Après l'analyse des matchs éliminatoires disputés dans l'AFC, voici celle des rencontres de la NFC.

Le match éliminatoire qu’ont disputé les Seahawks de Seattle samedi face aux Lions de Detroit avait des airs de déjà-vu.

Avec un jeu au sol qui fonctionnait à merveille, on aurait cru voir en Thomas Rawls la réincarnation de Marshawn Lynch. Il nous a réellement sorti sa meilleure imitation du fameux « Beast Mode » en fin de semaine, avec de belles courses, des bloqués brisés et de nombreuses verges après le contact initial. Rawls a couru avec beaucoup de détermination. Il en a résulté une récolte de 177 verges par la course sur 38 verges pour Seattle.

C’est une bonne chose que Rawls se soit montré aussi dominant car on a été en mesure de constater qu’au plan de la protection du quart, la ligne offensive des Seahawks montre encore bien des failles. Russell Wilson a essuyé trois sacs et a été frappé à neuf reprises. On s’aperçoit que sans sa mobilité exemplaire, cela serait encore plus problématique pour le jeune vétéran. Si les hommes de Pete Caroll devaient se retrouver dans un scénario où il est nécessaire de lancer le ballon fréquemment, il y aura un élément de risque additionnel.

Ai-je besoin de mentionner que Seattle devra miser sur la même recette la semaine prochaine à Atlanta? Après tout, c’est à la meilleure attaque de la NFL  en saison régulière que seront confrontés les Seahawks. La meilleure façon de la freiner en demi-finale d’association sera de la contraindre à demeurer sur le banc.

Les succès connus au sol samedi ont aussi fait beaucoup de bien aux Seahawks parce qu’ils ont eu le ballon en leur possession pendant 37 minutes. À mon sens, c’est l’histoire du match. L’effet pervers pour les Lions est qu’ils n’ont profité que de neuf possessions offensives durant l’affrontement. En moyenne, on souhaite l’avoir trois fois par quart pour un total de 12. C’est donc dire que si tu en bousilles une sur le lot, ça commence à faire très mal!

Matthew Stafford et son attaque n’ont déployé que 50 jeux offensifs durant leurs 23 minutes à l’attaque. Plus important encore : aucun de ceux-ci n’a été réalisé dans la zone payante. La ligne de 33 a été le plus loin que les visiteurs ont réussi à se rendre en territoire des Seahawks, dont la défense était fraîche et dispose. Difficile dans un tel contexte de gagner en rythme et d’installer son plan de match…

Parce qu’après tout, c’est en réalisant des jeux en première mi-temps qu’on met la table pour ceux qui suivront lors de la deuxième. Mais sans répétitions, il devient quasiment impossible d’exécuter ce fameux plan de match. C’est à cette dure réalité que Stafford et son attaque ont dû se buter samedi.

Rodgers s'est superbement bien ajusté

Depuis six semaines, on vante les mérites d’Aaron Rodgers et il s’en trouvait plusieurs pour affirmer qu’il pouvait difficilement faire mieux face aux Giants de New York. Et pourtant, le général a fait mentir les gens en offrant un autre match sensationnel ponctué de quatre passes de touché.

Après le premier quart, on croyait que les Giants avaient trouvé la recette pour le neutraliser. Ils ont vraiment tout fait sauf concrétiser leurs séquences offensives en touchés. Des passes échappées dans la zone des buts par Sterling Shepard et Odell Beckham fils leur ont fait très mal. Leur manque d’opportunisme a fait en sorte que les Packers ont moins senti la panique d’installer avec un score de 6-0.

Après 15 minutes de jeu, le no 12 avait réussi trois passes en sept tentatives pour des gains minimes de 19 verges. Il a pourtant terminé l’affrontement avec 362 verges aériennes. Assez spectaculaire!

Aaron RodgersEn 2 minutes et 20 secondes de jeu à la fin du deuxième quart, les Packers ont marqué 14 points. Évidemment, c’est la passe « arc-en-ciel » (la passe du désespoir) d’une distance de 42 verges à Randall Cobb qui a carrément été l’élément déclencheur. Autant cette séquence a-t-elle démoralisé les Giants, elle a aussi gonflé à bloc l’équipe locale, qui est rentrée au vestiaire en avance par huit points.

Les Giants peuvent être pointés du tout pour la manière qu’ils ont abordé ce dernier jeu de la demie. La règle d’or dans de telles circonstances est de ne jamais laisser un receveur adverse être derrière le jeu. Le joueur défensif doit être le dernier en ligne, prêt à rabattre une passe. Ces situations sont pratiquées régulièrement par les équipes, mais il arrive que la concentration se perde quand les choses deviennent intenses, voire chaotiques en situation de match.

C’était la troisième fois en l’espace de deux saisons que Rodgers faisait le coup sur une passe du type « Hail Mary » après celles réussies contre les Lions de Detroit et les Cardinals de l’Arizona l’année dernière.

À partir de ce moment, Green Bay était revenu dans le match et la troupe de Mike McCarthy en a pris le plein contrôle, même si le pointage était de 14-13 avec un peu plus de cinq minutes à écouler au troisième quart.

Rodgers a monté l’intensité d’un cran. On a senti que ses lectures et ses décisions étaient plus rapides et que sa dégaine devenait vite comme l’éclair. Sa protection, elle aussi, est devenue meilleure, de sorte que tout s’est mis à fonctionner au quart de tour. Résultat : les Packers ont marqué 24 points sans riposte dans la vingtaine de minutes qu’il restait au tableau indicateur.

Fait notable : la récolte de 38 points des Packers était leur troisième de suite au Lambeau Field après celles amassées face aux Seahawks de Seattle et aux Vikings du Minnesota. On parle ici de trois unités défensives plutôt bien cotées à l’intérieur du top-10 de la NFL en saison régulière. Cela ne fait que rehausser la valeur du travail de Rodgers et de ses coéquipiers durant le derniers mois et demi.

La défensive, pour sa part, a tenu le fort. C’est elle qui s’est illustrée pour faire en sorte que le match ne soit pas hors de portée alors que l’attaque cherchait encore à débloquer en début de rencontre. Elle a permis à Rodgers de finalement décoder la défensive des Giants et de commencer à l’attaquer de façon plus soutenue sans avoir à remonter une pente trop abrupte.

L’unité défensive a donc quitté le terrain avec le sentiment du devoir accompli; seulement 13 points accordés, interceptions, sacs du quart, échappés provoqués… Bref, tout y était.

En terminant, au nombre de passes échappées par le groupe de receveurs des Giants, on peut parier que cette situation sera couverte en long et en large par les médias de New York. Le fait qu’ils étaient allés célébrer leur participation aux éliminatoires à Miami après leur dernière victoire va être remise en question.

Au lieu de débattre longuement du bien-fondé de leur décision d'aller faire la fête, je terminerai en posant la question suivante : chez les Patriots de la Nouvelle-Angleterre, est-ce qu’une telle situation aurait été tolérée ou encouragée? À mon avis, poser la question, c’est y répondre!

* propos recueillis par Maxime Desroches