MONTRÉAL – Laurent Duvernay-Tardif est devenu le joueur de football québécois et canadien le mieux payé de l’histoire de la NFL en apposant sa signature au bas d’un contrat de 5 ans d’une valeur de 41,25 millions $ US, lundi.

Le garde qui a été repêché en sixième ronde par les Chiefs de Kansas City en 2014 est en ce moment le joueur qui touche le quatrième plus haut salaire à sa position. Une situation assez incroyable quand on considère qu’il était encore un membre des Redmen de l’Université McGill il y a un peu plus de trois ans et qu’il mène de front ses carrières de footballeur et d’étudiant en médecine encore à ce jour.

« C'est une belle histoire »

« C’est vraiment une belle reconnaissance et une belle marque de confiance des Chiefs qui m’ont donné un contrat sans nécessairement avoir à le faire. J’ose croire que c’est parce que j’ai un agent persuasif », a mentionné le sympathique athlète de 26 ans lors d’un point de presse tenu dans la boulangerie familiale, le Pain dans les voiles, à Montréal.

« C’est un grand moment dans l’histoire du football québécois. […] Dans ma courte carrière d’agent, c’est ma meilleure expérience. Je suis très fier. De le vivre avec mon meilleur chum, c’est encore plus agréable », a pour sa part déclaré son agent et fidèle ami de longue date, Sasha Ghavami.

« C’est un moment dont je vais me rappeler toute ma vie, au même titre que le repêchage, mon pro day à Montréal, le Shrine Bowl et mon dernier match à McGill. On continue d’écrire une histoire et elle est super belle », a ajouté celui qui a touché un boni à la signature de 10 millions $ US et dont 20 millions $ US de son contrat sont garantis.

Les négociations entre les Chiefs et le clan Duvernay-Tardif ont commencé vers la fin du mois de janvier et se sont bien déroulées même si l’entente finale a été signée près d’un mois après les premières discussions.

Duvernay-Tardif, Ghavami et les représentants de l’agence A3 Athletics, qui aident les deux hommes aux États-Unis, avaient établi un plan après la conclusion de la saison. L’objectif était de demander à l’état-major des Chiefs s’il était intéressé à l'idée de renégocier le contrat de LDT qui allait prendre fin après la saison 2017.

Les Chiefs et leur directeur général, John Dorsey, étaient ouverts à cette option, même si l’équipe doit travailler avec une masse salariale qui s'approche du cap.

L’organisation a finalement présenté son offre finale jeudi et Duvernay-Tardif était extrêmement heureux de l’accepter.

« J’ai fini à l’hôpital jeudi soir et Sasha m’a appelé aux environs de 22 h. Il m’a dit que nous avions jusqu’à minuit pour accepter l’offre finale des Chiefs. J’avais la chair de poule. Sasha m’a déroulé les chiffres et je n’en revenais juste pas. Je me demandais ce qu’il fallait faire. C’est pour cela que c’est important d’avoir un bon agent », a expliqué celui qui est le joueur ayant eu le moins de départs en carrière (27 sur 30 matchs joués) avant de renégocier un contrat.

« Ce contrat place Laurent parmi l’élite. À mon avis, c’est la place qu’il mérite à ce stade-ci de sa carrière », a affirmé Ghavami qui représente aussi le Québécois Elie Bouka qui appartient aux Cardinals de l’Arizona.

Duvernay-Tardif aurait pu refuser l’offre et simplement écouler sa dernière année de contrat à un salaire de base de 690 000 $ US pour ensuite devenir joueur autonome. Certains utilisent cette avenue pour faire une vente aux enchères et toucher plus d’argent même s’ils demeurent avec leur équipe, ce que le natif de Mont-St-Hilaire aurait pu faire.

Mais pour lui, c’était une situation gagnante de signer cette entente dès cette année pour assurer son avenir avec la formation qui a été éliminée en demi-finale d'association en 2016.

« Je suis content de ce qu’on a signé. Au-delà des chiffres, il y a un gros facteur et c’est celui de l’équipe. J’adore les Chiefs de Kansas City. J’ai un sentiment d’appartenance par rapport à la ville, aux fans et à l’équipe », a-t-il fait savoir.

« J’ai beaucoup d’affinités avec les entraîneurs, que ce soit avec Coach Reid ou Andy Heck, mon entraîneur de position. Ce sont des gens extrêmement pédagogues et intelligents. Ils ont une manière d’enseigner qui est extrêmement académique. Nous connectons ensemble. Pour ces raisons, je voulais une entente cette année. Je ne voyais pas de valeur ajoutée de déménager et d’avoir une nouvelle équipe (l'an prochain) », a ajouté celui qui a repris les études en médecine plus tôt au mois de février.

Un agent reconnaissant, des parents fiers

Malgré les millions qui l’attendent dans les prochaines années, Laurent Duvernay-Tardif ne semble pas prêt de changer de personnalité.

Étant un homme proche de sa famille et de ses amis, ce n’était donc pas une surprise qu’il invite les médias dans la boulangerie familiale sur la rue de Castelnau à Montréal.

Laurent Duvernay-Tardif« L’histoire ne serait pas aussi belle si ce n’était pas de ma famille, de mes amis et de mon meilleur chum Sasha. Et de tous ceux qui ont été là pour me supporter. […] C’est une des choses dont je suis le plus fier aujourd’hui. D’avoir ça tout en ayant continué d’être le gars de Montréal qui va à l’école à McGill en médecine, qui a toujours les mêmes amis et qui est fier d’être ici », a indiqué celui qui a commencé sa carrière au football sur la ligne défensive.

Les parents de la vedette de la journée étaient évidemment sur place pour souligner l’évènement et continuaient même à travailler un peu pendant que leur fils accordait de nombreuses entrevues dans leur commerce.

Guylaine Duvernay, qui a aussi deux filles plus jeunes que celui qui a célébré ses 26 ans le 11 février, était évidemment très fière de son fils, mais plus pour ce que signifie le contrat que la valeur monétaire de celui-ci.

« Lorsqu’on est une mère, on trouve toujours notre fils très bon. Mais là je me dis qu’il a vraiment la reconnaissance et qu’il est très talentueux. On dirait que je suis vraiment en train de m’en rendre compte. En même temps, il y a quelque chose d’irréel parce que c’est tellement disproportionné. Je suis vraiment très contente pour lui », a-t-elle exprimé.

« J’ai confiance (que ce contrat ne le changera pas). Au fond, c’est lui qui va devoir dealer avec tout ça. Nous, ça ne change rien, on va continuer à vendre notre pain », a enchaîné la mère qui a la même candeur que son fils.

Cette négociation de contrat était aussi un grand moment dans la carrière d’agent de Sasha Ghavami. Duvernay-Tardif a été son premier client et il lui a ouvert les portes de cette industrie.

« Laurent m’a permis d’avoir une carrière, a lancé Ghavami avant que LDT ne le coupe pour dire la même chose de lui. Je suis extrêmement reconnaissant. Mon but est d’aller chercher le meilleur de moi-même. Cette expérience m’a fait apprendre beaucoup. J’ai vu un autre aspect de la business. Je ne veux pas stagner là. »

Duvernay-Tardif retournera dans les hôpitaux pour continuer son chemin vers son titre de médecin qu’il souhaite obtenir en 2018. Il continuera en parallèle à s’entraîner pour se préparer pour la prochaine saison pour prouver qu’il mérite l’entente qu’il a obtenue lundi.