Il y avait de quoi être satisfait de la performance livrée samedi dernier, lors d’une rencontre absolument cruciale pour la course aux éliminatoires face aux Chargers de Los Angeles.

Je me suis fait demander quelques fois ces derniers jours les raisons qui expliquent la résurgence des Chiefs de Kansas City après la séquence cauchemardesque que nous avons connue durant les mois d’octobre et novembre. La réponse n’est pas si simple car il y a une foule de facteurs qui entrent dans l’équation. Toutefois, je vous avouerai que le retour de l’efficacité de notre jeu au sol se trouve au centre de nos récents succès.

On n’en parle pas souvent, mais le nombre de verges obtenues au sol dans un match est une des statistiques possédant le degré de corrélation le plus élevé avec la victoire. Le fait de remporter la bataille des revirements figure aussi au sommet de cette liste, et ces deux éléments ont été au rendez-vous pour ce gain de 30-13 aux dépens des Chargers.

Durant les deux dernières semaines, notre défense a recommencé à faire preuve du même opportunisme qu’elle démontrait en début de saison. Lors du dernier match, ça s’est traduit par deux interceptions réalisées par le demi de coin Marcus Peters, ainsi qu’un échappé recouvré. Quand on sait qu’en temps normal, une unité offensive se voit offrir 10 à 12 chances d’aller inscrire des points au tableau, ça devient un mandat difficile pour elle d’exceller en remettant le ballon involontairement trois fois à l’adversaire.

Ce fut bien sûr un effort collectif, mais je salue au passage le boulot accompli par mon coéquipier, le demi de coin Marcus Peters. Je vous avais mentionné dans une précédente chronique qu’il comprenait les raisons ayant mené à sa suspension par les instructeurs après qu’il ait été coupable d’un trop-plein d’émotions durant une partie. Peut-être Marcus a-t-il voulu prouver à tout le monde qu’il est encore un des meilleurs à sa position… Toujours est-il qu’il est revenu au jeu le couteau entre les dents et a réussi deux interceptions cruciales face à Philip Rivers.

Je me dois de souligner cependant que pour réaliser trois interceptions aux dépens d’un quart aussi aguerri que Rivers, ça prend un paquet de petites choses qui forment un tout. Le bruit de la foule qui dérange la cadence avant la remise, une pression efficace appliquée sur le quart, l’obligeant à décocher sa passe sur les talons au lieu de la pointe des pieds et le rendant incapable de bien compléter sa motion, un receveur qui quitte la ligne d’engagement en retard et qui ne termine pas son tracé à temps… Tous ces petits détails mis ensemble font qu’un quart étoile court un plus grand risque de voir sa passe être interceptée.

Offensivement, notre avons méthodiquement cumulé 168 verges au sol, ce qui constitue un excellent rendement contre un rival qui s’était montré avare de points et de verges dans le dernier mois. Devant la menace de la course, l’équipe adverse n’a d’autre choix que de déployer de plus importantes munitions près de la ligne de mêlée. Éventuellement il en résulte des jeux explosifs dans le jeu aérien, comme par exemple une longue passe de touché en direction de Tyreek Hill, qui s’est faufilé derrière ses couvreurs grâce à sa formidable accélération.

On savait que si l’attaque, la défense et les unités spéciales arrivaient à se synchroniser et à jouer du football inspiré en même temps, nous pourrions revenir à une position avantageuse en vue du calendrier d’après-saison.

Au retour de la partie face aux Jets de New York, durant laquelle nous avions marqué 31 points – mais en avions alloué 38 – les joueurs se sont dits qu’il était temps de retourner à l’essence de ce qui faisait des Chiefs une équipe redoutée durant nos cinq victoires de suite. Souvent, c’est l’attitude et l’état d’esprit dans lequel un groupe aborde un match qui vient à faire une différence. Et je peux honnêtement témoigner avoir senti le vent tourner dans la 14e semaine, face aux Raiders d’Oakland.

De plus en plus, nous étions confrontés à la possibilité d’être exclu des éliminatoires. Mais psychologiquement, il y a eu un déclic, sachant que nous allions jouer deux rencontres de suite contre des rivaux de division, deux équipes qu’on connaît sur le bout de nos doigts, à domicile de surcroît.

Il ne restait qu’à sortir en lions, prêts à exécuter comme nous en sommes capables le livre de jeux élaboré par le personnel d’entraîneurs. Les départs explosifs que nous avons connus nous ont permis de reprendre confiance.

Avec cette victoire contre les Chargers en poche, nous devons désormais remporter une de nos deux dernières rencontres pour confirmer notre première position dans la division Ouest de l’Association américaine. Pour nous dépasser, Los Angeles doit gagner ses deux dernières parties et espérer que nous perdions les deux nôtres. Si nous avions échappé ce match, les rôles auraient été carrément inversés. Cela vous montre toute l’importance que revêtait ce résultat.

Et laissez-moi vous dire que nous n’avons pas l’intention de laisser durer le suspense jusqu’à la dernière semaine!

Dimanche, nous recevons la visite des Dolphins de Miami. Cette rencontre sera jouée par temps froid, dans des conditions météo auxquelles nous sommes habitués, contrairement à eux. De plus, on a bénéficié d’une journée de préparation supplémentaire par rapport à eux.

On est sur une lancée, plus motivés que jamais de savoir que nous cognons à la porte des éliminatoires.

Je ne peux pas prédire quel genre d’opposition ils nous offriront, mais je peux vous assurer que chez les Chiefs, tout sera mis en œuvre pour qu’on n’ait pas à patienter jusqu’à la 17e semaine pour confirmer qu’on jouera au football en janvier!

Je ne pensais pas trop au Pro Bowl

L’identité des joueurs élus aux différentes positions en vue du Pro Bowl a été dévoilée mardi soir par la NFL. Même si j’étais en lice pour représenter l’AFC dans ce vote populaire, mon nom n’y figurait pas, et de la manière que je le vois, ce n’est que partie remise. J’ai raté une période de quatre semaines en raison de ma blessure à un genou, et au retour, je n’ai pas nécessairement joué à la hauteur de mes habiletés.

C’est certainement un des objectifs que je souhaite atteindre durant mon passage dans le football professionnel, mais ce but figure loin derrière celui de connaître du succès en tant qu’équipe. Je retire une fierté toute aussi grande à ce que mes entraîneurs et mes coéquipiers  soient heureux de ma contribution.

Bref, j’aurais accepté cette récompense avec beaucoup d’humilité, mais ça ne m’embête pas que cette année n’ait pas été la bonne. Ce sera à moi d’en faire plus l’an prochain!

* propos recueillis par Maxime Desroches