L'affrontement Patrots c. Seahawks sera présenté dimanche soir à 20 h sur les ondes de RDS et RDS Direct.

L'AVANT-MATCH

Une des confrontations que j'ai le plus hâte de voir cette semaine, c'est celle entre les Seahawks de Seattle et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, dimanche soir. Cette rencontre sera d’ailleurs présentée sur les ondes de RDS à 20 h.

J'ai hâte parce que quand on regarde la performance des deux équipes en ouverture de saison, il y a des éléments intrigants qui ressortent.

Quand je pense au dernier match des Seahawks, je constate que les Falcons d'Atlanta s'étaient de toute évidence préparés à arrêter le jeu au sol, parce qu’historiquement, c'est ça les Seahawks : beaucoup de jeux au sol avec quelques passes. C'est toujours un peu l'inconnu lors de la première semaine, mais encore plus cette année sans match préparatoire et bandes vidéo à analyser. Il faut donc se fier à l'historique de l'équipe, à ses tendances, à la composition de la formation et se fier à ses instincts... bref, ce n'était pas évident et je ne pense pas que les Falcons s'attendaient à du jeu de passes à outrance de la part des Seahawks. Ils ont bien été surpris.

Seattle a lancé 35 passes et tenté que 20 courses. C'est rare de voir un tel débalancement. Habituellement les Seahawks jouent bien défensivement, ils courent, gardent le match serré jusqu'au quatrième quart et puis en fin de match le quart-arrière Russell Wilson sort une séquence qui permet de gagner avec un pointage de 20-17 ou 17-14, dans ce genre-là.

Je sais que c'est encore jeune comme saison, mais quand tu regardes la défense des Seahawks, je ne pense pas qu'elle va être aussi dominante que par le passé. Il va falloir que l'attaque produise plus, ce qui signifie pour moi que ça devient plus que jamais l'équipe de Russell Wilson. Et pourquoi pas? C'est un des meilleurs quarts-arrières de la ligue, c'est un candidat au titre de joueur par excellence du circuit régulièrement au cours des dernières années. Pourquoi ne pas utiliser davantage ses forces plutôt que de s'entêter à courir. Je trouve ça le fun, on a quelque chose d'intéressant entre les mains avec Wilson et son groupe de receveurs.

La philosophie semble maintenant de passer tôt dans le match pour prendre l'avance puis forcer l'adversaire à faire du football de rattrapage. Et si nécessaire, on peut courir pour protéger l'avance en deuxième demie. Mais en tout cas, en deuxième demie contre les Falcons la semaine dernière, c'était encore Russell Wilson qui était utilisé et qui faisait la différence. C'est comme si on l'avait enfin délivré de son carcan, qu'on avait décidé de lui donner plus de liberté. Il faut croire qu'on l'a finalement écouté, parce que ça faisait quelques années déjà qu'il demandait d'avoir une attaque avec plus de tempo, avec une sélection de jeux un peu plus agressive afin de passer à un autre niveau. Il voit autour de lui des équipes comme les Chiefs de Kansas City qui ont gagné le Super Bowl avec une attaque productive, et il voulait s'en aller dans cette direction.

Le meilleur exemple d'une sélection de jeux agressifs, on l'a vu au début du troisième quart alors que les Seahawks étaient en quatrième essai et 5 à la ligne de 38 des Falcons. C'est ce je qualifie habituellement de zone grise : trop loin pour un botté de précision, mais si tu tentes un botté de dégagement, ton botté peut se retrouver dans la zone des buts et l'adversaire reprend le ballon à sa ligne de 20. Dans cette situation, les équipes ont tendance à jouer le tout pour le tout, tant qu'à y être. C'est à ce moment que Wilson a sorti une bombe de 38 verges à DK Metcalf.

Ça me démontre que les Seahawks vont être agressifs dans leurs choix de jeux et ça démontre aussi la confiance des entraîneurs envers Wilson, mais également envers le jeune receveur Metcalf. C'est spectaculaire et ça donne une belle dynamique. Surtout que quand tu regardes la défense des Patriots, ce qui a ressorti de leur premier match contre les Dolphins de Miami, c'est la défense contre le jeu de passes et sa composition. Non seulement les Pats ont intercepté trois fois le quart-arrière Ryan Fitzpatrick, mais en plus, ils avaient toujours dans leur alignement au moins cinq demis défensifs, souvent six, et 17 fois en 59 jeux défensifs on a même joué avec sept demis défensifs. C'est un peu du jamais vu, parce que ça veut dire qu'il ne reste que quatre joueurs dans le front défensif.

Même si les Dolphins se sont entêtés â faire des formations avec un ou deux receveurs espacés, les Pats n'ont pas dévié de leur plan avec six ou sept demis défensifs. Je pense qu'ils ont surpris les Dolphins avec ça parce que parmi tous les demis défensifs, il y en a qui peuvent jouer comme demi de coin, slot corner ou bien maraudeur, alors ça devient mêlant pour le quart adverse. On sait que les Patriots aiment beaucoup des joueurs intelligents et polyvalents, et ça devient un méchant casse-tête pour autrui. Ça va donc être à surveiller pour les Seahawks, car ça risque d’être une confrontation captivante à regarder entre Russell Wilson et la tertiaire.

Des débuts impressionnants de la part de Newton!

Dans le clan de la Nouvelle-Angleterre, l’entrée en scène de Cam Newton a été spectaculaire. Surtout que ça faisait longtemps qu’on avait vu un quart des Patriots courir autant. Le jeu au sol était complètement différent en sa présence.

J’ai donc hâte de voir Cam Newton contre le front défensif des Seahawks. C’est sûr que contrairement aux Dolphins, les Seahawks vont au moins avoir eu la chance d’étudier des bandes vidéo pour voir à quoi le jeu au sol ressemble et faire une meilleure préparation. Les Seahawks n’ont pas vraiment été testés par les Falcons, qui ont lancé 57 fois et couru seulement 20 fois dans du jeu de rattrapage. Ils le seront davantage par les Pats, qui ont fait 42 courses, incluant 15 du quart-arrière. Non seulement les Dolphins faisaient face à de l’inconnu sans une préparation optimale, mais on savait qu’en semaine 1 il y aurait beaucoup de plaqués ratés, donc c’est d’autant plus difficile d’arrêter le jeu au sol.

Il faut toutefois que les amateurs comprennent qu’on ne doit pas s’attendre à ce que Cam Newton coure autant chaque semaine. À ce rythme, il finirait la campagne avec 240 courses. Ça ferait en sorte de l’exposer à beaucoup trop de sacs du quart et à des coups au moment de décocher sa passe, je ne pense pas qu’il resterait en santé bien longtemps même s’il est fait solide. Il ne faut pas jouer avec le feu. C’est en 2017 qu’il avait couru le plus, avec 139 courses. Et en 2015, quand il avait été élu joueur par excellence, il en avait effectué 132. On est loin de 240 réalistiquement.

L’an passé, Tom Brady a réalisé 26 courses, dont la majorité sur des faufilades du quart et quelques-unes sur des génuflexions une fois que le match était dans la poche à la fin. La dynamique est complètement différente avec Newton. Le quart devient un porteur de ballon et on force l’adversaire à jouer à 11 contre 11. On a vu face aux Dolphins des jeux structurés sur des courses de Newton, des jeux d’option, et une ou deux fois des courses improvisées. Chez les Pats, 83 % des jeux offensifs étaient soit des courses, soit des feintes de courses suivies d’une passe, qu’on appelle du play action. C’était assez simple, mais ç’a bien fonctionné.

Même si la défense des Seahawks n’a pas vraiment été testée contre le jeu au sol dans la semaine 1, c’est sûr qu’ils vont s’y préparer. Cela dit, les Pats pourraient se mettre à faire le contraire de ce qu’on anticipe. Ça va être à surveiller. Pour ce qui est de la défense des Seahawks face au jeu de passes, ils ont quand même alloué 450 verges à Matt Ryan et aux Falcons. C’est sûr qu’en fin de rencontre, Atlanta faisait beaucoup du football de rattrapage, mais ils sont restés en contrôle du match. Ils n’ont toutefois pas mis beaucoup de pression sur Matt Ryan et ils ont complété deux sacs. Ils ont été obligés de créer de la pression souvent en blitzant avec Jamal Adams, leur nouveau maraudeur qui est un ancien des Jets qui connaît bien les Pats. La défense des Seahawks n’est peut-être pas aussi dominante qu'avant pour l’instant, mais l’unité est quand même physique, surtout avec l’arrivée d’Adams.

J’aurais tendance à dire qu’on est mieux de tout faire pour contrer le jeu au sol des Pats, et on verra si Newton et son très jeune groupe de receveurs auront le synchronisme pour être efficaces.

Un dernier mot sur Newton. Un match ne fait pas une saison, mais c’était plaisant de voir la synergie entre Newton et ses nouveaux coéquipiers durant l’affrontement contre les Dolphins. Tu sens qu'il est apprécié et respecté, que les gars veulent graviter autour de lui. Il a un élément rassembleur qui est intéressant, surtout qu’il n’y a pas eu de vrai camp pour s’acclimater. C’est aussi intéressant de voir la relation qui a bien débuté avec Josh McDaniels, qui est le coordonnateur à l’attaque. La relation entre un quart et le sélectionneur de jeux est hyper importante. Il faut que le sélectionneur connaisse assez bien son joueur pour pouvoir le mettre dans la meilleure situation possible et savoir comment il va réagir. La communication va dans les deux sens. C’était prometteur en tout cas. J’ai aussi observé Tom Brady chez les Buccaneers de Tampa Bay Je comprends qu’à l’attaque, c’est l’entraîneur-chef Bruce Arians qui va sélectionner les jeux, mais le coordonnateur offensif est Byron Leftwich, et quand on voyait Brady sur les lignes de côté (c’était peut-être juste une question d'angles de caméras), mais on voyait juste Brady en discussion avec Blaine Gabbert et Ryan Griffin, les autres quarts des Bucs. Je ne le voyais pas parler à Leftwich. C’est quand même particulier. Ça ne doit pas être une situation évidente pour Leftwich, un ancien quart qui n’a pas eu la plus grande carrière (ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas un bon entraîneur). Ça peut être intimidant de devoir diriger quelqu'un de la trempe de Brady. Je ne pense pas que Brady a la grosse tête, mais c’est quand même une situation particulière. Je pense qu’au change, Newton est gagnant à ce niveau.

*Propos recueillis par Audrey Roy