MONTRÉAL – Jon Cornish, Juwan Simpson et Charleston Hughes sont des pièces maîtresses des Stampeders de Calgary. Bien avant d’être des partants en attaque et en défense, ces trois joueurs ont fait leurs classes sur les unités spéciales.

Telle est la mentalité des champions en titre de la coupe Grey.

« Si on regarde nos partants en attaque et en défense, ils ont tous commencé sur les unités spéciales. Jon Cornish était un excellent joueur sur les unités spéciales. Deron Mayo, Simpson et Hughes, ils ont tous commencé là », a expliqué le coordonnateur des unités spéciales des Stamps, Mark Kilam.

Aujourd’hui, c’est maintenant au tour des jeunes Québécois Adam Thibault et William Langlais de faire leur place. Les deux joueurs sont sur le terrain pour les bottés d’envoi et de dégagement, que ce soit les Stampeders qui reçoivent le ballon ou non.

Thibault, un demi défensif de deuxième année âgé de 25 ans, prend son rôle très au sérieux. Son exemple à suivre est l'un de ses anciens entraîneurs chez le Rouge et Or de l’Université Laval.

« Il y en a qui ont eu de longues carrières en jouant uniquement sur les unités spéciales. Mathieu Bertrand, qui jouait aussi comme centre-arrière, en est un. Je le prends comme exemple alors je me donne à 100 % », a-t-il indiqué dans un entretien téléphonique avec le RDS.ca.

Thibault est une arme redoutable sur les unités spéciales. Le demi défensif originaire de Québec possède tous les atouts pour rendre son entraîneur des unités spéciales très heureux.

« Quand nous avons repêché Adam, nous savions qu’il était un excellent joueur sur les unités spéciales avec l’Université Laval, a mentionné Kilam. Il éclot dans ce rôle. Il évoluait sur l’équipe d’entraînement jusqu’au mois d’août l’an dernier avant d’avoir sa première opportunité. Quand il a finalement joué, nous ne pouvions plus le retirer de la formation parce qu’il avait un impact. »

Langlais n’a pas eu à patienter avant d’enfiler son chandail numéro 23. Le choix de troisième tour des Stamps au plus récent repêchage a été en uniforme lors des quatre premiers matchs de la campagne.

L’ancien du Vert et Or avait fait bonne impression lors des camps d’évaluation régional de Montréal et national de Toronto en mars dernier. Langlais a poursuivi son entraînement intensif durant le printemps et le centre-arrière a réussi à se tailler un poste avec la formation albertaine.

« Il a démontré de belles choses durant les matchs préparatoires. C’est un joueur qui parcourt le terrain verticalement sur les retours. J’aime son côté physique. Tu as besoin de joueur comme lui pour que le reste de ton équipe de couverture ait du succès », a rappelé Kilam, un entraîneur très apprécié par ses joueurs.

Un pressentiment qui se confirme

Souvent la facette dans l’ombre, les unités spéciales des Stampeders font parler d’elles cette saison. La semaine dernière, Thibault a inscrit le premier touché de sa carrière à la suite d’un botté de dégagement bloqué par son coéquipier Adam Berger.

« J’étais à mon endroit habituel près de la ligne de 35 verges, a dit Kilam qui en est à sa sixième saison comme coordonnateur des unités spéciales de Calgary. J’ai vu que les Bombers se plaçaient d’une manière dont nous avions pratiqué pour les surprendre. J’ai dit à un entraîneur près de moi : "nous allons bloquer le dégagement pour un touché". » 

Mark Kilam

« Je ne m’en attendais vraiment pas. C’est sûr que c’était une belle surprise, a révéléThibault avec l’excitation du moment encore dans la voix. Je savais qu’on amenait beaucoup de pression. J’ai eu un rebond un peu chanceux. Le ballon se dirigeait hors ligne. Il a rebondi à l’intérieur du terrain. Alors tout ce qu’il me restait à faire, c’était de le ramasser et de marquer. »

William Langlais était tout près pour voir la séquence. La recrue s’occupait d’attirer des blocs pour ouvrir le chemin pour Berger et Thibault. Lors des célébrations dans la zone des buts, il était parmi les premiers à accourir vers Thibault pour partager la joie de ce majeur qui relançait les Stampeders.

« Nous essayons toujours de créer une étincelle sur les unités spéciales et nous l’avons fait en provoquant un échappé sur le retour de dégagement précédent et évidemment le botté bloqué pour un touché nous a ramenés dans le match. Nous voulons que le reste de l’équipe soit motivé par ce que nous faisons », s’est exclamé Kilam qui est dans l’organisation des Stamps depuis 2005.

Le touché de Thibault - après une transformation d’un point ratée suivie d’un simple sur le botté d’envoi - permettait à Calgary d’inscrire 16 points sans riposte pour faire 16-16.

Le botteur Rene Paredes, un ancien des Stingers de Concordia, a inscrit les points victorieux avec un placement de 40 verges tard au quatrième quart. Les Stampeders ont finalement tenu le coup pour l’emporter 26-25.

Bref, une performance des unités spéciales digne d'une équipe championne.

Thibault et Langlais continueront de bûcher sur les unités spéciales en attendant l’opportunité d’évoluer à leur position respective. Quand celle-ci viendra, le sympathique coordonnateur des unités spéciales croit que les deux hommes sauront la saisir.

« Ils doivent continuer de jouer le rôle qu’on leur donne et présentement, c’est sur les unités spéciales. Plus tard, quand ils auront l’opportunité en attaque ou en défense, ils doivent sauter dessus », a lancé Mark Kilam qui affirme prendre bien soin des joueurs qui se donnent corps et âme sur les unités spéciales.

Un changement de position payant

Adam Thibault avait toujours caressé le rêve de jouer au niveau professionnel. Le produit des cégeps de Beauce-Appalaches et de Lennoxville avait tout le talent pour espérer le réaliser.

Après trois saisons comme receveur de passes, Thibault a fait l’audacieux choix de changer de position à sa quatrième saison avec le Rouge et Or. Pourquoi? Pour se donner un nouveau défi en tant que demi défensif et pour être plus dans l’action.

Thibault s'est donc lancé dans cette nouvelle aventure sans savoir s'il allait être partant dans l'unité défensive. Il a finalement relevé le défi du changement de position et il a remporté une troisième coupe Vanier à sa dernière saison à Laval en 2013.

Depuis qu’il a été repêché en troisième ronde en 2014, Thibault file le parfait bonheur en tant que joueur professionnel.

« C’est encore mieux que je pensais. On a la belle vie. J’ai fait ça toute ma vie de jouer au football gratuitement. Je le ferais encore gratuitement. Mais à la fin de la semaine, nous avons un chèque qui rentre qui est assez intéressant. Tout ce que tu as à faire, c’est prendre soin de ton corps, étudier tes jeux et regarder des vidéos des autres équipes », a-t-il relaté lui qui attend sa chance en défense.

Thibault demeure 12 mois par année à Calgary. Pendant la saison morte, l’athlète de six pieds et 202 livres travaille dans le domaine de la construction en compagnie d’un ancien du Rouge et Or, Étienne Légaré, récemment retraité du football.

Le numéro 41 des Stampeders vit donc seul puisque les autres Québécois de l’équipe, dont ses anciens coéquipiers avec le Rouge et Or Pierre Lavertu et Karl Lavoie, retournent dans la Belle Province durant l’hiver.

Thibault cohabitait avec le receveur Simon Charbonneau-Campeau lors de sa saison recrue. C’est maintenant Langlais qui a le privilège d’être le colocataire du vétéran de quatre saisons.

Tout comme lui, Charbonneau-Campeau, dont la saison est vraisemblablement terminée en raison d’une fracture de la jambe droite, a aussi évolué à l’Université de Sherbrooke. Les deux anciens du Vert et Or n’ont toutefois jamais été coéquipiers avant la venue de Langlais à Calgary.