La troisième semaine de matchs préparatoires est une étape que j’aime bien dans le chemin nous menant vers le début du calendrier régulier de la NFL. C’est en quelque sorte notre pratique générale car sauf exception, les joueurs partants regardent à partir des lignes de côté la quatrième et dernière rencontre pré-saison.

Après plusieurs semaines passées un peu dans à l’écart à St. Joseph, où est disputé le camp d’entraînement des Chiefs, nous avons remis le cap vers Kansas City en début de semaine afin de nous imprégner de la semaine typique de préparation avant un match. C’est l’occasion pour les vétérans de reprendre les habitudes qu’ils ont à cœur, et pour les joueurs recrues de mieux saisir les différences entre le train de vie qu’ils menaient dans les rangs collégiaux et ce qu’ils vivront chez les professionnels.

Nous étions attendus de pied ferme au CenturyLink Field, alors que nous rendions visite aux Seahawks de Seattle pour cette troisième joute. Dans le vestiaire, tout le monde partageait un grand enthousiasme à l’idée d’évoluer dans un stade aussi bruyant. Que le match ait des répercussions ou non sur le classement des Seahawks, la foule est toujours de la partie à Seattle. Dès les premiers instants sur le terrain, on se rappelle ce que c’est que de ne pas pouvoir communiquer verbalement avec nos coéquipiers tellement c’est la cacophonie. Les cadences sont silencieuses – nous n’avons pas d’autre choix – donc c’est plus facile pour la défense d’anticiper le moment de la mise en jeu du ballon.

Depuis mon arrivée à Kansas City, la manière de procéder pour la troisième partie préparatoire a toujours été de donner aux partants la chance de jouer la première mi-temps ainsi que la première série offensive du troisième quart. J’apprécie cette manière de procéder car c’est une situation de match bien particulière. C’est-à-dire que nous revenons du vestiaire après avoir discuté collectivement des ajustements à faire.

Il faut dire cependant que la dynamique est un peu différente cette année, en ce sens qu’il y a encore 95 joueurs au camp des Chiefs. Ce sera le cas jusqu’à ce que soient annoncés des retranchements après la quatrième partie. Par le passé, des joueurs étaient retournés à la maison à mi-chemin durant le calendrier pré-saison. C’est donc dire que le temps de jeu de l’unité partant a été quelque peu rétréci pour donner l’opportunité aux deuxième, troisième et quatrième équipes de se faire valoir. Et il ne faut pas sous-estimer l’importance de leur accorder du temps de jeu, puisque certains de ces joueurs seront appelés à intégrer l’alignement en cas de blessures ou de contre-performances.

J’ai trouvé que nous avions bien amorcé la rencontre. Notre attaque avait le ballon pour commencer et nous avons réussi à gagner plusieurs premiers essais méthodiquement en écoulant de nombreuses minutes au cadran. Nous avons été particulièrement efficaces par la course, et ça nous a valu de marquer trois points sur un botté de placement.

Sur les séquences suivantes cependant, ça n’a pas été très reluisant. L’entraîneur de la ligne offensive, Coach Heck, voulait tenter différentes combinaisons, et cela donné lieu à des rotations fréquentes. Zach Fulton, qui est le premier substitut à quelques positions sur la ligne offensive, a été inséré ici et là. Ça s’inscrit dans un apprentissage parce que ça requiert de nous habituer à jouer avec un nouveau coéquipier, que ce soit à notre gauche ou à notre droite. Et on sait à quel point la communication est primordiale entre les membres de notre unité.

Nous n’avons pas été aussi explosifs dans le jeu aérien que nous nous sommes capables de l’être, mais ce n’est rien qui ne puisse pas être rectifié. Il faut mentionner aussi que nous n’avions pas l’arsenal complet des jeux offensifs que nous comptons utiliser durant la saison régulière. Il est évident qu’un des objectifs de notre entraîneur Andy Reid est de garder quelques éléments de surprise. Pas question d’offrir à nos futurs adversaires la chance de les décortiquer sur bandes vidéo et d’ajuster leur plan de match en conséquence!

De tout cœur avec Spencer Ware

Les blessures subies par les joueurs partants en matchs préparatoires représentent le cauchemar ultime des entraîneurs. Le football est un sport de contact et malheureusement, à chaque année, on verra de graves blessures se produire avant même le botté d’envoi initial de la saison. C’est justement pour minimiser ce genre d’incident malencontreux que les instructeurs retirent leurs joueurs du match après une mi-temps de jeu.

Spencer WareC’est donc avec un pincement au cœur que chacun de nous a regardé Spencer Ware quitter le terrain à bord d’une voiturette de golf, aidé des soigneurs, vendredi soir. Dimanche, on apprenait qu'il avait subi une déchirure ligamentaire au genou et qu'il ne foulerait pas le terrain cette saison. On se croise les doigts pour qu’il puisse retrouver la forme rapidement. Il est notre demi offensif partant, et une pièce importante de l’attaque lorsqu’il est disponible.

S’il existe une raison de se consoler, c’est que les Chiefs misent sur une belle profondeur à la position de porteur de ballon. J’ai eu l’occasion de voir la recrue Kareem Hunt de près ces dernières semaines et je trouve qu’il fait vraiment bien. En deuxième moitié de première demie, à la suite du départ de Ware, Hunt a pris le relais et s’est très bien tiré d’affaire. Nous avons aussi dans la formation C.J. Spiller, un ancien participant au Pro Bowl, et Charcandrick West, qui connaît très bien le système de Coach Reid.

Mahomes attire aussi les regards

Kareem Hunt est en train de prouver qu’il pourrait bien s’acquitter du rôle de partant durant l'absence de Ware, mais il n’est pas le seul joueur recrue du côté offensif qui s’est illustré ces dernières semaines.

En avril dernier, l’équipe a fait du quart-arrière Patrick Mahomes son choix de première ronde, un jeune joueur hyper talentueux possédant un bras puissant et une précision assez étonnante. Je vous avouerai que je n’ai jamais vu un quart effectuer des passes aussi précises sur des dérobades. C’est impressionnant à voir!

Patrick MahomesIl doit évidemment apprendre à devenir le leader d’une unité offensive et cela ne se fait pas en un claquement de doigts. Être à la tête d’une unité offensive de la NFL est un mandat tellement exigeant, et pas seulement en ce qui a trait au livre de jeux et aux tracés de passes de ses receveurs. Il faut aussi disséquer les couvertures défensives et les communiquer efficacement à nous, qui bloquons pour lui et le protégeons contre le blitz. Ce sont des aspects du jeu qu’il maîtrisera au fur et à mesure qu’il gagnera en expérience.

Ce bagage d’expérience, Alex Smith le possède en tant que vétéran de 12 saisons, et c’est ce qui fait qu’il est l’homme de la situation pour débuter cette nouvelle saison. En tant que garde à droite, je sais précisément à quel moment le ballon lui sera remis, et à quel tempo le tout se déroulera. Je peux réagir en appliquant mon bloc de manière à lui procurer l’angle nécessaire pour décocher sa passe vers le receveur visé. Cette constance dans son positionnement dans la pochette et sa manière d’aborder chaque jeu, ce sont des facteurs qui nous facilitent la tâche et qui rapportent des dividendes dans le jeu aérien.

Maintenant que nous sommes revenus à KC, nous nous apprêtons à aborder certains concepts relativement à notre match d’ouverture, que nous disputerons face aux Patriots de la Nouvelle-Angleterre, le jeudi 7 septembre (rencontre présentée sur RDS).

La plupart des équipes commencent leur saison le dimanche 10 septembre. Ce ne sera pas notre cas, et nous devrons être dans le bon état d’esprit, sachant qu’à partir du quatrième match pré-saison, seulement sept jours nous sépareront de la partie contre les Pats. Mais sachant que les partants de la ligne offensive ne seront pas en uniforme pour la rencontre du 31 août face aux Titans du Tennessee, nous devons être prêts autant physiquement que psychologiquement.

* propos recueillis par Maxime Desroches