Bonjour chers internautes, c’est avec grand plaisir que je poursuis mes chroniques hebdomadaires sur le RDS.ca. Ne vous gênez surtout pas pour me soumettre des questions, des commentaires ou même des propositions de sujets.

Ma période estivale a été très occupée comme je l’aime. À la suite du mini-camp qui s’est déroulé du 1er mai à la mi-juin, je suis revenu à Montréal. J’ai effectué un mois de médecine à l’urgence au Centre de traumatologie de l’Hôpital général de Montréal. Je m’entraînais à travers des horaires de jour, de soir et de nuit. ESPN a justement publié un article sur mes études en médecine.

Je suis finalement revenu à Kansas City, le 28 juillet, pour le début du camp d’entraînement qui avait lieu, en banlieue, à St. Joseph. Chaque année, c’est une grosse étape dans la construction de l’équipe. C’est la première fois qu’on enfile tout notre équipement et la première fois qu’on voit les nouveaux joueurs dans des situations de match. Bien sûr, c’est aussi une épreuve très exigeante physiquement et mentalement. Pour vous donner une idée, les pratiques commencent à 8h jusqu’à 11h ou 11h30. Ça se poursuit avec une série de réunions, un deuxième entraînement plus léger en après-midi, une séance de poids et haltères pour se terminer avec d’autres réunions. On quitte autour de 21h30.

Le camp d’entraînement s’est terminé avec notre deuxième partie préparatoire contre les Rams de Los Angeles. On est donc revenu à Kansas City depuis 10 jours. C’est le fun de revenir chez soi et avoir un horaire comme durant la saison. Pour vous donner un exemple, on suivait l’horaire d’une semaine typique de saison régulière pour notre préparation de la troisième partie préparatoire contre les Bears de Chicago. C’est le match dans lequel les partants sont le plus impliqués donc ça leur permet d’avoir une semaine très représentative avant de lancer l’année.

J’en suis déjà à ma troisième saison avec les Chiefs et je peux vous assurer que chacun de mes camps d’entraînement a été différent. Durant le premier, j’avais tout à apprendre. Je n’ai pas joué pendant le calendrier régulier, mais j’ai pu m’améliorer au fil des semaines. L’an passé, je me suis entraîné durant trois semaines sur la deuxième et la troisième unité de la ligne offensive avant de faire le saut avec les partants. C’est donc dire qu’il s’agit de mon premier camp comme partant dès la répétition initiale. Laurent Duvernay-Tardif et Try Millard

Ce rôle s’accompagne aussi d’une pression différente. Tu n’es pas encore au sommet de ton art, mais tu ne peux plus monter dans l’organigramme. Il faut que tu demeures à ce niveau et que tu démontres une constance. Ça vient avec un autre stress et d’autres attentes de la part des entraîneurs. Le but est de s’améliorer, mais tu joues contre les meilleurs et tu as plus de répétitions (environ la moitié).

Au bilan, je crois bien que j’ai connu un bon camp d’entraînement. J’ai été capable de travailler certains points de mon jeu. En regardant les vidéos pendant la saison morte, j’ai pu identifier quelques aspects sur lesquels je voulais travailler pour posséder encore plus d’outils dans mon coffre. Ça me permet de varier mes techniques pour une même transition. Je peux notamment faire croire une chose à un joueur défensif et réagir autrement. Ça me donne plus de finesse dans mon répertoire et ça me permet d’éviter de devenir monotone ou prévisible dans mes actions. Je peux surprendre un opposant en ayant une autre approche ou un tempo différent pour le même bloc.

La composition de notre ligne offensive a été modifiée depuis la fin de la dernière saison. Le poste de garde à gauche est maintenant occupé par Parker Ehinger (une recrue de 23 ans) alors que le poste de bloqueur à droite est campé par Mitchell Schwartz qui a été acquis des Browns de Cleveland.

Je me retrouve donc avec un nouveau partenaire à ma droite. Bien sûr, ce sont des changements qui exigent un peu de temps pour s’habituer. Chaque joueur se place de manière différente et bouge à sa façon quand le jeu est lancé. Ça modifie aussi la chimie quand vient le temps de combiner notre travail sur la ligne ou d’effectuer certains stratagèmes avec un collègue.

D’un autre côté, on a eu tout le mini-camp pour s’habituer et on a continué de mettre un accent là-dessus au camp d’entraînement. Mitchell est un gars très cérébral et très intelligent, il comprend vraiment les concepts de jeu. Ça clique bien parce qu’on apprend notre cahier de jeux de la même manière. C’est génial, quand on est sur la ligne, on peut se parler de comment on va utiliser les blocs et on est sur la même longueur d’onde. Je pense qu’on a déjà une bonne chimie en incluant le centre, Mitch Morse.

Laurent Duvernay-TardifJ’ai pu conserver mon poste de partant malgré les changements. J’en suis reconnaissant, mais je me dis aussi que j’ai travaillé très fort. Je demeure également très réaliste sur le fait que je dois continuer de démontrer une progression et une constance. Je ne peux pas arriver cette année et jouer le même football que l’an dernier et penser que ce sera correct. De toute façon, j’ai des aspirations beaucoup plus grandes.

Je pense que j’ai accompli de bonnes choses l’an passé, mais j’ai également commis des erreurs. Je dois apprendre de celles-ci et améliorer mon jeu. Ce qui a fait que j’ai eu une bonne saison, c’est que j’ai démontré une amélioration continue. Dans ce sens, ce sera important que je sois à la hauteur dès la première rencontre contre les Chargers (diffusée à RDS le 11 septembre). Je suis content de mon statut, mais je veux pousser ça à un autre niveau. C’est mon intention cette année.

Vous avez peut-être eu vent d’une chronique d’un blogueur de Kansas City qui a publié un texte sous la forme d’une lettre qu’il m’adresse pour s’excuser de m’avoir sous-estimé. Il explique qu’il a changé son opinion à mon sujet en raison de ma progression.

J’admets que c’est plaisant de voir ça, mais le feedback le plus constructif et la meilleure évaluation que je peux avoir : ça vient des entraîneurs et de moi-même. C’est le fun de le savoir parce qu’on ne dresse jamais d’évaluation globale dans un vestiaire ou une salle de réunion. Les discours ressemblent toujours à : ‘Ce jeu est bon, pas celui-là...’. Ce n’est jamais pour dire que ça va bien ces temps-ci. C’est le fun de voir que quelqu’un reconnaît ça, mais je veux être bon aux yeux de mes entraîneurs et mes coéquipiers, c’est ce qui m’importe avant tout.

De plus, il ne faut pas trop y porter attention notamment parce que ça va te miner le moral quand ce sera négatif. Quand 200 personnes te disent que ça va mal, c’est moins amusant. Ce n’est pas tout, quand tu joues dans la NFL, tu es assez critique envers toi-même pour savoir quand ça va bien ou non. En somme, c’est important de garder une certaine distance par rapport aux médias.

Très plaisant de parler français dans le vestiaire

Très tôt dans le camp d’entraînement, je me suis retrouvé dans une confrontation plutôt musclée, si on peut dire, avec le joueur de ligne défensive, Dontari Poe. Il faut savoir que c’était le premier ou le deuxième jour en équipement complet si bien que l’intensité était au maximum. En fin de compte, ça démontre qu’on est deux gars très intenses et on n’accepte pas de se faire piler sur les pieds.

Je pense aussi que tu dois avoir aussi une certaine mentalité pour te faire accepter sur un terrain de football. C’est important pour garder ton respect et ta dignité sur le terrain. Il faut dire qu’il n’y a pas eu de coups de poing lancés ou rien, c’était plus qu’on défendait notre territoire. Cependant, quand j’enlève mon casque et mon équipement, je suis une personne complètement différente. Je pense que c’est pareil pour Dontari.

D’ailleurs, tout de suite après la pratique, on s’est croisé dans le vestiaire et on s’est parlé. II n’y a pas de tension résiduelle de ça. On s’apprécie comme joueur. Andy Mulumba (à droite) et Dadi Nicolas

Je ne pourrais pas compléter cette première chronique de l’année sans vous parler de l’acquisition du quart-arrière Nick Foles pour épauler Alex Smith. Il s’est très bien intégré à l’équipe et ça paraît qu’il détient de l’expérience. Il a réussi de bonnes performances et je pense tout de suite à la dernière séquence de la première demie contre les Rams. On reproduisait une situation de « 2 minute drive » durant laquelle on doit aller marquer un touché en jouant sans caucus. C’est important de compléter de petites passes rapides vers les côtés et de bien gérer le chronomètre. Ce sera utile de miser sur son expérience après avoir perdu Chase Daniel, mais on espère quand même qu’il n’aura pas à jouer (RIRES).

Pour les poolers, je n’ai malheureusement pas d’informations privilégiées à vous donner sur notre porteur de ballon Jamaal Charles. Tout le monde lui parle de sa santé alors je préfère lui parler de sujets différents avec lui quand je le croise.

Parlant de discussions avec mes coéquipiers, je vous confirme que c’est vraiment le fun de pouvoir parler français avec un coéquipier. Je fais référence ici au secondeur Andy Mulumba qui a signé un contrat avec nous. Justement, dans une réunion mercredi matin, on s’est mis à parler en français. C’était bien agréable pendant le camp d’entraînement, après une journée bien remplie, d’échanger avec quelqu’un qui comprend exactement ce que tu veux dire et qui vient du même background.

Au point de vue du football, je pense que les choses vont bien pour lui. On a eu quelques blocs un contre l’autre, il est bon et très athlétique. Le match de jeudi soir sera très important pour lui, j’ai hâte de voir comment il va se débrouiller.

En terminant, j’ai trouvé bien dommage d’apprendre que David Foucault a été libéré par les Panthers de la Caroline. Ça doit être difficile pour lui. On a vécu quelque chose de semblable la semaine dernière quand on a perdu trois de nos coéquipiers de l’attaque. C’est la nature du football professionnel, ce n’est pas un côté plaisant. Mais avec les qualités qu’il a pu montrer quand il était sur le terrain, ça lui donnera un bon curriculum vitae pour se trouver une autre équipe. Si jamais ce n’est pas la NFL, c’est clair que la LCF va l’accueillir à bras ouverts.

*Propos recueillis par Éric Leblanc.