C'est l'heure de revenir au football après une semaine loin du terrain et le moins que l'on puisse dire, c'est que je me sens d'attaque pour la fin de la saison.

On voulait partir pour notre semaine de congé sur une bonne note avec une victoire et c’est ce qu’on a réalisé à Mexico.

De mémoire depuis que je suis à Kansas City, nous avons toujours connu de bonnes performances avant de partir pour un séjour loin du football. Coach Reid nous a toujours bien traités et il faut comprendre que cette semaine de repos est importante bien évidemment pour le corps avec tous les petits bobos, mais aussi sur le plan psychologique afin de décrocher.

Notre entraîneur comprend très bien ce facteur alors qu’il nous a véritablement donné une semaine pour nous changer les idées.

Par la même occasion, j’avais beaucoup à prouver à mon avis lors de cette rencontre devant les Chargers de Los Angeles alors que je revenais au jeu après une blessure. Je souhaitais retrouver mes repères et ainsi mon rôle dans la formation comme c’était le cas avant ma blessure.

Le mandat a été rempli et nous sommes revenus à Kansas City au petit matin. Après avoir atterri à 5 h, nous avons eu une rencontre d'équipe à 6 h et deux heures plus tard, j’étais dans un avion en direction de Montréal.

Même si cette journée se retrouve à être très longue avec le match et tout le voyagement, on compense avec le sentiment d’être de retour chez soi, avec ma famille et mes proches.

Chaque année depuis que je suis dans la NFL, je disais que cette semaine de congé allait être pour moi, que j'allais m'accorder du repos, mais au final j’avais un horaire fort chargé avec plusieurs rendez-vous. C’était difficile pour moi de décrocher et cette année c’était mon but. Je devais apprendre à dire « non » afin de me reposer et prendre du temps pour moi. J’ai réussi cet objectif alors que je ne me suis pas entraîné non plus..

Mon emploi du temps a été réparti avec ma famille et des activités qui ne sont pas reliées au football. Je me suis présenté quelques matins à la boulangerie familiale, dont à mon réveil à Montréal dès ma première journée. J’y ai vu mes parents qui travaillaient et le manège s’est répété le lendemain avec ma sœur. J’ai su en réalité prendre le temps de simplement avoir un petit café, un croissant et passer des moments aussi avec mes amis.

J’ai aussi eu la chance d’aller à un encan au Musée des Beaux-Arts, j’ai assisté au vernissage d’une nouvelle exposition de Françoise Sullivan et je suis allé voir une nouvelle fondation qui se consacre sur les Arts et l’environnement. Je trouvais intéressant de faire aussi le parallèle avec une partie de ma fondation qui joint les Arts et le Sport.

J’étais donc dans un excellent état d’esprit, bien reposé et ressourcé, à mon retour à Kansas City lundi et dans de parfaites dispositions pour retourner à l’entraînement. J’ai notamment remarqué que ma cheville se porte très bien après ces quelques jours de repos et j’étais prêt à renouer avec l’action.

Un projet dont je suis fier

Avant de me replonger à 100 % dans le football, j'ai terminé mes engagements médiatiques pour la sortie du documentaire « LDT – toujours plus loin » et aussi en lien avec mon rôle d’ambassadeur pour la journée de la persévérance scolaire, mardi.

J’ai travaillé sur ce documentaire diffusé à Radio-Canada depuis deux ans et le but n’était pas de faire un documentaire sur le football, mais qui allait être à mon image. Ainsi, nous pouvions montrer qui je suis et à quel point le football est une belle aventure et que je me sens privilégier de la vivre. C’était important aussi pour moi de montrer que tout n’était pas autour du football, qu’il y avait autre chose évidemment pendant ma carrière, mais aussi par après.

Nous avons apporté beaucoup de correctifs, nous avons travaillé fort pour montrer ma vision et lorsque je regarde le documentaire, je suis fier, car c’est à mon image. Avec tous les jeunes que je veux influencer positivement, si j’ai su piquer la curiosité de certains, j’espère que ça saura les stimuler. Lorsqu’on a une idée, il ne faut pas hésiter à sortir des sentiers battus et savoir bien s’entourer. C’est ça la clé de la réussite à mon avis.

Retrouvailles avec les Raiders

La concentration est donc maintenant entièrement sur notre retour sur le terrain avec une confrontation des plus importantes qui nous attend cette semaine avec le duel de division contre les Raiders d’Oakland.

On a évidemment visionné des vidéos de leur match contre les Jets alors qu'ils n’ont pas été en mesure de remporter cette rencontre clé. Il ne faut pas s’emballer avec le résultat de 34-3 en faveur de la formation new-yorkaise, car les Raiders ont causé des ennuis à plusieurs équipes cette saison.

Même si en regardant par exemple leur front défensif, il n’y a pas de gros noms qui sautent aux yeux, ils ont su appliquer de la pression sur le quart adverse en tant qu’unité. Ce sera un bon défi, d’autant que les deux équipes se connaissent bien. Je connais certains joueurs qui sont dans la Ligue depuis quelques années, nous les avons affrontés plus tôt cette saison, donc c’est certain que nous avons su tirer de l’information à leur endroit et on peut reconnaître des tendances.

Ce sont des petites observations que l’on fait et qui peuvent être notées avec l’expérience. On remarque que certains joueurs transfèrent leur poids d’une certaine manière, que soudainement leur jambe qui est habituellement à l’avant est en arrière, qu’ils vont tenter un pivot pour nous prendre à revers...

On développe des réflexes, mais il faut faire attention de ne pas donner trop d’indices sur notre jeu et nos stratégies. Il faut reconnaître les petits détails afin d’obtenir l’avantage sans offrir ce genre d’information.

Même si on connaît bien les Raiders pour les avoir affronter lors de la deuxième semaine d’activités et que l’on parvient à déceler de tels signes, notre préparation n’en est pas pour autant écourtée.

Par contre, je me sers de cette première confrontation de la saison dans mon approche. Je suis quelqu’un qui aime prendre beaucoup de notes sur mes adversaires. Avant notre rencontre d’équipe, je suis retourné à ce que j’avais noté pour ce premier match de la saison devant les Raiders. Lorsque j’ai visionné les vidéos, j’avais donc une base sur laquelle m’appuyer et je pouvais voir la progression de mes adversaires au cours des dernières semaines afin de réaliser ce qu’ils avaient modifié ou pas.

Par exemple, en ce qui concerne la fréquence des jeux au cours desquels ils appliquent de la pression.

Au lieu d’être une préparation axée sur le fait que l’on décortique l’adversaire, c’est davantage de la comparaison entre ce qu’ils sont maintenant et ce qu’ils étaient à la deuxième semaine.

Si tu es un joueur qui prend des notes et qui les conserve bien, ce peut être un avantage pour ces deuxièmes chapitres dans la division. Je ne me sers pas uniquement de mes notes pour analyser mes rivaux, mais pour me rappeler également ce que j’avais bien fait ou les points que je devais corriger.

J’ai déjà des éléments à cibler, car je sais que mes adversaires ont sans doute remarqué mes faiblesses et ils tenteront de les exploiter. C’est à voir qui aura été en mesure de mieux cerner les failles de l’autre, mais aussi qui a su corriger la situation.

Le football de décembre

Notre fin de saison se veut assez corsée, car pour ceux qui auront jeté un œil au calendrier, on retrouve les Patriots de la Nouvelle-Angleterre la semaine suivante. On a toujours eu de bons résultats en revenant de la semaine de congé et même si de notre côté on essaie de ne pas se projeter trop loin, je peux vous dire que les Chiefs sont prêts pour le football de décembre.

Il y a une petite différence lorsqu’arrive cette portion de l’année, les matchs sont plus physiques, le temps est plus difficile aussi alors qu’on pratique notamment au froid. Il faut un certain état d’esprit pour approcher cette portion de l’année et être prêt à faire face aux différents défis et nous avons cette mentalité chez les Chiefs actuellement.

Il nous reste à le montrer sur le terrain et ça commence dès ce dimanche avec les Raiders.

*Propos recueillis par Maxime Tousignant