MONTRÉAL - Antoine Pruneau a dû prendre une décision déchirante en 2014 : vivre son rêve de devenir joueur professionnel ou le mettre en veilleuse pendant une saison pour revenir disputer sa dernière année d’admissibilité avec les Carabins.

Le polyvalent joueur défensif a opté de se joindre au Rouge et Noir d’Ottawa qui l’avait repêché avec le quatrième choix au total. Pruneau a connu beaucoup de succès comme recrue étant partant comme demi défensif dès ses premier pas, obtenant même le titre de joueur canadien du mois d’octobre.

Pendant qu’il connaissait des débuts fracassants dans la LCF, ses anciens coéquipiers, qui sont pour la plupart de bons amis, allaient remporter la première coupe Vanier de l’histoire du programme de l’Université de Montréal.

Pruneau est finalement devenu un champion à son tour en remportant la coupe Grey avec le Rouge et Noir, il y a environ un mois. Lundi, Pruneau est fièrement rentré dans le vestiaire des Carabins avec la coupe vieille de 104 ans au bout des bras.

Antoine Pruneau« Ce n’est pas celle-là que je voulais ramener ici, mais c’est un beau prix de consolation. C’est vraiment spécial d’être ici (à l’UdeM) avec ce trophée. Les Carabins, c’est là que ç’a décollé et que le rêve a commencé à se concrétiser. Il y a un trophée et un champion devant vous. Je suis content », a indiqué celui qui était aux côtés de son ancien entraîneur, Danny Maciocia, durant la mêlée de presse.

« Je suis certain d’avoir pris la bonne décision quand j’ai quitté l'université. C’est sûr qu’il y avait beaucoup d’émotions quand j’ai vu mes coéquipiers [gagner la coupe Vanier]. C’était des gars avec qui j’avais travaillé durant toute la saison morte. Ramener [la coupe Grey], c’est comme de dire "moi aussi je suis un champion. Maintenant, je vais l’avoir ma bague et vous allez arrêter de me baver" », a ajouté en riant celui qui était extrêmement fier de son alma mater lorsqu’elle est devenue championne en novembre 2014.

« Aujourd’hui, la vie a un peu changé. C’est la première fois que je me sens pleinement satisfait de ma carrière de football », a réalisé Pruneau au cours des dernières semaines lui qui a aussi visité son ancienne école secondaire, le Collège Laval, plus tôt dans la journée de lundi.

Pruneau est resté attaché aux Carabins comme bon nombre de finissants le sont avec leur programme universitaire respectif. Il n’est pas rare de le croiser sur les lignes de côté du CEPSUM lorsque le Rouge et Noir est en semaine de congé ou si l’équipe est à Montréal pour affronter les Alouettes.

« Je reviens toujours ici parce que je me sens comme chez moi. Ce vestiaire a complètement changé depuis le temps où je jouais ici. Je sens que je fais partie de tout ça. Je regarde les photos et ça me rend émotif. Il y a tellement de beaux moments que j’ai vécu ici avec du beau monde », a-t-il mentionné en regardant les différentes images qui ornent le vestiaire des Bleus qui a été rénové en 2015.

Le talent canadien à l’avant-plan à Ottawa

À sa troisième saison seulement depuis son retour dans la LCF, le Rouge et Noir a été couronné grand champion dans un match excitant face aux Stampeders.

Le directeur général Marcel Desjardins a réussi à construire une formation talentueuse et qui pouvait aspirer aux grands honneurs en peu de temps.

Ce qui est encore plus remarquable, c’est que Desjardins, l’entraîneur-chef Rick Campbell et tous les autres dirigeants de l’équipe ont fait une grande place aux joueurs canadiens. Selon les règlements de la LCF, chaque équipe doit aligner un minimum de sept Canadiens parmi la formation partante. À la Coupe Grey, 10 joueurs provenant du Canada étaient partants et l’équipe s’est même rendue jusqu’à en aligner 13 au cours de la saison.

Cory Watson et Antoine Pruneau« Depuis que je suis dans la LCF, je ne fais pas vraiment de différence entre les Américains et les Canadiens. Le football qui se passe ici, il est génial, a convenu Pruneau. La place des Canadiens dans la ligue va prendre plus d’ampleur. C’est une extrêmement grande fierté qu’on soit 10 Canadiens partants et ce sont des gars très impliqués dans l’équipe. »

Parmi cette multitude de Canadiens, on retrouve beaucoup de Québécois à Ottawa. On les a surnommés la « French Mafia ». Par contre, Antoine Pruneau est le seul représentant des Carabins au sein du Rouge et Noir. Et vous devinerez que le programme universitaire le plus représenté est celui de l’Université Laval avec les Arnaud Gascon-Nadon, Patrick Lavoie et compagnie.

« Je suis tout seul un peu dans mon monde avec les cinq gars du Rouge et Or. On a développé une belle complicité. Nous sommes des joueurs de football du Québec. C’est une grosse fierté pour nous d’où on vient. C’est certain que la rivalité des universités ne disparaît pas. On regarde chaque match entre Montréal et Laval avec beaucoup d’enthousiasme. La "French Mafia", c’est nice », a-t-il lancé avec un grand sourire qui démontre l’amitié qu’il a développée avec ses anciens ennemis.

Ottawa, un environnement propice au football

Lorsque rencontré lundi, Pruneau ne savait pas encore s’il serait de retour à Ottawa en 2017. Son contrat venant à échéance, il était peu loquace sur le déroulement des négociations avec l’équipe.

Pruneau désirait ardemment demeurer à Ottawa et le Rouge et Noir semblait tenir à lui aussi alors que les deux parties ont annoncé qu’ils en étaient venus à une entente. D’ailleurs, Pruneau avait manifesté son désir de rester avec la formation de la capitale fédérale.

« C’est un endroit incroyable pour jouer au football », avait-il affirmé devant les quelques journalistes qui avaient répondu à l’invitation de Pruneau et des Carabins.

Que vous parliez à des partisans, joueurs, entraîneurs, analystes ou journalistes qui ont déjà visité les installations du Rouge et Noir, tous s’entendent pour dire qu’elles sont parmi les plus belles de la LCF.

En plus d’un complexe d’entraînement qui est tout juste à côté du Stade TD, un petit quartier (appelé Lansdowne) a été construit autour du stade  ce qui crée de l’ambiance lors des jours de match.

« On sous-estime quasiment ce que cet environnement apporte à nos succès, a évalué Pruneau qui était maraudeur en fin de saison. [...] L’organisation compte beaucoup là-dessus. Ils savent que de proposer un bel environnement de travail ça donne le goût aux gars de jouer là. »

« Tous ceux que j’ai amenés à Lansdowne, c’est une des plus belles expériences de football qu’ils ont vécue. Ce n’est pas vrai que tout le monde est un grand fan de football. Les gens aiment le party, l’ambiance et les festivités d’un match de football. À Lansdowne, il y a de belles terrasses, de la bonne bière et le parc à côté pour les jeunes. C’est vraiment une journée familiale parfaite », a expliqué Pruneau qui a dit que les abonnements de saison étaient déjà tous vendus pour la saison 2017.

Selon lui, l’engouement ne cessera de grandir à l’entour de cette équipe qui a finalement réussi à s’implanter à Ottawa après deux tentatives échouées.

Pruneau espère maintenant faire partie des plans de l’équipe pendant plusieurs années pour bâtir une tradition gagnante sur le terrain.