Jouer du football en décembre avec des matchs aussi importants est un privilège. Pour certaines formations, ce n’est déjà plus le cas, alors que leur sort est pratiquement scellé. On y différencie les équipes qui sont en mesure de joueur du football constant et de haut niveau, des autres formations.

De notre côté, cette période de l’année coïncidait avec notre retour d’une pause. Par le passé, on a vu que coach Reid a su revenir en force après la semaine de congé et on en a encore eu la preuve dimanche lors de notre victoire devant les Raiders d’Oakland.

On était vraiment gonflés à bloc d’affronter ce rival de division à la maison. Depuis le début de la campagne, on a encaissé la majorité de nos revers devant nos partisans et je ne saurais trop pourquoi. C’était donc l’occasion de se reprendre et au sein d’une rivalité mythique.

L’enjeu était crucial, car oui ce gain de 40 à 9 ajoute une victoire pour nous au classement, mais il empêche aussi nos adversaires de s’approcher de nous dans la course pour le titre de la division Ouest. Notre dossier de 8-4 contrairement à 6-6 pour eux au deuxième rang nous avantage et nous avons en plus le bris d’égalité grâce à nos deux victoires cette saison.

Avec beaucoup d’éléments sur la ligne, nous avons su sortir en force. Notre défense a donné le ton avec une interception et nous avons su inscrire un majeur sur notre première possession à l’attaque. Lorsque nous sommes entrés au vestiaire, nous menions à ce moment 21-0, mais je sentais que nous avions encore faim. On savait que ce n’était pas terminé et on voulait marquer des points dès notre retour sur le terrain, ce que nous avons réussi avec un placement.

Par la suite, le reste de la rencontre était presque une formalité et c’était véritablement l’une des premières fois cette saison que l’on pouvait sentir que nous avions mis le match hors de la portée de nos adversaires aussi tôt.

Je suis conscient que pour le spectateur, ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de plus enlevant, mais nous avions besoin de ce match. On a terminé la rencontre avec beaucoup de caractère, alors que même s’ils nous attendaient au quatrième quart, nous avons été capables de traverser le terrain pendant neuf minutes avec le jeu au sol.

Courir le ballon dans la NFL c’est déjà difficile de le réaliser avec constance, mais c’est à un tout autre niveau lorsque tout le monde sait que nous allons courir afin d’écouler du temps. Nous enchaînions les jeux tout en protégeant au mieux notre quart Patrick Mahomes. Il n’avait jamais beaucoup de verges à franchir sur les troisièmes jeux que nous devions compléter ce qui l’empêchait de faire face à une pression évidente pour freiner le jeu aérien.

Lorsque j’ai quitté le terrain, je sentais l’adrénaline à un niveau inégalé cette saison. C’est difficile à décrire, mais ce dernier touché qui n’était pas à la suite d’une longue passe de 80 verges, mais plutôt en marchant le terrain est gratifiant. Nous avons réalisé le tout en équipe et c’était un beau moment à partager. On a vu beaucoup de sourires sur les lignes de côté au quatrième quart.

Ultimement, le touché de Darwin Thompson a fait en sorte que nous avons creusé encore un peu plus dans notre zone d’inconfort pour conclure en force et avec conviction.

Se battre avec les conditions

Cette victoire nous réchauffait le cœur, car je peux vous dire que sur le terrain, les conditions étaient tout autres. Une réalité de jouer en décembre c’est l’arrivée du froid et cette rencontre était disputée tout près du point de congélation.

ContentId(3.1350620):NFL : Raiders 9 - Chiefs 40 (Football)
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On sait que chaque contact sur la ligne de mêlée va faire encore plus mal. À ce temps, tout est amplifié, donc lorsque je suis percuté par un joueur de plus de 300 livres avec des épaulettes, je le ressens encore plus.

On a la chance il faut dire, d’avoir des bancs chauffants sur les lignes de côté. Toutefois, c’est à la ligne offensive de se rendre sur le terrain lors d’un changement de possession avec les pauses commerciales, pendant que le reste de l’unité discute stratégie pour la suite des choses. On garde le fort en quelque sorte avant leur arrivée.

Le défi est de s’assurer de demeurer échauffé tout au long du match pour éviter les blessures, mais c’est sur le plan psychologique que c’est le plus demandant. Même si on tend à l’oublier dans le feu d’action, lorsqu’on termine un bloc au sol, on ressent rapidement que le sol est gelé.

Mes coéquipiers croient d’ailleurs que ces conditions sont familières pour moi comme j’arrive du Canada. La réalité est que le froid et moi, on ne s’entend pas très bien. Il n’est pas rare que je commence à grelotter quelque peu rendu au troisième quart et justement comme j’arrive du Canada, ça fait bien rire mes coéquipiers, dont Mitch Schwartz.

Un rendez-vous attendu avec les Pats

Les sourires et les rires ont certes fait du bien, mais toute notre concentration est maintenant centrée sur les Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Une certaine rivalité s’est créée à la lumière de nos trois dernières rencontres.  Celles-ci ont été très serrées. On se souviendra qu’on a gagné à Foxborough, lors du premier jeudi de la campagne il y a deux ans. Sinon, l’an dernier on s’était incliné et on se souviendra du revers à domicile en prolongation lors des éliminatoires.

On sait qu’on les affronte cette semaine, mais on s’attend à les revoir après la saison. On peut presque leur donner le statut de rivaux de division pour cette raison.

Je pense qu’on a tous ce sentiment d’avoir laissé quelque chose sur la table lors de notre revers en finale d’Association et on veut maintenant passer un message clair sur ce qu’on peut accomplir.

Les Patriots ont une culture qui les aide définitivement à gagner et avec l’expérience, j’ai réalisé à quel point c’est primordial d’avoir cette philosophie dans le vestiaire et c’est ce que nous retrouvons à Kansas City.

La clé du match sera de s’assurer que les Chiefs ne soient pas le pire ennemi des Chiefs. Je pense à notre revers contre les Titans du Tennessee et les pénalités ne cessaient de s’accumuler. On se sortait nous-mêmes de la zone payante et notre jeu au sol connaissait aussi des difficultés à ce moment. Si on joue comme nous avons disputé nos deux derniers matchs, une défense qui provoque des revirements et une attaque qui contrôle le temps de possession, nous serons difficiles à battre.

Il faut savoir qui on affronte, mais surtout savoir comment bien se préparer afin d’être la meilleure équipe possible sur le terrain au domicile des Pats.

Créer des liens avec le sport

En terminant cette chronique, je veux revenir sur une initiative qui s’est présentée avec la fondation Make-A-Wish.Laurent Duvernay-Tardif

Parmi nos donateurs, la famille Gantcheff, qui sont présents chaque année, souhaitait poser un geste qui offrirait leurs ressources pour les jeunes. Il nous est donc venu en tête la fondation Make-A-Wish.

Ensemble, nous avons mis sur pied un voyage pour deux jeunes au Canada qui avaient formulé le souhait de voir un match des Chiefs. On a organisé pour eux un voyage avec un déplacement en jet privé afin de venir à Kansas City.

J’ai préparé un dîner avec eux le samedi, le lendemain ils étaient avec nous pour l’échauffement, ils ont assisté au match et ils sont revenus après la rencontre. Eric Fisher et Travis Kelce ont également participé à cette initiative en venant saluer les jeunes et ils ont même lancé le ballon avec eux. C’était une fin de semaine mémorable.

C’est impressionnant de voir tout ce qu’ils ont traversé au cours de la dernière année, mais de pouvoir vivre ce rêve avec leur famille, c’était unique. Je ne les pas vu longtemps, mais de voir cette chimie entre la famille de donateurs et celles des jeunes se créer aussi rapidement, c’était impressionnant.

Au final, on réalise que le sport permet de créer des liens très forts en peu de temps et c’était vraiment touchant à voir. J’ai donc adoré mon expérience et je veux remercier nos donateurs et la fondation Make-A-Wish d’avoir mis le tout sur pied. J’espère que les jeunes en ont pleinement profité et je me sentais privilégié d’avoir su y participer.  

*Propos recueillis par Maxime Tousignant

Jeunes partisans des Chiefs

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