Ça me semble presque surréaliste par moments, mais nous y voici... la saison de la NFL est à nos portes!

Comme toujours, le début du mois de septembre est synonyme d’excitation non seulement pour les partisans, mais aussi pour les joueurs et les entraîneurs.

D’être ici à Kansas City à deux jours seulement du coup d’envoi de la saison des Chiefs, après avoir été à l’écart pendant un an et demi, ça m’apporte un grand bonheur.

Les 18 mois qui se sont écoulés depuis que nos vies ont été chamboulées par la pandémie de COVID-19  n’a pas été facile pour personne. De mon côté, comme vous le savez, j’ai fait le choix de ne pas disputer la saison 2020.

C’est donc dans une toute autre optique que par les années passées je me suis présenté au camp d’entraînement des Chiefs à la fin du mois de juillet. J’avais le sentiment que je revenais de très loin. J’avais passé plusieurs mois à travailler en CHSLD, sans avoir accès à un gymnase la plus grande partie du temps. Puis il y a eu ma fracture à une main au début du camp qui a ralenti ma progression et m’a fait manquer pratiquement l’entièreté des matchs préparatoires.

Et malgré ça, j’ai tout de même réussi à percer l’alignement des 53 joueurs, et je ne vous cacherai pas que ça m’a apporté une grande joie et une immense fierté. Je vous dirais même que ça faisait six ans que le début d’une saison des Chiefs avait été une telle source de réjouissance d'un point de vue personnel.

Maintenant, il s’agit de profiter de chaque journée pour m’améliorer, ainsi que de prouver à mes entraîneurs et à moi-même que je suis prêt à contribuer aux succès de mon équipe si on fait appel à mes services.

Je n’entame pas ce calendrier 2021 en tant que membre de la formation partante, et c’est une réalité à laquelle je n’étais plus habitué. Mais c’est loin d’être une raison de broyer du noir. Je dois simplement être disposé à entrer dans l’action si l'occasion de présente. Après tout, au football, on ne sait jamais ce qui peut se produire.

Mon rôle cette année, je le prendrai très au sérieux. Il consistera à maintenir la forme physique et de partager la culture des Chiefs, ainsi que mes connaissances, afin que notre ligne offensive soit la meilleure unité possible.

J’avais connu un bon camp, et le fait que l’équipe a voulu conserver mes services malgré ma blessure survenue à un bien mauvais moment témoigne de la confiance qu’ils ont en moi. Ce qu’ils avaient vu durant le camp leur convenait quant à la qualité de mon exécution.

C’est mon travail de remonter les échelons et de me repositionner au sein de l’unité partante. On a un beau groupe sur la ligne à l’attaque, et également un groupe complètement différent de celui qui avait disputé le Super Bowl en février 2020, à Miami. Les seuls que je connaissais étaient Nick Allegretti et Andrew Wylie. Les autres sont tous des gars avec qui je n’avais jamais eu la chance d’interagir auparavant. 

D’une part, j’ai été impressionné par la cohésion de ce groupe que je devais apprendre à mieux connaître. D’autre part, j’ai aussi été renversé par tout le respect que les gars avaient pour la décision que j’ai prise et pour ce que je peux leur amener en tant que vétéran de huit saisons à Kansas City. Je sens que je fais partie de la gang même si je n’étais pas là l’année dernière. D’ailleurs, je ne suis pas le seul à avoir été parachuté dans notre unité offensive, surtout au sein de notre groupe. 

C’est d’apprendre à cerner les forces et les faiblesses de chacun pour que le synchronisme soit au rendez-vous chaque dimanche. L’organisation a investi beaucoup en énergies et en ressources afin de revamper cette ligne offensive. Il va donc sans dire que je suis fier d’être encore ici aujourd’hui malgré ce vent de fraîcheur qu’on a voulu insuffler.

Haut taux de vaccination chez les Chiefs

Je ne peux pas parler pour les autres équipes de la NFL, mais je sais que les Chiefs ont un excellent taux de vaccination contre la COVID-19, tant chez les joueurs que les coachs. À mon sens, ça enlève un gros stress. Du moins, je le perçois de cette façon. Oui, il y a encore des tests à chaque semaine et le port de masques lorsqu’on prend l’avion par exemple. Mais il reste que sur une base quotidienne, du point de vue des interactions avec les coéquipiers, c’est soulageant de savoir qu’on a une forme de normalité.

Évidemment, je n’ai pas vécu ce qu’était la saison 2020 en pleine pandémie, avec les meetings en mode virtuel notamment. Mais je pense que de la manière dont les gars en parlaient, il y avait un fardeau additionnel qui n’est plus là. Sauf qu’à travers tout ça, on sait qu’on est privilégiés d’avoir été de ceux qui ont été autorisés à pratiquer leur sport alors que tellement de gens ont été privés de certaines choses; qu’il s’agisse d’avoir été confiné ou d’avoir perdu son emploi. Il y a bien sûr des éléments qui ont changé par rapport à la dernière fois que j’ai enfilé les épaulettes, mais ce n’est rien qui rivalise avec le contexte qu’ont connu mes coéquipiers en 2020.

Une cible dans le dos

Après la conquête du Super Bowl d’il y a deux ans et la participation à celui de l’an dernier, les Chiefs sont plus que jamais une équipe-référence dans la NFL. Nous prenons une certaine fierté de ça. Nous le voyons comme un privilège que les clubs rivaux sentent le besoin d’être au sommet de leurs capacités et de leur préparation tactique pour venir nous affronter. Ça vient toutefois avec des responsabilités. Il ne faut pas se voir comme un club qui a joué pour le trophée Vince-Lombardi deux années de suite, mais plutôt comme un groupe qui a tous les outils pour se donner semaine après semaine la meilleure des chances de l’emporter. Et si nous le faisons assez souvent, les succès viendront.

Je trouve qu’une chose qui m’a toujours aidé à me préparer pour un match, que ce soit individuellement dans le cadre de ma confrontation, ou collectivement, est de m’imaginer quel doit être l’état d’esprit de l’équipe avec laquelle on croise le fer.

Dans le cas des Browns de Cleveland, nos adversaires de dimanche, la dernière fois qu’ils ont joué, c’était au Arrowhead Stadium, et ils avaient subi la défaite. Autant ils doivent être motivés car ils savent depuis longtemps que leur premier match est contre nous, il doit y avoir un élément de crainte. Ce facteur d’intimidation est toujours présent dans notre stade, qui est le plus bruyant au monde.

Les succès de Félix et Leylah

Je vous avouerai que mon horaire chargé ne m’a pas vraiment permis de visionner en direct les exploits de nos joueurs de tennis Félix Auger-Aliassime et Leylah Fernandez à l’US Open de tennis. Ce que je peux vous dire par contre, c’est que je me suis fait un malin plaisir de narguer mes coéquipiers américains chaque fois qu’on revoyait les séquences des victoires de nos Québécois. 

Certains sont les premiers à vanter les performances américaines. Je n’allais rater pas l’occasion de leur remettre en plein visage la présence de deux Canadiens dans le carré d’as, dont une qui est assurée de jouer en finale! J’ai l’habitude de suivre les performances des sportifs québécois sur la scène internationale, et ça me rend fier de les voir faire leur marque de cette façon. 

Je ne connais pas Félix personnellement, mais j’ai tellement entendu de bonnes choses à son sujet, notamment le fait qu’il est un gars terre-à-terre. Ces deux-là représentent qui on est, et j’ai énormément de respect pour ce qu’ils sont en train d’accomplir. Je leur souhaite à tous les deux de soulever le trophée… En plus, ça me donnerait une occasion supplémentaire de narguer les gars!

Sur ce, bonne saison de football à tous et à bientôt.

* propos recueillis par Maxime Desroches