football et retourner à mes études en médecine.
Mon agent a envoyé un fax à quelques équipes qui avaient besoin d'un spécialiste des remises. En février, les Seahawks m'ont invité à participer à une séance d'entraînement en compagnie de cinq ou six gars. Cette pratique a duré environ une heure durant laquelle nous avons pratiqué les longues remises. Le lendemain, ils m'ont rappelé pour me dire qu'ils étaient intéressés à m'offrir un contrat. Au camp d'entraînement, j'étais en compétition avec un autre gars pour obtenir le poste de spécialiste des longues remises. Heureusement pour moi, ils m'ont préféré à l'autre. Avec les Seahawks, je suis le seul à effectuer le boulot, il n'y a pas de réel substitut. Mon éventuel remplaçant est un joueur qui évolue à une autre position. Il peut dépanner pour une partie mais pas pour une saison complète.
Mon avenir dans la NFL est encore incertain mais ce n'est pas en raison de mes performances. J'aimerais jouer quatre ou cinq ans dans la NFL mais la durée de ma carrière dépendra de la poursuite de mes études en médecine - j'aimerais devenir spécialiste en médecine sportive ou chirurgien-orthopédiste. Tant que ça va bien et que je performe bien je pourrais continuer mais pas pendant une période trop longue. Si ce n'était pas de l'école, je pourrais continuer longtemps, mais je ne veux pas trop sacrifier mes études. Il me reste deux autres années en médecine en plus de ma spécialisation qui pourrait durer quatre ou cinq ans. La semaine dernière, nous avons joué contre l'Arizona. Leur spécialiste des longues remises entame sa 19e saison dans la NFL, il doit avoir environ 40 ans. Je ne sais pas encore combien de temps de resterai dans la ligue mais chose certaine, je ne jouerai pas jusqu'à 40 ans!
À mon arrivée dans la NFL, je ne savais pas trop à quoi m'attendre mais mon adaptation s'est plutôt bien déroulée. Je crois que j'ai été chanceux. Je suis tombé avec un bon groupe de joueurs, des gars qui n'ont pas un caractère bouillant et qui ne sont des joueurs à problèmes. Disons que la barre est plus haute entre Mcgill et Toronto qu'entre Toronto et Seattle. Les gars sont les mêmes, le style de vie est pareil. La plus grosse différence entre la NFL et la LCF ce sont les voitures dans le stationnement.
Je ne pense pas jouer comme secondeur dans la NFL. Je m'entraîne par contre toujours avec les secondeurs mais c'est juste pour la forme. Il y a beaucoup de joueurs au sien de l'alignement dans la NFL et les Seahawks ont plein de secondeurs. Ils n'ont donc pas besoin de moi à cette position, d'autant plus que ça augmente le risque de blessures.
Je suis très satisfait de ma première saison avec les Seahawks; j'ai d'ailleurs été nommé sur l'équipe d'étoiles des recrues sur les unités spéciales. Je crois que la direction est également satisfaite de moi, puisqu'elle m'a offert un contrat pour les deux prochaines saisons. Présentement ça va bien pour moi mais je ne prends rien pour acquis. Il y a tellement de pression sur tes épaules dans cette ligue que tu ne peux prendre les choses à la légère et penser que tout est dans la poche. L'épée de Damoclès est toujours au-dessus de toi.
Finalement, je crois que nous (les Seahawks) connaîtront une bonne saison en 2001. L'équipe s'est améliorée en faisant l'acquisition de John Randle et Levon Kirkland, qui évoluaient respectivement avec les Vikings du Minnesota et les Steelers de Pittsburgh la saison dernière. C'est ce genre de joueurs qu'il nous manquait la saison dernière : ce sont des leaders et ils sont intenses. Ils sont de plus très sympathiques; j'ai été très surpris de voir des joueurs de ce statut être si gentils. Ils ne sont aucunement prétentieux. C'est bon pour l'esprit d'équipe car ils forcent les joueurs à travailler plus. Je peux déjà constater la différence avec la saison dernière. Nous avons malheureusement perdu nos deux premières parties préparatoires mais quand nos réguliers étaient sur le terrain, nous avons dominé l'adversaire.
Propos recueillis par Sylvain Leclerc