Vous aurez noté que notre dernier match n’était pas dans des conditions familières pour Kansas City. Pour ceux qui ne l’ont pas vu, notre rencontre devant les Broncos de Denver a été disputée dans la neige.

Kansas City n’est pas une ville habituée de recevoir autant de neige. Même si l’accumulation n’a été que de quelques pouces, c’était suffisant pour créer tout un bouchon de circulation. Heureusement, j’avais prévu le coup et je n’ai pas eu de souci pour arriver au stade.

Malgré la tempête, la neige n’a pas empêché le fameux tailgate de Kansas City. J’ai aperçu des foyers à l’extérieur pour réchauffer les partisans, donc la bonne humeur était au rendez-vous. L’ambiance était vraiment à la fête et comme nous affrontions les Broncos, un rival de division, tout le monde souhaitait une victoire.

Vivement la neige

Il faut dire que ça faisait un moment que je n’avais pas disputé un match dans la neige et comme c’est plaisant.

Je suis un gars qui adore Noël et l’esprit des Fêtes, donc d’enfiler plusieurs couches, de devoir même me créer un léger espace sur le terrain dans la neige afin de m’étirer, ça me ramène en enfance. J’ai véritablement un cœur d’enfant à ce moment.

On dirait que cette attitude s’est reflétée aussi dans mon jeu. Je trouvais que nous avions du plaisir en équipe. Tout ce que l’on voit, c’est du pur plaisir avec nos coéquipiers, donc je crois que cette atmosphère un peu plus légère était la bienvenue. La plupart des matchs sont très stressants, alors lorsqu’une telle situation se présente, il faut la saisir et c’est ce que j’ai fait.

Il y avait certains ajustements à apporter avec la neige. Sur le plan de l’équipement, nous avions de plus gros crampons, des couches supplémentaires pour se garder au chaud et on sait qu’à un certain moment on va se retrouver sous une pile avec de la neige plein la figure, mais ça fait partie de l’expérience.

L’objectif demeure qu’il faut rester au chaud et vous vous souviendrez dans l’une de mes précédentes chroniques que moi et le froid ce n’est pas toujours le parfait mariage. Il y a cette tradition que les joueurs de ligne doivent jouer sans manche et je suis parvenu à m’y faire au fil des années avec certains trucs.

Dans le cas présent, j’avais évidemment plusieurs vêtements sous mes épaulettes, dont une combinaison (wetsuit). Ce n’est pas conseiller par temps froid, mais dans nos circonstances, c’était adéquat. En fait, l’élément clé était nos bancs chauffants sur les lignes de côté. Lorsqu’on s’assoit, le banc réchauffait si on veut ma combinaison et au lieu de me retrouver avec de l’eau froide, j’avais alors une petite réserve d’eau chaude personnelle. Le secret réside donc dans les bancs chauffants, car sinon ma combinaison se retournerait contre moi.

Les autres ajustements se situent pour notre jeu sur le terrain et la technique. Il faut garder nos crampons au-dessous de nos hanches et de nos têtes pour l’alignement. Ce n’est pas possible d’être complètement penché vers l’avant en raison du manque d’adhérence.

Pour ce qui est de la protection de passe, nous n’avons pas la possibilité de récupérer si jamais un joueur défensif effectue un mouvement brusque. Il faut donc effectuer des petits pas pour éviter d’être pris à contre-pieds.

Toutefois, ces ennuis sont aussi présents pour les joueurs de ligne et je dirais même encore plus en ce qui les concerne. Ils doivent tenter de nous déjouer pour se rendre à notre quart et pour ce faire, ils ont besoin d’adhérence et de rapidité, ce qui n’est pas autant possible dans la neige.

C’est pourquoi ce genre de condition, comme la pluie, favorise la ligne à l’attaque. La ligne adverse est en quelque sorte ralentie et ils sont plus prévisibles. Lorsque tu aimes jouer dans la neige, comme c’est mon cas, c’est une belle source de motivation et j’étais dans un très bon état d’esprit.

Ne reste qu'à finir

Si on regardait les fiches des deux équipes, on aurait pu croire qu’il y avait un piège que l’on tombe dans la complaisance, mais pas du tout. Après ce que Denver avait fait devant les Texans de Houston en les humiliant, on savait qu’il ne fallait pas prendre cette formation à la légère.

Leur nouveau quart Drew Lock connaissait aussi beaucoup de succès depuis qu’il a été inséré en tant que partant.

Nous avons donc eu une très bonne semaine de préparation et nous voulions sortir des blocs en force. On souhaitait casser si on veut leur moral ou leur espoir et nous avons connu le début de match espéré avec une séquence offensive de cinq jeux qui s’est soldé par un touché. Le ton était donné pour la suite de la confrontation.Laurent Duvernay-Tardif

Notre défense a connu un autre fort match en appliquant beaucoup de pression sur leur quart et de notre côté, nous étions en mesure à l’attaque de gruger une bonne partie du terrain. Je vous dirais que nos éléments à améliorer se situent sur ce point.

On doit concrétiser nos chances de marquer encore plus souvent en touché. Il nous fallait limiter l’interception à la ligne d’une verge et encore une fois, parvenir à signer un premier essai sur quelques troisièmes tentatives clés. On était à la porte des buts à un moment dans le match avec un troisième essai et six verges à franchir et nous n’avons pas été en mesure de poursuivre.

Ce sont des points à corriger en vue des éliminatoires, mais je suis d’avis que nous avons connu une autre bonne rencontre en tant qu’équipe. On consolide véritablement cette chimie chez les Chiefs à l’aube des éliminatoires et c’est beau à voir.

Oui, on joue potentiellement pour une semaine de repos si jamais les Patriots perdent une rencontre et que nous gagnons les nôtres, mais outre cela, on joue pour peaufiner certains points et arriver avec un bon momentum. C’est plaisant de voir que tout le monde est sur la même longueur d’ondes à Kansas City.

Fiabilité et constance pour Kelce

Cette rencontre a aussi permis un exploit individuel pour l'un de nos coéquipiers qui aide justement grandement à cet esprit d'équipe tout en étant un élément clé de notre attaque.

Avec sa récolte de 142 verges, Travis Kelce a atteint le plateau des 1000 verges cette saison, et il est devenu le premier ailier rapproché à réaliser cet exploit lors de quatre saisons consécutives.

Avec Kelce, ce n’est pas compliqué, si sur un troisième essai ce n’est pas une longue passe à Tyreek Hill ou Mecole Hardman, souvent ce sera une passe au centre du terrain dans sa direction.

À mes yeux, il s’agit de tracés difficiles, car il est dans le trafic avec les demi-défensifs et les secondeurs. Il parvient tout de même à saisir ses passes et à ressortir avec le ballon. C’est véritablement impressionnant.

Il n’est pas unique seulement pour son jeu, mais aussi dans son attitude. Je lui ai sauté dans les bras après le match pour lui dire à quel point je trouvais incroyable à quel point il faisait preuve de constance.

Un bel exemple de son niveau de fiabilité pour notre attaque est survenu au deuxième quart. Avec moins de deux minutes à faire, nous devions évoluer avec une attaque sans caucus pour éviter de perdre du temps.

Quatre jeux différents ont été déployés et chaque fois, c’est Kelce qui a su se démarquer pour hériter du ballon. Il parvenait à franchir 15 verges à chacun de ses attrapés. Il se nourrit de ses éléments et il partage son enthousiasme avec nous.

Même si lui aussi commet des erreurs, il est capable de les surmonter et c’est un bel exemple pour nous dans ce sens aussi. Si je veux le décrire, je dirais qu’il joue véritablement au football. On voit que pour lui, c’est du pur plaisir et qu’il semble jouer avec ses amis. C’est précieux d’avoir un tel joueur au sein de notre caucus offensif. 

*Propos recueillis par Maxime Tousignant