Laurent Duvernay-Tardif : La balle est dans mon camp
NFL jeudi, 8 janv. 2015. 09:43 dimanche, 15 déc. 2024. 13:04Les six mois que je viens de passer à Kansas City dans le cadre de ma première campagne dans l’univers professionnel du football ont été pour moi une chance inouïe. Ma perception de la vie d’un athlète a passablement changé depuis que je me suis joint aux Chiefs. Je le dis sans ambages : je croyais être bien renseigné sur les réalités d’un joueur de la NFL, mais j’ai dû traverser depuis le début de l’été un processus d’apprentissage qui m’a fait grandir.
Par exemple, je savais qu’un régime d’entraînement rigoureux et qu’une saine alimentation étaient des facteurs de réussite, mais sans vivre de l’intérieur une saison complète, on ne saisit pas nécessairement l’importance capitale de la préparation. Notre corps doit être prêt à tout moment à fonctionner au maximum de ses capacités. Ça ne se résume pas seulement à être prêt au combat chaque dimanche après-midi. C’est aussi une foule de détails tels que la qualité du sommeil et la préparation mentale qui, s’ils sont négligés, font que nous ne sommes pas dans une forme optimale quand vient le moment de performer.
Ceux qui suivent assidument les activités de la NFL sauront déjà que je n’ai pas été envoyé dans la mêlée par les Chiefs à ma saison recrue. Autant j’ai souhaité que cette première chance me soit donnée à quelques moments durant l’année, autant je reconnais maintenant que je n’en suis que mieux outillé pour faire face à la musique en 2015.
Lors des rencontres individuelles de fin d’année entre les joueurs et le personnel d’entraîneurs, on m’a assuré qu’on était ravi de ma progression et de mon assiduité au travail. La rétroaction que j’ai reçue de leur part était très positive. On m’a confié que c’était passé près à quelques reprises que je sois lancé dans l’action au poste de garde. Naturellement, et c’est le cas avec la plupart des joueurs de première année qui s’affairent à apprendre sur le bout de leurs doigts le livre de jeux, une hésitation persiste car on s’inquiète que le jeune joueur en question fasse une petite erreur d’exécution ou de concentration. Compte tenu du rôle essentiel que jouent les membres de la ligne offensive, c’est normal qu’ils aient préféré me voir assimiler parfaitement les concepts plutôt que de me jeter dans la gueule du loup et de potentiellement miner ma confiance.
Un poste de partant à ma portée
Il n’en demeure pas moins que ces discussions avec les instructeurs de l’équipe m’ont injecté une bonne dose de confiance. Je suis de retour au Québec en sachant que je serai un sérieux prétendant à un poste de partant en septembre prochain. Il n’en tient qu’à moi de le saisir au vol. On apprécie ma rapidité et mes qualités athlétiques pour un joueur faisant osciller la balance à 315 livres. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui les a poussés à me sélectionner au dernier repêchage.
Au cours des deux prochains mois, je dévouerai une grande partie de mon temps à mes études en médecine. J’ai choisi d’amorcer le tout avec la psychiatrie puisqu’elle me permet de conserver un horaire plus clément que si j’avais choisi immédiatement le cours de chirurgie, par exemple. L’entraînement sera léger durant cette période. Cette accalmie sera bénéfique et nécessaire pour donner le temps au corps de récupérer après les rigueurs de la saison. Je crois que la plupart des joueurs s’accordent un tel repos pour éviter le piège du surentraînement.
D’ici au prochain camp, les communications avec les dirigeants de l’équipe se feront rares, voire même absentes. Non seulement cela est-il exigé par la convention collective, mais ils sont préoccupés par d’autres dossiers, dont le plus important est la séance de repêchage tenue en avril. Ils ont l’entière confiance qu’en tant qu’athlètes professionnels, nous saurons nous présenter dans une bonne forme physique le temps venu.
Les Broncos, l’équipe que je favorise
Après l’élimination des Chiefs, j’ai décidé de m’accorder une courte pause du football. De plus, je voyageais la fin de semaine dernière. Ainsi, je n’ai pas suivi d’aussi près que je l’aurais normalement fait les matchs éliminatoires disputés samedi et dimanche derniers. Je vous confierai cependant que peu importe l’identité des adversaires se dressant devant eux, j’ai la certitude que les équipes ayant le malheur de croiser les Broncos de Denver sur leur passage en auront plein les bras.
Je crois qu’en matchs d’après-saison, les équipes les plus complètes possèdent les meilleures chances d’enlever les grands honneurs. Pour les avoir vus deux fois en saison régulière, je peux vous dire que les Broncos peuvent être catégorisés ainsi. La troupe de John Fox a un front défensif redoutable qui réussit à appliquer énormément de pression à partir de l’extérieur de la ligne grâce à Von Miller et DeMarcus Ware.
Leur tertiaire est aussi excellente en couverture avec de bons demis défensifs et de bons maraudeurs. Tout cela est jumelé à une attaque menée par le général par excellence, Peyton Manning, qui a cette capacité fascinante d’exploiter toutes les fissures que lui présente la défense adverse. Il n’a plus la même vélocité que lors des années précédentes, j’en conviens, mais il sait précisément où loger le ballon pour fournir à ses receveurs la chance d’effectuer les attrapés. Pour cette raison, ce sera toujours un casse-tête des plus complexes de tenter de le freiner.
Ils sont assurément l’équipe que je favorise pour remporter le Super Bowl le 1er février prochain.
Sur ce, bon football éliminatoire à tous!
*Propos recuellis par Maxime Desroches