Bonjour chers internautes!

C’est avec un immense plaisir que j’entame une série de collaborations hebdomadaires sur le RDS.ca! Tous les mardis jusqu’au terme de la présente saison, j’aurai le privilège de vous faire vivre de près ma saison recrue dans le football américain avec les Chiefs de Kansas City, en plus d’aborder d’autres sujets d’actualité variés provenant de l’univers de la NFL. Les lundis, vous aurez également l'occasion de m'entendre à l'émission Blitz.

Nous sommes déjà sur le point d’entreprendre la deuxième moitié du calendrier, et l’enthousiasme règne dans le vestiaire après que nous ayons remporté nos deux dernières parties, contre les Chargers de San Diego il y a deux semaines, puis contre les Rams de St Louis il y a quelques jours. Même si le moral des troupes n’a jamais été aussi haut, je dois préciser que nous n’avions jamais cédé à la panique. Malgré les deux revers subis coup sur coup pour entamer l’année, une confiance tranquille animait le vestiaire, à commencer par notre entraîneur chef Andy Reid, qui s’est montré rassurant. Il a vu neiger dans sa longue carrière sur les lignes de côté, et ça se voit.

Dans les derniers mois, j’ai appris à connaître davantage – sur une base humaine et non strictement sportive – cet homme qui a gagné au fil des ans le respect de tous et chacun à travers les cercles de la NFL. En tant que recrue, je ne prétends pas savoir comment les instructeurs des autres équipes se comportent avec leurs joueurs, mais je suis toujours fasciné de voir avec quelle facilité Coach Reid gère notre groupe. Il en a passablement sur son assiette en termes de préparation tactique, mais il trouve le moyen d’avoir une attention particulière pour tout le monde qui l’entoure. Son approche personnalisée et posée est réellement appréciée.

Par exemple, lors du trajet d’avion suivant un match disputé sur un terrain adverse, il s’assoit immanquablement avec chacun d’entre nous, victoire ou défaite, pour discuter de notre appréciation du match que nous avons disputé. Et ça ne s’arrête pas là, parce qu’en plus de sa facilité à communiquer, il est aussi un fin stratège. Il est toujours présent sur le terrain, prêt à prodiguer de petits conseils, peu importe la position du joueur, et il le fait toujours sur un ton respectueux. L’engueulade n’a jamais été la voie qu’il privilégie, et ça lui a bien servi. Personnellement, j’ai un respect sans bornes pour les entraîneurs qui se servent de leur talent de pédagogue pour faire passer leur message au lieu de crier à tue-tête leurs instructions quand les choses ne vont pas à leur goût.

Ça ne veut pas dire que Coach Reid n'est pas exigeant pour autant. Le directeur général John Dorsey et lui n’hésitent pas à prendre des décisions délicates. Il y a passablement de changements apportés au personnel au sein de l’équipe de pratique, et ils en font autant avec le « vrai » club s’ils sentent qu’ils n’ont pas les meilleurs éléments en place pour remplir la besogne.

Une unité aux liens étroits

Si j’ai découvert un homme aux grandes qualités de communicateur en Andy Reid, je peux également affirmer que j’ai bâti des relations très étroites avec les membres de la ligne à l’attaque depuis que je me suis joint à la grande famille des Chiefs. Quiconque suit de près le football compétitif sait pertinemment que la ligne offensive est souvent formée d'un groupe tissé serré. Ce n'est guère étonnant, car on unit nos efforts sur chaque jeu offensif. Sans vouloir dénigrer les receveurs de passe, ils courent leur tracé et le font sans se fier, du moins pas directement, au travail de leur voisin. Dans notre cas, c’est une bataille commune de tous les instants qui doit se faire en toute complicité. Les blocs se font souvent en combinaisons et il est impératif d’être sur la même longueur d’onde afin d’offrir une bonne protection. Une à deux fois par semaine, nous allons tous souper ensemble. Tous les membres du groupe tiennent mordicus à ce rituel.

Je prends en exemple des vétérans de notre unité, notamment notre centre Rodney Hudson et le garde Jeffrey Linkenbach. Ces gars-là savent bien qu’on est tous en compétition pour conserver nos postes, mais insistent toujours pour donner des conseils additionnels aux recrues, parfois plusieurs minutes après la conclusion de nos réunions. Ce concept d’entraide fraternelle est bien ancré!

On dit souvent que le boulot accompli par les membres de la ligne à l’attaque est ingrat puisque son efficacité est difficile à quantifier contrairement aux autres joueurs offensifs. Notre récompense vient rarement des félicitations des partisans. Les entraîneurs, eux, savent à quel point notre rendement et notre intensité font foi de tout. On a énormément de pression sur les épaules, en situations de match comme en pratique, pour imposer letempo. Idéalement, cela se traduira par un plus grand nombre de brèches pour le jeu au sol et plus de temps pour que le quart identifie ses receveurs et décoche ses passes.

Comme être sur les bancs d'école

D’un point de vue personnel, le défi présentement est de me sentir confiant de pouvoir appliquer à tout moment, sans préavis, les subtilités du livre de jeux lorsque mes services seront requis. Chaque semaine, les concepts sont modifiés en fonction du type de front défensif et de couverture que l’on affrontera. Il y a une tonne de petits détails qui varient d’un adversaire à l’autre et qui font en sorte que si tu ne prends pas de notes et que tu ne révises pas chez toi le soir à tête reposée, tu risques de te faire prendre au piège. Autrement dit, c’est carrément une mentalité d’étudiant que je m’efforce d’avoir depuis le début de la saison. C’est cahier de notes et crayon en main que j’assiste à chacun de nos meetings. De savoir qui on bloque sur un jeu donné n’est pas suffisant. C’est une accumulation de concepts qui demande une compréhension entière.Laurent Duvernay-Tardif

Ça signifie d’avoir les yeux rivés sur le travail des partants de la ligne offensive une première fois durant les matchs, puis de nouveau lors de la révision de séquences vidéo. Les entraîneurs identifient des lacunes et s’attendent à ce que nous ne reproduisons pas les mêmes erreurs. Ça fait drôle à dire, mais mon mandat est d'apprendre des erreurs de mes coéquipiers. Les enjeux sont grands car si je tombe dans le même panneau, ça pourrait me coûter une chance de me faire valoir lorsqu’un soldat tombera au combat.

Je ne peux pas non plus me permettre d'épier uniquement les faits et gestes du garde à gauche, la position avec laquelle je suis le plus familier, car les entraîneurs s'attendent à ce que les membres de la ligne à l'attaque fassent preuve de polyvalence. Ainsi, je tente d'assimiler les aléas du poste de garde à droite avec toutes ses spécificités. Je vois de réels progrès à l'entraînement.

Dimanche prochain, nous affrontons les Jets de New York à notre domicile, l’Arrowhead Stadium. On sait ce que c’est un club qui en arrache ces derniers temps, et nous sommes au fait du danger de connaître un certain relâchement. Coach Reid répète souvent, et avec raison, que l’issue du match est souvent l’affaire de deux à trois jeux décisifs. Nous avons réalisé ces quelques jeux clés depuis environ un mois, et nous mettrons tout en œuvre pour rééditer nos performances récentes contre la troupe de Rex Ryan.

D’ici là, j’encourage fortement nos lecteurs à utiliser la boîte de commentaires afin de me faire parvenir leurs questions. Je répondrai à quelques-unes d’entre elles lors de ma prochaine chronique.

* Propos recueillis par Maxime Desroches