Le Arrowhead Stadium de Kansas City n'a jamais eu la réputation d'être un endroit hospitalier pour les équipes qui osaient venir défier les Chiefs. Il est reconnu comme l'un des stades où il est le plus intimidant d'endosser l'uniforme des visiteurs.

Je pensais donc avoir la chance, quand j'ai signé mon contrat avec les Chiefs au printemps dernier, de finalement vivre cette atmosphère du côté de l'équipe locale. Mais en nous inclinant devant les Titans du Tennessee dimanche dernier, nous avons dit au revoir à nos partisans avec une sixième défaite en huit matchs à la maison cette saison. Ça faisait des lunes que les Chiefs n'avaient pas connu autant de problèmes à domicile.

En début de saison, quand les choses allaient bien pour nous, j'ai eu un petit avant-goût des joies de la victoire dans un environnement aussi passionné que Kansas City. Aujourd'hui, je peux vous dire que quand l'équipe perd, c'est l'enfer noir. On s'est souvent fait huer. Souvent, on terminait nos matchs devant des gradins vides. C'est dur.

J'ai souvent fait la comparaison entre le football ici et le hockey à Montréal. C'est la même chose. Ici, les gens sont de vrais passionnés et je les comprends entièrement d'être mécontents. Ce n'est pas comme si on leur avait donné bien des raisons de célébrer. Je ne doute pas que ça doit être incroyable de jouer ici quand les choses vont bien, mais en tant qu'athlète professionnel, il faut être prêt à accepter l'autre côté de la médaille.

Présentement, on se fait critiquer dans les émissions de lignes ouvertes et les journaux ne sont pas très tendres à notre endroit. Pendant la saison de football universitaire, les amateurs de sports pouvaient se rallier derrière les succès des équipes de l'Université du Kansas et de l'Université du Missouri, qui ont connu des années de rêve, mais présentement, c'est la pause qui précède la présentation des différents bowls et je peux vous dire qu'on y goûte.

On veut congédier l'entraîneur, le directeur général, remplacer la moitié de l'équipe. Personne n'y échappe. Ça vous fait penser à quelque chose?

En début de saison, plusieurs voulaient que l'organisation donne la chance aux jeunes de faire leurs preuves et d'acquérir de l'expérience, mais on a plutôt opté pour un mélange de jeunes et de vétérans pour améliorer nos chances de faire les éliminatoires. Ça n'a pas fonctionné et maintenant qu'on a décidé de préparer le terrain pour l'année prochaine, ces mêmes personnes voudraient qu'on prenne tous les moyens pour gagner les derniers matchs de la saison.

À quelque part, je peux comprendre l'impatience des partisans. Après tout, sept défaites de suite, c'est dur à avaler pour tout le monde, même les plus compréhensifs.

Cutler est le plus complet

Nos deux derniers matchs ont été l'occasion d'observer deux des jeunes quarts-arrières les plus prometteurs de la NFL. Vince Young et Jay Cutler ont été repêchés en 2006, la même année que Matt Leinart des Cards de l'Arizona, Kellen Clemens des Jets de New York et Brodie Croyle, que les Chiefs avaient sélectionné en troisième ronde.

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'agit d'une cuvée intéressante.

Pour le plaisir, excluons mon coéquipier de la discussion. Si j'étais directeur général d'une équipe d'expansion et que j'avais à choisir un seul de ces quarts pour bâtir les fondations de mon équipe, j'opterais pour le jeune général des Broncos de Denver. C'est selon moi celui qui a été le plus impressionnant jusqu'à maintenant depuis son entrée dans la ligue.

Remarquez que je serais mal placé pour dire le contraire. Le kid a lancé quatre passes de touché contre nous il y a deux semaines.

C'est vrai que Cutler a la chance d'évoluer dans une meilleure équipe que les autres. Le plan de match offensif des Broncos, qui accorde beaucoup d'importance au jeu au sol, favorise également son apprentissage. Mais on peut quand même voir qu'il possède un très bon bras. Il a l'air très calme sur le terrain, on ne dirait pas qu'il n'a qu'une saison complète d'expérience.

Vince Young a beaucoup de talent et ses habiletés athlétiques sont exceptionnelles. C'est un joueur spécial qui peut vous faire mal de bien des façons. Mais il lui reste beaucoup de choses à améliorer. Il n'est pas un passeur pur. Ses statistiques ne sont pas très reluisantes, il a presque deux fois plus d'interceptions que de passes de touché.

À mes yeux, Cutler est le plus poli du groupe, celui qui, selon moi, a le plus de chances de devenir un quart-arrière complet dans la NFL.

Le fameux système de Shanahan

Parlons-en, du système dans lequel baigne Cutler. On parle depuis longtemps du fameux livre de jeu de l'entraîneur des Broncos, Mike Shanahan, qui donne l'impression que le commun des mortels pourrait connaître une saison de 1000 verges sous sa gouverne.

Le concept de Shanahan n'est pourtant pas sorcier. Tout ce qu'il demande à ses porteurs de ballon, c'est de foncer en ligne droite. Pas de feinte inutile, pas d'hésitation. Tu trouves le trou et tu rentres dedans.

On a l'impression que n'importe qui pourrait connaître du succès dans ces conditions, mais il faut plutôt donner le crédit aux Broncos, qui ont le flair pour découvrir des athlètes qui cadrent parfaitement dans leur philosophie et les faire bourgeonner. Regardez Selvin Young. Il n'a même pas été repêché. Il n'est pas le plus gros, pas le plus vite, mais on a vu son potentiel et il donne raison à ses patrons.

Même avec tout le talent qu'il a, je ne suis pas certain que Shaun Alexander pourrait connaître du succès avec les Broncos. C'est un porteur de ballon qui aime prendre son temps pour laisser le jeu se développer, laisser ses blocs se placer et ensuite décider s'il coupe à droite ou à gauche. Tout le contraire de ce qu'on lui demanderait de faire à Denver.

On a longtemps dit de Shanahan qu'il était arrogant d'affirmer que c'est son système qui faisait le succès de ses porteurs de ballon et non l'inverse, mais on n'a pas vraiment le choix de lui donner raison aujourd'hui.

Misère, pas encore Detroit!

Nous affrontons les Lions au Ford Field en fin de semaine. Je ne veux pas attirer la malchance, mais je crois pouvoir affirmer sans trop me tromper que ne sortirai pas de Detroit dans un état aussi piteux que les deux dernières fois que j'ai visité cette ville.

Par un drôle concours de circonstances, c'est dans la ville de l'automobile que j'ai disputé mes deux derniers matchs dans l'uniforme des Seahawks. Il y a d'abord eu le Super Bowl, que nous avons perdu contre les Steelers de Pittsburgh. Puis, au tout début de la saison suivante, j'y ai subi la blessure qui a mis fin à ma saison et à ma carrière à Seattle.

Disons qu'à chaque fois, je suis parti la tête entre les deux jambes. J'espère que ça va changer cette année, mais je ne ressens rien de spécial en sachant que je m'apprête à y retourner. Je sais bien que c'est une simple coïncidence si ces deux événements malheureux sont survenus au même endroit et je ne suis pas du genre superstitieux.

Pro Bowl : pas d'injustice

L'identité des joueurs qui participeront au Pro Bowl au terme de la saison a été dévoilée cette semaine et je ne peux pas dire que j'ai été très surpris par le résultat du vote. Chez nous, Tony Gonzalez participera au match pour une neuvième fois de suite tandis que Jarred Allen fera le voyage à Hawaii pour la toute première fois de sa carrière.

Je ne crois pas qu'on puisse crier à l'injustice et dire que des joueurs des Chiefs ont été oubliés au scrutin populaire. Quand vous avez un club perdant qui n'a fait aucune apparition à la télévision nationale depuis le début de la saison, il faut s'attendre à ça.

Assurément, notre botteur de dégagement, Dustin Colquitt, aurait eu sa place parmi les étoiles, mais comme je vous le disais il y a quelques semaines, on ne pouvait pas passer aux côtés de son confrère des Raiders d'Oakland, qui était tout simplement un incontournable.

On pourrait aussi parler de Brian Waters, un joueur de ligne offensive qui a déjà participé à cette classique deux fois depuis le début de sa carrière, mais encore une fois, avec la saison que notre offensive a connue, il ne fallait pas s'attendre à ce que des membres de notre ligne reçoivent des cadeaux.

Joyeux Noël!

C'est le temps des Fêtes, une période de l'année où mes coéquipiers et moi sommes particulièrement en demande au sein de la communauté de Kansas City.

Je m'implique de plusieurs façons pour rendre la vie des citoyens de la région plus facile, plus agréable. L'une d'elle est d'adopter une famille à l'approche de Noël, une expérience que je répète à chaque année depuis mon arrivée dans la NFL. On reçoit une fiche avec le nom des gens qu'on parraine, l'âge et le sexe des enfants de la famille en plus de leur liste de souhaits. On leur achète des présents et l'organisation des Chiefs s'occupe de les redistribuer.

J'aime beaucoup m'impliquer de cette façon. J'ai trois enfants et je sais qu'ils sont gâtés. Ils ne manquent de rien, mais ce n'est pas tout le monde qui a cette chance.

Ma conjointe aussi s'implique dans la communauté. Avec les femmes des autres joueurs, elle participe à diverses activités pour amasser de l'argent, distribuer de la nourriture, des trucs comme ça.

Ça tombe bien cette année parce que le 24 décembre tombe un lundi. Pour nous, c'est l'idéal, puisque c'est le premier de nos deux jours de congé dans la semaine. Les enfants n'auront pas à voir leur père quitter la maison à 11h00 le matin de Noël pour aller travailler!

On prévoit recevoir la famille de ma sœur en plus de celle de Damon Huard, qui a trois enfants du même âge que les miens. Le lendemain de Noël, mes parents devraient arriver à la maison pour quelques jours.

Sur ce, je vous souhaite tout ce qu'il y a de mieux pour la nouvelle année. On se reparle bientôt!

*Propos recueillis par Nicolas Landry.