Encore une fois samedi après-midi, les grands gagnants de la finale de la Coupe Dunsmore entre le Rouge et Or de l’Université Laval et les Carabins de l’Université de Montréal ont été les partisans du football universitaire québécois, qui ont été gâtés une fois de plus.

Ces deux programmes se sont donné corps et âme sur le terrain et ont offert un spectacle rempli de rebondissements. À voir ces étudiants-athlètes se défoncer sur le terrain, je ne peux m’empêcher de trouver dommage dans une certaine mesure que l’une des deux équipes reparte le cœur gros en raison de la déception liée à la défaite.

Les Carabins, champions en titre de la Coupe Vanier ne l’ont cependant pas volée, cette victoire sur la pelouse de leurs rivaux. Lors de duels aussi âprement disputés, il y a des statistiques qui à mon sens ressortent plus que d’autres afin d’expliquer le dénouement. Dans un match défensif où les unités sont coriaces, les erreurs doivent être minimisées, notamment la bataille des revirements.

Le nombre de pénalités décernées doit également être comptabilisé dans l’équation, tout comme le nombre de gros jeux offensifs réalisés. Parce qu’avouons-le, avec les forces en présence durant cette finale, il aurait été utopique de penser qu’une attaque puisse orchestrer avec régularité de longues séquences ininterrompues de 14 jeux pour se rendre jusqu’à la zone payante. Ça devient donc hyper important de réaliser ici et là de longs jeux, tant au sol que par la voie des airs.

Sachant que les points marqués allaient se faire rares, les revirements deviennent d’autant plus cruciaux, car cela peut permettre à un club ou l’autre de marquer des points de façon consécutive, et ainsi d’appliquer de la pression sur l’adversaire.

À l’exception des pénalités (12 contre 8 à l’avantage de Laval), le reste des facettes mentionnées plus haut ont favorisé Montréal, à commencer par le ratio de +6 en matière de revirements. De part et d’autre, on voulait du football propre; c’est-à-dire sans interception et sans échappée. De mémoire, je ne me souviens pas d’avoir vu une équipe gagner une rencontre en dépit d’un différentiel de -6 à ce chapitre, et c’est pourtant ce que le Rouge et Or est passé bien près de réussir samedi.

Je tiens à féliciter l’unité défensive lavalloise. Oui, elle a accordé de gros morceaux de terrain ici et là (pour des gains supérieurs à 500 verges au total), mais dans le contexte du match, avec tous les changements de possession soudains, elle a été sollicitée et elle a été avare de points même si les Carabins menaçaient. À la suite des six revirements que j’énonçais plus haut, les visiteurs ont limités à un seul point marqué… C’est tout dire! Cette bande de joueurs a réellement tenu le fort dans des conditions loin d’être idéales à quelques moments dans le match.

J’aimerais aussi lever mon chapeau au quart-arrière de deuxième année Hugo Richard. Il était sous les feux de rampe. Ce match était une grosse affaire pour les deux programmes, et les attentes peuvent devenir suffocantes. Après un début de rencontre loin de ce qu’il espérait livrer, Richard a offert du football inspiré par la suite, à partir du moment où le Rouge et Or tirait de l’arrière 16-1 au pointage. J’ai vraiment l’impression que le jeune homme a grandi dans la défaite. Il ne s’est pas écroulé et est revenu plus fort en deuxième demie. C’est du bagage qui lui sera précieux pour la suite de carrière universitaire.

On a cependant senti que même si les Carabins sont les tenants du titre, ce sont les troupes de Glen Constantin qui montraient le plus de nervosité dans leurs jeux. Surtout en première demie, les pénalités et les mauvaises remises, toutes sortes de décisions discutables, ont trahi une certaine anxiété du côté de Laval.

Depuis quelques années, on sent que les Carabins forment une équipe résiliente. Dans des situations corsées, cette équipe nous a habitués à du football d’une qualité exceptionnelle. C’est un groupe qui n’abandonne jamais. On sent qu’il y a une attitude et une dynamique spéciales qui habitent ce vestiaire.

Jusqu’au dernier jeu de l’affrontement, le niveau d’énergie n’a pas baissé d’un cran. Et lorsqu’on y pense, ça aurait finalement pu être le cas, car c’est extrêmement démoralisant de constater qu’en dépit d’une domination des plus complètes dans plusieurs phases du jeu, on est en danger de retourner chez soi bredouille.

Bref, c’est rendu la marque de commerce de ces deux équipes, que de décider l’issue du duel sur le tout dernier jeu du match. C’est le football québécois qui est regagnant dans toute cette histoire!

Bonne chance aux Carabins, qui tenteront de se qualifier pour la Coupe Vanier en se mesurant aux Gryphons de Guelph. Espérons que nous aurons des représentants québécois au match ultime le 28 novembre, au Stade Telus!

Le génie de Brady, la régression de Manning

Deux quarts qui entreront dans la légende du football américain ont connu des après-midis aux antipodes dimanche.

Tom BradyTandis que Tom Brady permettait aux Patriots de la Nouvelle-Angleterre de conserver leur fiche immaculée avec une dernière séquence offensive dirigée de main de maître, Peyton Manning et les Broncos de Denver connaissaient une rencontre absolument lamentable sur leur propre terrain face aux Chiefs de Kansas City.

En regardant le match des Pats contre les Giants de New York, j’en suis venu à me demander si  Tom Coughlin et Eli Manning étaient la kryptonite des hommes de Bill Belichick. Les New-Yorkais semblaient tout près de rejouer le coup à leurs rivaux. C’est vraiment leur manque de finition qui les a finalement empêchés de mettre la touche finale sur cette performance, qui autrement était très solide dans tous les aspects.

C’est un peu symptomatique de la saison des Giants que d’échapper des avances au quatrième quart. Dimanche, c’est arrivé une fois de plus, et s’il y a un constat pour New York à en retirer, c’est que contre Brady, tu as intérêt à inscrire des touchés et non te contenter de bottés de précision. Ce fut pour ainsi dire la seule erreur commise par les Giants.

En avance 24-23, les Pats menaçaient à la ligne de 1 lorsque Brady a été victime d’une interception qui a insufflé un vent d’énergie. La séquence offensive subséquente des Giants s’est soldée par des gains méthodiques de 86 verges et beaucoup de temps écoulé au chronomètre, mais il a fallu se rabattre sur le botteur Josh Brown et mener par deux points au lieu de six.

Avec 1:46 à faire, c’était beaucoup de temps pour Brady, qui nous a habitués à livrer la marchandise dans de telles situations. Douze jeux et 44 verges plus tard, Stephen Gostkowski couronnait le tout avec un botté dans les tous derniers instants.

En anglais, on dit de Brady qu’il est « clutch » pour exprimer à quel point il est fort lorsque la pression est à son comble. Existe-il un joueur plus « clutch » que lui dans la NFL en ce moment? Je ne crois pas!

À l’opposé du spectre, la journée de dimanche s’est transformée en véritable catastrophe pour le frère aîné d’Eli, Peyton Manning. C’est tout de même ironique qu’il ait établi une nouvelle marque pour le nombre de verges accumulées au premier quart, mais mis à part cet exploit hors du commun, ce fut un désastre.

Je ne prétends pas avoir vu tous les matchs du no 18 depuis son entrée dans la NFL, mais bien franchement, il serait difficile de me convaincre qu’il a déjà connu une pire sortie que celle-là. Il n’a complété que cinq de ses 20 tentatives de passes pour des gains minuscules de 35 verges en deux quarts et demie de jeu, en plus d’être victime de *quatre* interceptions.

Comme si cette contre-performance n’était pas assez inquiétante, on apprenait lundi que le général souffre d’une blessure au pied droit. Ça, c’est vraiment une nouvelle qui n’augure rien de bon.

Ben Roethlisberger, des Steelers de Pittsburgh, est aux prises avec une blessure semblable. La différence, cependant, est que celui-ci possède un bras canon capable de compenser. On l’a vu dimanche contre les Browns de Cleveland. Forcé à venir en relève à Landry Jones, il a accumulé 375 verges de gains aériens.

Manning, lui, n’a jamais possédé un bras du tonnerre, pas même dans ses meilleures années chez les Colts d’Indianapolis. Il ne peut pas se permettre d’être blessé à la jambe, à la cuisse, à la cheville ou au pied, car c’est ce qui lui donne son impulsion. À ce point-ci de sa carrière, après la grave blessure au cou subie en 2011, il a besoin de transférer tout son poids afin d’avoir la vélocité nécessaire.

En tant que quart droitier, son pied droit lui est tout simplement essentiel, autant pour décocher ses passes que pour grimper dans sa pochette lorsque la pression est forte. Avec une ligne offensive aussi perméable, il ne pourrait continuer ainsi. Il fut un temps où il aurait trouvé des façons ingénieuses de  compenser, mais à 39 ans, c’est maintenant chose du passé.

Ça me fait penser à certain lanceurs des Ligues majeurs à qui on reproche d’avoir « perdu leur bras ». J’aurais tendance à dire que c’est surtout dans les jambes que le changement se produit avec l’âge.

Nul doute que cette saga sera à surveiller dans l’entourage des Broncos, qui se tourne désormais vers son choix de deuxième tour en 2012, Brock Osweiler pour diriger l’attaque. Ce dernier est dans l’organisation depuis quatre ans maintenant. À lui de prouver qu’il a sa place dans le circuit Goodell.

Propos recueillis par Maxime Desroches