Force est d'admettre que les amateurs de suspense sont restés sur leur appétit durant le premier tour éliminatoire de la NFL, samedi et dimanche.

Des quatre matchs présentés au cours de la fin de semaine, aucun n’a vu son dénouement être décidé au quatrième quart, pour ainsi dire.

À Houston, plusieurs observateurs avaient hâte de voir le jeune Connor Cook effectuer son premier départ en carrière au poste de quart-arrière pour les Raiders d’Oakland face aux Texans. Tel que soupçonné, la recrue a connu un après-midi plutôt difficile. Par contre, on peut réellement avancer que cette défaite des Raiders en fut une d’équipe.

Je n’ai pas vu le groupe de leaders d’Oakland se rallier autour de Cook durant l’affrontement. Il ne pouvait pas tout faire seul, encore moins compte tenu de l’enjeu et du contexte difficile dans lequel il effectuait ses débuts : en match d’après-saison dans un stade bruyant et hostile et face à une défense plus que respectable.

Lorsqu’on considère l’inexistence du jeu au sol, les ballons échappés par les receveurs de passes, l’incapacité de la défense des Raiders à provoquer le moindre revirement et l’absence de gros retours par les retourneurs au sein des unités spéciales, je me serais mal vu lancer la première pierre à Connor Cook.

A.J. Bouye et Amari CooperComment expliquer que les Raiders aient rendu la vie aussi facile au quart adverse Brock Osweiler? C’est pourtant ce même Osweiler que Bill O’Brien avait décidé de clouer au banc durant la saison régulière en raison de sa propension à gaffer et à être victime de plusieurs revirements match après match.

Le jeune quart a été victime de trois interceptions et a senti la pression provenant du front défensif des Texans pendant 60 minutes. Ce qui devait arriver arriva, tout simplement.

Le départ canon de Houston, qui a inscrit 10 points tôt dans le match et rapidement pris l’ascendant dans la bataille territoriale, a contraint les visiteurs à jouer du football de rattrapage. C’était 20-7 à la mi-temps, puis 27-7 au retour de la demie. Il s’agit là d’un scénario loin d’être idéal pour un quart inexpérimenté.

Je pense que si on avait posé la question avant la rencontre : « Les Raiders ont-ils de bonnes chances de l’emporter s’ils sont forcés à opter pour 45 jeux aériens? », la réponse aurait unanimement été « non ».

Inversement, les Texans ont suivi leur plan de match à la lettre. D’ailleurs, la formule recherchée était très semblable à ce que les Raiders auraient voulu implanter, c’est-à-dire un grand nombre de jeux de course (44) et quelques passes éparpillées ici et là (25). C’est ce genre d’équilibre dont Cook aurait eu besoin.

À lui seul, Jadeveon Clowney a été une menace constante dans ce match. Il a mis du sable dans l’engrenage de l’attaque d’Oakland à maintes reprises, et son interception profondément en territoire des Raiders était un bijou, une preuve évidente de ses qualités athlétiques. C’est malheureux lorsqu’on pense que J.J. Watt pourrait être à ses côtés! Imaginez les maux de tête pour les lignes offensives…

Osweiler, pour sa part, a fait ce qui était demandé de lui en ne bousillant pas les séquences de son club. Il n’a été victime d’aucun revirement, a décoché une passe de touché et en a inscrit un au sol. Il a exécuté ce que le personnel d’instructeurs attendait de lui.

Le spectacle de Brown et Bell

En décortiquant la victoire des Steelers de Pittsburgh, il n’est pas très ardu d’identifier ce qui a fonctionné. D’une part, les joueurs offensifs d’impact se sont levés et pas à peu près dimanche. On n’a qu’à penser au début de match flamboyant d’Antonio Brown, qui a inscrit un majeur de 50 verges sur une passe piège, puis un deuxième de 62 verges par la suite. Il était en feu au premier quart, et par la suite, on a eu droit au spectacle Le’Veon Bell, qui a connu une autre performance exceptionnelle dans le champ-arrière. On peut vraiment dire qu’offensivement, les Steelers ont fait ce qu’ils voulaient.

Stephon Tuitt rabat Matt Moore au solAfin de mettre en perspective les prestations étincelantes livrées par Brown et Bell, mentionnons qu’à deux, ils ont touché au ballon 36 fois et amassé 298 verges en plus d’inscrire quatre touchés. Cela représente 81 % des verges gagnées par les Steelers durant la rencontre!

On savait que les Dolphins connaissaient des ennuis dans la tertiaire, et cette lacune a paru. La semaine précédente, les Patriots de la Nouvelle-Angleterre avaient attaqué régulièrement le demi de coin Tony Lippett et cela avait mené à une grosse journée pour le receveur Julian Edelman. Sept jours plus tard, les Steelers, qui avaient bien vu cette faille en étudiante les bandes vidéo, ont calqué cette stratégie et ça s’est avéré payant pour Brown.

Et malgré la nette domination des locaux, c’était 20-6 en fin de première demie et Miami menaçait dans la zone payante. Les Dolphins avaient la chance de marquer un touché et de porter la marque à 20-13 et de retraiter au vestiaire en ayant le sentiment d’être encore dans le coup. Sauf que James Harrison en a décidé autrement en faisant perdre le ballon au quart Matt Moore. Cette séquence est d’ailleurs une fidèle illustration du genre d’après-midi qu’ont connu le vétéran quart et ses coéquipiers. À partir de ce moment, les Dolphins ont connu quatre séquences offensives d’affilée qui se sont terminées en queue de poisson.

À chaque fois que la porte semblait s’entrouvrir pour les hommes d’Adam Gase, les Steelers la claquaient avec vivacité. Que dire des coups qu’a encaissés Moore durant ce match? Il s’est fait frapper très solidement à plusieurs surprises, la plus violente de ces collisions étant survenue lorsque le secondeur Bud Dupree l’a projeté au sol.

J’ai trouvé Moore courageux, mais sa bravoure ressemblait par moments à de la témérité. Et parfois pour un quart, de se montrer téméraire peut frôler la stupidité car le risque de subir une blessure devient grand. La limite entre les deux est parfois mince!

En bout de ligne, la victoire des Steelers s’explique par leur domination de la guerre des tranchées. Je sais que cette facette se retrouve au cœur de chaque affrontement, mais c’est l’évidence même dans ce cas-ci.

Pittsburgh a cumulé 35 courses pour 179 verges, ce qui lui a conféré une moyenne de 5,1 verges par course. De l’autre côté du spectre, Miami a été limité à 52 verges sur 21 courses (2,5 verges par course). Au chapitre des sacs, les Steelers en ont alloué un seul, tandis que les Dolphins en ont concédé cinq.

Il ne fait pas de doute dans mon esprit qu’on avait avalé de travers à Pittsburgh la fabuleuse performance de 204 verges au sol du demi offensif Jay Ajayi au mois d’octobre. On a tout mis en œuvre pour que cela ne se reproduise pas, et on se doit de les féliciter, car il a été écarté de l’équation.

* propos recueillis par Maxime Desroches