Les souvenirs se bousculent
Football vendredi, 1 févr. 2008. 20:38 dimanche, 15 déc. 2024. 03:44
Il y a deux ans, c'est moi qui me préparais à vivre le match le plus important de ma vie. Depuis le début de la semaine, je regarde les bulletins d'information sportive et chaque fois ça me rappelle de bons souvenirs
En fait, dès que j'ai vu les Patriots et les Giants l'emporter lors des finales d'association, j'ai commencé à me mettre dans la peau des joueurs. À chaque étape qui les sépare du jour J, je sais exactement comment ils se sentent.
Au lendemain du match de championnat d'association, tu te réveilles et tu te dis "Wow, je m'en vais au Super Bowl!" Et là, c'est le temps de se mettre au travail. Il faut gérer la distribution des billets et la réservation des chambres d'hôtel pour tous les membres de notre famille et nos amis qui veulent faire le voyage. Évidemment, il y a toujours quelque chose qui ne fonctionne pas. On a besoin d'une chambre de plus, donc on essaie de trouver un joueur qui a moins d'invités et de lui échanger une chambre contre un billet supplémentaire.
Dans la première semaine, c'est presque uniquement ce qu'on fait. Honnêtement, c'est un peu plate et tu as hâte que ça finisse!
Dimanche dernier, on a vu les joueurs des deux équipes arriver en Arizona en vue de la dernière semaine de préparation. Encore une fois, je n'ai pas pu m'empêcher de me remémorer le jour où nous avions quitté Seattle en direction de Detroit.
Avant notre départ, nous avions fait une escale surprise au stade pour se nourrir des encouragements de nos partisans. Sans le dire aux joueurs, l'équipe avait prévu un arrêt entre le complexe d'entraînement et l'aéroport. C'était une journée typique de fin janvier à Seattle. Il faisait gris, froid, il pleuvait. À 9h00 du matin, quand notre autobus est arrivé aux environs du stade, on a commencé à entendre des bruits, de la musique. On se demandait ce qui se passait. Et puis on les avait vus. Ils étaient des milliers de fans à s'être déplacés pour nous souhaiter bonne chance. Coach Holmgren ainsi que certains joueurs s'étaient adressés à la foule. Juste d'y repenser, j'ai des frissons.
On commence vraiment à se concentrer sur le match et à réaliser ce qui nous arrive le mercredi, au lendemain de la journée consacrée aux médias. Dans le fond, c'est la même chose que pendant la saison. Le mercredi, les joueurs reçoivent le plan de match et les deux jours qui suivent sont consacrés à des entraînements intenses.
Dans la semaine précédant le Super Bowl, le niveau d'intensité des entraînements est deux fois plus élevé qu'en saison régulière. Il y a de l'électricité dans l'air, il faut vraiment le vivre pour comprendre. Les joueurs ne courent pas sur le terrain, ils volent. Et si, en temps normal, certains auraient pris une journée de congé pour soigner des petits bobos, là tout le monde est au rendez-vous.
Au moment d'écrire ces lignes, vendredi après-midi, les joueurs n'en peuvent plus. Leur dernier entraînement vient de se terminer et ils ne sont plus capables d'attendre. Le temps ne passe pas assez vite à leur goût. Ça fait deux semaines qu'on en parle, va-t-on finir par jouer?
Le samedi en après-midi, tu passes un peu de temps avec ta famille avant de retraiter à l'hôtel, d'où tu ne sortiras pas avant le lendemain. Le plus gros défi, c'est alors de se convaincre que tu te prépares à jouer un match comme un autre. Dieu sait que c'est loin d'en être un, mais en même temps, c'est tout ce qu'il y a de plus vrai. Ça reste un match de football disputé entre deux lignes blanches, un match comme on en dispute depuis le début du calendrier préparatoire.
Ce qui m'a le plus marqué dans cette semaine de fou, ce que je n'oublierai jamais, c'est l'atmosphère qui régnait au sein de notre équipe durant la semaine précédant le match. Je n'ai jamais fait partie d'une équipe tricotée aussi serrée qu'à ce moment-là. Tous les gars s'aiment et restent proches pour savourer le moment. Tout le monde, des joueurs aux entraîneurs en passant par tous les membres de l'équipe qui travaillent plus dans l'ombre, ressent la même fierté d'être parvenus là ensemble.
Avant d'arriver à Detroit, je m'étais promis de profiter de chaque seconde de mon expérience. J'étais conscient que je n'aurais probablement pas la chance de revivre tout ça une deuxième fois et je prenais souvent le temps de m'arrêter, de regarder autour de moi et de me pincer pour être sûr que je ne rêvais pas.
Deux ans plus tard, je suis capable d'apprécier l'expérience que j'ai vécue, mais l'amertume de la défaite demeure. Encore aujourd'hui, je me rappelle de chaque jeu du match dans les moindres détails.
C'est une autre chose qui m'a marqué au fer rouge. Pour notre retour à Seattle, l'équipe avait organisé un autre gros rassemblement pour célébrer notre victoire, mais disons que le party était tombé à l'eau. Il y avait quand même 10 000 personnes qui s'étaient déplacées pour nous accueillir, mais personne n'avait le cœur à la fête. Tu es sur une scène devant tout le monde, tu es fatigué parce que n'as pas dormi de la nuit, tu écoutes ton entraîneur tenter de consoler les amateurs et juste à penser que tu pourrais être là à célébrer une victoire et à faire la fête, tu as le goût de vomir.
Deux heures après, j'étais arrivé chez moi, je m'étais assis et j'avais vraiment réalisé que tout était fini. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, deux de mes enfants étaient malades!
Je ne change toujours pas d'idée
J'ai laissé un message à mon bon ami Jeff Feagles, le botteur de dégagement des Giants, cette semaine. J'ai joué avec lui à mes trois premières années chez les Seahawks. Il en est à sa 20e saison dans la NFL et c'est sa première présence au Super Bowl.
Il m'avait appelé il y a deux ans pour me dire de profiter pleinement de ce que j'allais vivre. À l'époque, il n'avait jamais goûté à la victoire en éliminatoires. Maintenant, il se retrouve au Super Bowl devant les siens, puisqu'il vient de Phoenix, en Arizona.
J'ai donc tenu à lui souhaiter bonne chance à mon tour. Je sais qu'il est débordé, donc je lui ai dit de me lâcher un coup de fil quand tout sera fini. Je vais porter une attention particulière à ses performances dimanche. Je lui souhaite de gagner, mais d'après moi ses chances sont minces!
En effet, je dis depuis le début que les Patriots iront jusqu'au bout et ce n'est pas aujourd'hui que je vais changer d'idée.
Je ne pense pas qu'on va assister à un massacre dans le genre du Super Bowl XXIV, alors que les 49ers avaient varlopé les Broncos 55-10, mais en même temps ça ne sera pas aussi serré que le dernier match de la saison régulière, remporté 38-35 par les Patriots. Je m'attends à ce que ces derniers complètent leur saison parfaite en l'emportant par une marge de deux touchés.
Plusieurs observateurs ont fait référence à la victoire serrée des Pats lors du dernier match entre les deux équipes pour prédire une surprise, mais on semble oublier quelques faits par rapport à cette rencontre.
D'abord, malgré le prétendu bon travail de la défensive des Giants, Tom Brady avait quand même récolté 350 verges par la passe. Ensuite, New York avait été incapable d'appliquer de la pression sur Brady même si les Patriots étaient privés des services de deux partants sur la ligne offensive et de l'ailier rapproché Kyle Brady. Et les Giants avaient profité d'un touché sur les unités spéciales pour suivre le rythme imposé par les Pats.
Dimanche, l'attaque des Giants devra être en forme, parce qu'on peut compter sur celle des Patriots pour marquer encore une fois des points en quantité industrielle. Je dois faire mon mea culpa, puisque j'ai répété à chaque semaine au cours du dernier mois que les Giants ne pouvaient aller nulle part avec Eli Manning. Le jeunot a très bien fait et mérite beaucoup de crédit pour les succès de son équipe, mais je doute fortement qu'il fasse des miracles en fin de semaine.
L'efficacité de Manning sera mesurée par la capacité de ses hommes à le protéger adéquatement. C'est pour cette raison que je crois qu'il s'agira du duel le plus intéressant à surveiller : celui opposant la ligne offensive des Giants au front défensif des Patriots. Manning a toujours eu de la difficulté à composer avec la pression, à se sortir de situations corsées pour réaliser le gros jeu. Si les Patriots sont capables de lui chauffer le derrière, sans nécessairement le rabattre derrière sa ligne de mêlée, la tâche sera doublement ardue pour les Giants.
La blessure de Brady : de la frime?
L'histoire qui a fait le plus jaser au cours des dernières semaines, c'est la blessure à la cheville de Brady, qui a été vu à marcher avec une espèce de botte protectrice dans les jours suivant le match contre San Diego.
Je ne crois pas qu'il s'agisse là d'une quelconque ruse de la part de Bill Belichick pour détourner l'attention et soulager ses joueurs d'une certaine pression, mais je suis certain qu'il n'y a rien de bien inquiétant dans toute cette histoire pour les favoris. La "botte" de Brady, tous les joueurs qui soignent une blessure mineure en portent une quand ils ont une semaine de congé pour complètement reposer la partie blessée et revenir plus fort après. C'est une mesure préventive, rien d'autre. Je suis certain que Brady sera à son poste et que rien ne paraîtra.
Mais les gens aiment avoir des histoires à raconter avant le Super Bowl. Surtout que les Patriots ne sont pas le genre d'équipe qui va alimenter les journalistes avec un paquet de déclarations croustillantes. Je peux comprendre que les médias aient fait leurs choux gras avec toute cette histoire.
Les gros mots de Plaxico
On dirait que c'est inévitable. Il y a quelques jours, Plaxico Burress a fait couler beaucoup d'encre en prédisant une victoire des Giants. Plusieurs se sont alors pris la tête à deux mains en se disant qu'il venait de se mettre le pied dans la bouche et que les Patriots n'avaient vraiment pas besoin d'une source de motivation supplémentaire.
De mon point de vue, je ne crois que ce genre de déclaration soit un énorme facteur dans le dénouement d'une partie. Je veux dire, il faut quand même jouer le match et sur le terrain, les paroles ne peuvent rien faire pour t'aider ou te nuire. Sauf qu'il est vrai que les Patriots ont la réputation de se nourrir de tout ce que les autres peuvent dire contre eux. Belichick est maître dans l'art de motiver ses joueurs en leur faisant gober qu'ils se battent contre le reste du monde, que tout le monde est contre eux.
Ce n'est peut-être pas ça qui va leur faire gagner le match, mais je trouve que c'est significatif. On n'a qu'à se rappeler le sort qu'ils ont réservé aux Steelers après les déclarations du maraudeur Anthony Smith. Les Patriots comptent sur des vétérans comme Rodney Harrison et Junior Seau, des gars qui n'aiment pas entendre les autres parler pour ne rien dire et qui se font un malin plaisir à leur faire ravaler leurs paroles.
Une tempête dans un verre d'eau? Peut-être, sauf qu'on peut quand même poser la question à Burress : comment peux-tu te permettre d'être aussi arrogant face à une équipe qui n'a toujours pas perdu un match cette année?
Les meilleurs, sans l'ombre d'un doute
Dans quelques jours, la Nouvelle-Angleterre tentera d'écrire une nouvelle page dans le livre des records et les experts se livrent un débat intéressant. Quelle est la place qui revient aux Patriots de 2007 dans l'histoire de la NFL? Parle-t-on ici de la meilleure équipe de football jamais assemblée?
Certains croient qu'il s'agit encore des Dolphins de 1972. On pourrait plaider la cause des Steelers de Pittsburgh des années 1970, des 49ers de San Francisco des années 1980 ou des Cowboys de Dallas du début des années 1990. En ce qui me concerne, le débat ne devrait même pas avoir lieu : l'édition actuelle des Patriots est de loin la plus dominante de l'histoire.
Mon premier argument est fort simple. Combien d'équipes auparavant ont compilé un dossier de 19-0? Aucune.
Deuxièmement, la parité qui règne aujourd'hui entre les équipes du circuit est beaucoup plus forte qu'à l'époque des Dolphins, par exemple. Aujourd'hui, toutes les équipes sont tellement près d'être au même niveau Je ne crois pas que tout le monde réalise à quel point il est difficile de gagner 16 matchs de suite en saison régulière dans la NFL. Toutes les équipes vont échapper un match qu'elles étaient supposées gagner à un moment ou un autre. Les Patriots, eux, n'ont jamais flanché. Ils n'ont jamais commis le genre d'erreurs mentales qui les auraient coulés contre un adversaire moins fort sur papier.
L'organisation des Patriots mérite encore plus de respect pour avoir bâti une dynastie quand on compare les époques. Il y a 20 ou 30 ans, on ne risquait pas de voir une équipe être démembrée par l'autonomie des joueurs ou à cause du plafond salarial. Si tu avais un bon club et que tu repêchais bien, tu pouvais rester au sommet pendant longtemps. Tu n'avais pas à craindre qu'un joueur quitte pour aller gagner plus d'argent sous d'autres cieux. Les 49ers ont déjà eu Joe Montana, Steve Young et Steve Bono dans la même équipe. Personne ne pourrait se permettre ce luxe aujourd'hui!
La fin d'une autre saison
Je vais donc, comme vous, être rivé devant mon écran dimanche. Des nachos, quelques hamburgers, des ailes de poulet J'organise une petite soirée chez moi avec la famille et quelques amis, rien de trop gros. Je rentrerai ensuite à Montréal une fois l'année scolaire de mes enfants terminée et sans s'en rendre compte, la prochaine saison sera sur le point de débuter.
Ce fut un plaisir de parler football avec vous au cours des derniers mois. Au plaisir de reprendre cette conversation l'automne prochain!
À bientôt,
Jean-Philippe.
*Propos recueillis par Nicolas Landry
En fait, dès que j'ai vu les Patriots et les Giants l'emporter lors des finales d'association, j'ai commencé à me mettre dans la peau des joueurs. À chaque étape qui les sépare du jour J, je sais exactement comment ils se sentent.
Au lendemain du match de championnat d'association, tu te réveilles et tu te dis "Wow, je m'en vais au Super Bowl!" Et là, c'est le temps de se mettre au travail. Il faut gérer la distribution des billets et la réservation des chambres d'hôtel pour tous les membres de notre famille et nos amis qui veulent faire le voyage. Évidemment, il y a toujours quelque chose qui ne fonctionne pas. On a besoin d'une chambre de plus, donc on essaie de trouver un joueur qui a moins d'invités et de lui échanger une chambre contre un billet supplémentaire.
Dans la première semaine, c'est presque uniquement ce qu'on fait. Honnêtement, c'est un peu plate et tu as hâte que ça finisse!
Dimanche dernier, on a vu les joueurs des deux équipes arriver en Arizona en vue de la dernière semaine de préparation. Encore une fois, je n'ai pas pu m'empêcher de me remémorer le jour où nous avions quitté Seattle en direction de Detroit.
Avant notre départ, nous avions fait une escale surprise au stade pour se nourrir des encouragements de nos partisans. Sans le dire aux joueurs, l'équipe avait prévu un arrêt entre le complexe d'entraînement et l'aéroport. C'était une journée typique de fin janvier à Seattle. Il faisait gris, froid, il pleuvait. À 9h00 du matin, quand notre autobus est arrivé aux environs du stade, on a commencé à entendre des bruits, de la musique. On se demandait ce qui se passait. Et puis on les avait vus. Ils étaient des milliers de fans à s'être déplacés pour nous souhaiter bonne chance. Coach Holmgren ainsi que certains joueurs s'étaient adressés à la foule. Juste d'y repenser, j'ai des frissons.
On commence vraiment à se concentrer sur le match et à réaliser ce qui nous arrive le mercredi, au lendemain de la journée consacrée aux médias. Dans le fond, c'est la même chose que pendant la saison. Le mercredi, les joueurs reçoivent le plan de match et les deux jours qui suivent sont consacrés à des entraînements intenses.
Dans la semaine précédant le Super Bowl, le niveau d'intensité des entraînements est deux fois plus élevé qu'en saison régulière. Il y a de l'électricité dans l'air, il faut vraiment le vivre pour comprendre. Les joueurs ne courent pas sur le terrain, ils volent. Et si, en temps normal, certains auraient pris une journée de congé pour soigner des petits bobos, là tout le monde est au rendez-vous.
Au moment d'écrire ces lignes, vendredi après-midi, les joueurs n'en peuvent plus. Leur dernier entraînement vient de se terminer et ils ne sont plus capables d'attendre. Le temps ne passe pas assez vite à leur goût. Ça fait deux semaines qu'on en parle, va-t-on finir par jouer?
Le samedi en après-midi, tu passes un peu de temps avec ta famille avant de retraiter à l'hôtel, d'où tu ne sortiras pas avant le lendemain. Le plus gros défi, c'est alors de se convaincre que tu te prépares à jouer un match comme un autre. Dieu sait que c'est loin d'en être un, mais en même temps, c'est tout ce qu'il y a de plus vrai. Ça reste un match de football disputé entre deux lignes blanches, un match comme on en dispute depuis le début du calendrier préparatoire.
Ce qui m'a le plus marqué dans cette semaine de fou, ce que je n'oublierai jamais, c'est l'atmosphère qui régnait au sein de notre équipe durant la semaine précédant le match. Je n'ai jamais fait partie d'une équipe tricotée aussi serrée qu'à ce moment-là. Tous les gars s'aiment et restent proches pour savourer le moment. Tout le monde, des joueurs aux entraîneurs en passant par tous les membres de l'équipe qui travaillent plus dans l'ombre, ressent la même fierté d'être parvenus là ensemble.
Avant d'arriver à Detroit, je m'étais promis de profiter de chaque seconde de mon expérience. J'étais conscient que je n'aurais probablement pas la chance de revivre tout ça une deuxième fois et je prenais souvent le temps de m'arrêter, de regarder autour de moi et de me pincer pour être sûr que je ne rêvais pas.
Deux ans plus tard, je suis capable d'apprécier l'expérience que j'ai vécue, mais l'amertume de la défaite demeure. Encore aujourd'hui, je me rappelle de chaque jeu du match dans les moindres détails.
C'est une autre chose qui m'a marqué au fer rouge. Pour notre retour à Seattle, l'équipe avait organisé un autre gros rassemblement pour célébrer notre victoire, mais disons que le party était tombé à l'eau. Il y avait quand même 10 000 personnes qui s'étaient déplacées pour nous accueillir, mais personne n'avait le cœur à la fête. Tu es sur une scène devant tout le monde, tu es fatigué parce que n'as pas dormi de la nuit, tu écoutes ton entraîneur tenter de consoler les amateurs et juste à penser que tu pourrais être là à célébrer une victoire et à faire la fête, tu as le goût de vomir.
Deux heures après, j'étais arrivé chez moi, je m'étais assis et j'avais vraiment réalisé que tout était fini. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, deux de mes enfants étaient malades!
Je ne change toujours pas d'idée
J'ai laissé un message à mon bon ami Jeff Feagles, le botteur de dégagement des Giants, cette semaine. J'ai joué avec lui à mes trois premières années chez les Seahawks. Il en est à sa 20e saison dans la NFL et c'est sa première présence au Super Bowl.
Il m'avait appelé il y a deux ans pour me dire de profiter pleinement de ce que j'allais vivre. À l'époque, il n'avait jamais goûté à la victoire en éliminatoires. Maintenant, il se retrouve au Super Bowl devant les siens, puisqu'il vient de Phoenix, en Arizona.
J'ai donc tenu à lui souhaiter bonne chance à mon tour. Je sais qu'il est débordé, donc je lui ai dit de me lâcher un coup de fil quand tout sera fini. Je vais porter une attention particulière à ses performances dimanche. Je lui souhaite de gagner, mais d'après moi ses chances sont minces!
En effet, je dis depuis le début que les Patriots iront jusqu'au bout et ce n'est pas aujourd'hui que je vais changer d'idée.
Je ne pense pas qu'on va assister à un massacre dans le genre du Super Bowl XXIV, alors que les 49ers avaient varlopé les Broncos 55-10, mais en même temps ça ne sera pas aussi serré que le dernier match de la saison régulière, remporté 38-35 par les Patriots. Je m'attends à ce que ces derniers complètent leur saison parfaite en l'emportant par une marge de deux touchés.
Plusieurs observateurs ont fait référence à la victoire serrée des Pats lors du dernier match entre les deux équipes pour prédire une surprise, mais on semble oublier quelques faits par rapport à cette rencontre.
D'abord, malgré le prétendu bon travail de la défensive des Giants, Tom Brady avait quand même récolté 350 verges par la passe. Ensuite, New York avait été incapable d'appliquer de la pression sur Brady même si les Patriots étaient privés des services de deux partants sur la ligne offensive et de l'ailier rapproché Kyle Brady. Et les Giants avaient profité d'un touché sur les unités spéciales pour suivre le rythme imposé par les Pats.
Dimanche, l'attaque des Giants devra être en forme, parce qu'on peut compter sur celle des Patriots pour marquer encore une fois des points en quantité industrielle. Je dois faire mon mea culpa, puisque j'ai répété à chaque semaine au cours du dernier mois que les Giants ne pouvaient aller nulle part avec Eli Manning. Le jeunot a très bien fait et mérite beaucoup de crédit pour les succès de son équipe, mais je doute fortement qu'il fasse des miracles en fin de semaine.
L'efficacité de Manning sera mesurée par la capacité de ses hommes à le protéger adéquatement. C'est pour cette raison que je crois qu'il s'agira du duel le plus intéressant à surveiller : celui opposant la ligne offensive des Giants au front défensif des Patriots. Manning a toujours eu de la difficulté à composer avec la pression, à se sortir de situations corsées pour réaliser le gros jeu. Si les Patriots sont capables de lui chauffer le derrière, sans nécessairement le rabattre derrière sa ligne de mêlée, la tâche sera doublement ardue pour les Giants.
La blessure de Brady : de la frime?
L'histoire qui a fait le plus jaser au cours des dernières semaines, c'est la blessure à la cheville de Brady, qui a été vu à marcher avec une espèce de botte protectrice dans les jours suivant le match contre San Diego.
Je ne crois pas qu'il s'agisse là d'une quelconque ruse de la part de Bill Belichick pour détourner l'attention et soulager ses joueurs d'une certaine pression, mais je suis certain qu'il n'y a rien de bien inquiétant dans toute cette histoire pour les favoris. La "botte" de Brady, tous les joueurs qui soignent une blessure mineure en portent une quand ils ont une semaine de congé pour complètement reposer la partie blessée et revenir plus fort après. C'est une mesure préventive, rien d'autre. Je suis certain que Brady sera à son poste et que rien ne paraîtra.
Mais les gens aiment avoir des histoires à raconter avant le Super Bowl. Surtout que les Patriots ne sont pas le genre d'équipe qui va alimenter les journalistes avec un paquet de déclarations croustillantes. Je peux comprendre que les médias aient fait leurs choux gras avec toute cette histoire.
Les gros mots de Plaxico
On dirait que c'est inévitable. Il y a quelques jours, Plaxico Burress a fait couler beaucoup d'encre en prédisant une victoire des Giants. Plusieurs se sont alors pris la tête à deux mains en se disant qu'il venait de se mettre le pied dans la bouche et que les Patriots n'avaient vraiment pas besoin d'une source de motivation supplémentaire.
De mon point de vue, je ne crois que ce genre de déclaration soit un énorme facteur dans le dénouement d'une partie. Je veux dire, il faut quand même jouer le match et sur le terrain, les paroles ne peuvent rien faire pour t'aider ou te nuire. Sauf qu'il est vrai que les Patriots ont la réputation de se nourrir de tout ce que les autres peuvent dire contre eux. Belichick est maître dans l'art de motiver ses joueurs en leur faisant gober qu'ils se battent contre le reste du monde, que tout le monde est contre eux.
Ce n'est peut-être pas ça qui va leur faire gagner le match, mais je trouve que c'est significatif. On n'a qu'à se rappeler le sort qu'ils ont réservé aux Steelers après les déclarations du maraudeur Anthony Smith. Les Patriots comptent sur des vétérans comme Rodney Harrison et Junior Seau, des gars qui n'aiment pas entendre les autres parler pour ne rien dire et qui se font un malin plaisir à leur faire ravaler leurs paroles.
Une tempête dans un verre d'eau? Peut-être, sauf qu'on peut quand même poser la question à Burress : comment peux-tu te permettre d'être aussi arrogant face à une équipe qui n'a toujours pas perdu un match cette année?
Les meilleurs, sans l'ombre d'un doute
Dans quelques jours, la Nouvelle-Angleterre tentera d'écrire une nouvelle page dans le livre des records et les experts se livrent un débat intéressant. Quelle est la place qui revient aux Patriots de 2007 dans l'histoire de la NFL? Parle-t-on ici de la meilleure équipe de football jamais assemblée?
Certains croient qu'il s'agit encore des Dolphins de 1972. On pourrait plaider la cause des Steelers de Pittsburgh des années 1970, des 49ers de San Francisco des années 1980 ou des Cowboys de Dallas du début des années 1990. En ce qui me concerne, le débat ne devrait même pas avoir lieu : l'édition actuelle des Patriots est de loin la plus dominante de l'histoire.
Mon premier argument est fort simple. Combien d'équipes auparavant ont compilé un dossier de 19-0? Aucune.
Deuxièmement, la parité qui règne aujourd'hui entre les équipes du circuit est beaucoup plus forte qu'à l'époque des Dolphins, par exemple. Aujourd'hui, toutes les équipes sont tellement près d'être au même niveau Je ne crois pas que tout le monde réalise à quel point il est difficile de gagner 16 matchs de suite en saison régulière dans la NFL. Toutes les équipes vont échapper un match qu'elles étaient supposées gagner à un moment ou un autre. Les Patriots, eux, n'ont jamais flanché. Ils n'ont jamais commis le genre d'erreurs mentales qui les auraient coulés contre un adversaire moins fort sur papier.
L'organisation des Patriots mérite encore plus de respect pour avoir bâti une dynastie quand on compare les époques. Il y a 20 ou 30 ans, on ne risquait pas de voir une équipe être démembrée par l'autonomie des joueurs ou à cause du plafond salarial. Si tu avais un bon club et que tu repêchais bien, tu pouvais rester au sommet pendant longtemps. Tu n'avais pas à craindre qu'un joueur quitte pour aller gagner plus d'argent sous d'autres cieux. Les 49ers ont déjà eu Joe Montana, Steve Young et Steve Bono dans la même équipe. Personne ne pourrait se permettre ce luxe aujourd'hui!
La fin d'une autre saison
Je vais donc, comme vous, être rivé devant mon écran dimanche. Des nachos, quelques hamburgers, des ailes de poulet J'organise une petite soirée chez moi avec la famille et quelques amis, rien de trop gros. Je rentrerai ensuite à Montréal une fois l'année scolaire de mes enfants terminée et sans s'en rendre compte, la prochaine saison sera sur le point de débuter.
Ce fut un plaisir de parler football avec vous au cours des derniers mois. Au plaisir de reprendre cette conversation l'automne prochain!
À bientôt,
Jean-Philippe.
*Propos recueillis par Nicolas Landry