Chaque début de saison revêt un cachet particulier pour un joueur de football. Qu’on en soit à une première saison dans la NFL ou qu’on soit un vétéran chevronné qui entame sa huitième campagne, il y a une fébrilité dans l’air qui est unique à ce deuxième dimanche du mois de septembre! Ça se ressent dans le stade dès l’échauffement aussi, qu’on soit l’équipe hôte ou l’équipe visiteuse. J'admets que mon enthousiasme s'expliquait aussi par le fait que c'était ma première joute depuis que j’ai gradué en médecine.

Je suis très heureux que les Chiefs aient pu entamer le calendrier avec une victoire, surtout lorsqu’on pense que des doutes subsistaient à notre endroit. Plusieurs observateurs se demandaient encore si notre jeune quart Patrick Mahomes allait livrer la marchandise maintenant que l’attaque était entièrement entre ses mains. Certains croyaient qu’un nouveau coordonnateur à l’attaque allait requérir une période d’ajustement. Finalement, d’autres présumaient que notre défense allait en arracher en se basant sur les mouvements de personnels réalisés durant la saison morte et sur les performances en matchs préparatoires. Quant à moi, j’avais des appréhensions car c’était mon premier match complet après une période d’inactivité de quelques semaines en raison du protocole des commotions cérébrales.

Nous étions tous gonflés à bloc, et quoi de mieux que de lancer une saison en ramenant un botté de dégagement sur une longue distance jusqu’à la zone des buts pour une récolte de sept points? C’est ce que nous a réservé notre coéquipier Tyreek Hill, qui a décampé sur 91 verges pour calmer les ardeurs des partisans des Chargers. C’est le genre de jeu qui est démoralisant pour l’équipe qui le concède. Et ça n’a pas été le seul fait d’armes de nos unités spéciales. Elles ont également mis la rencontre hors de portée lorsqu’elles ont recouvré un ballon à la ligne de 2, nous laissant quatre opportunités d’ajouter à notre avance sur courte distance.

Le résultat de dimanche a été l’exemple typique d’une victoire d’équipe. Évidemment, Mahomes et Hill ont sont à l’avant-scène lorsqu’on jette un œil à la feuille de statistiques, mais les trois phases ont contribué au succès. La défense a été particulièrement efficace pour maintenir l’avance et empêcher Philip Rivers et son attaque de franchir la ligne des buts au quatrième quart. Bref, on croit avoir montré aux Chargers et au reste de la division Ouest de l’AFC qu’on a de grandes aspirations pour cette saison. De commencer fort, c’était impératif pour nous.

Ce que je trouve encourageant pour la suite des choses, c’est qu’on n’a pas joué à notre plein potentiel du côté offensif. Sur quelques jeux de courses, les angles de blocs étaient plus ou moins exacts. Dans le jeu aérien, on aurait pu offrir une protection plus étanche à Mahomes ici et là. Quelques jeux auraient dû être complétés; je pense notamment à la longue passe à l’attention de De’Anthony Thomas, qui a tout juste été rabattue par le demi défensif. Sammy Watkins est aussi passé tout près de marquer un touché très similaire à celui de 58 verges de Hill. Bref, des opportunités non concrétisées dont il faut se souvenir, même si le fait d’avoir mis 38 points au tableau reste un résultat satisfaisant.

Et de neuf face aux Chargers

Dans son discours d’avant-match, Coach Reid nous a rappelé que nous avions excessivement bien fait face aux Chargers depuis quelques saisons, avec huit victoires de suite. Il nous a mis au défi de faire passer cette séquence heureuse à neuf. Disons que c’est plus facile de le relever lorsqu’on se fait continuellement dire que les Chargers sont censés être le club baromètre dans la division. On a prouvé qu’on ne doit pas être tassés du portrait et qu’on mérite du respect en tant que détenteurs du titre de division lors des saisons 2016 et 2017.

Personnellement, je suis toujours très critique envers mon propre jeu. Je considère avoir fait un pas dans la bonne direction, mais il y a toujours des détails relatifs à tes blocs que tu souhaiterais corriger. La rapidité, l’angle d’attaque, etc.. Ce genre de choses peut être rectifié en révisant les séquences vidéo. Il s’agit de connaître une évolution au fil des 16 matchs, ne perdons pas de vue cet aspect.

Il faut être conscient aussi que nous affrontions un front défensif décimé pour cette première confrontation de l’année  face aux Chargers. Leur ailier défensif Joey Bosa n’a plus besoin de présentation. Ce dernier manquait à l’appel, tout comme Corey Liuget, un excellent plaqueur défensif auquel je me serais frotté régulièrement s’il n’avait pas été frappé par une suspension pour avoir enfreint la politique antidopage.

N’empêche que malgré ces deux absents-clés, les Chargers pouvaient compter sur Melvin Ingram, un athlète qui excelle pour appliquer de la pression sur le quart. Les Chargers nous ont présenté des types de blitz atypiques, surtout sur un troisième essai et long, et il a fallu adapter nos algorithmes en conséquence.

On ne se fera pas d’accroires : le calendrier des Chiefs est plutôt ardu pour commencer l’année. Pas besoin d’être un fin analyste pour constater que nous débutons avec quatre matchs sur six joués dans des stades adverses, face à de bonnes – et parfois très bonnes – formations de notre association (après les Chargers : les Steelers de Pittsburgh, les Broncos de Denver et les Patriots de la Nouvelle-Angleterre). Les deux autres rencontres ne seront pas de tout repos elles non plus même si elles seront à domicile (49ers de San Francisco et Jaguars de Jacksonville). Il sera important de démontrer ce genre de caractère sur la route pour sortir de ce premier droit en bonne posture au classement.

Les Steelers, une bête noire à dompter

S’il y a une équipe à l’extérieur de notre division que nous avons souvent eu dans les pattes depuis deux ans, ce sont bien les Steelers. De la manière que la NFL produit les horaires, les champions de division d’une même association croisent le fer l’année suivante. Comme ça fait deux saisons de suite que nous gagnons l’AFC Ouest et que Pittsburgh remporte l’AFC Nord, nous les affrontons constamment. Et ça, c’est en plus de l’année 2016 durant laquelle nous les avons affrontés deux fois en raison de notre choc en match éliminatoire.

Honnêtement, nous avons eu de la difficulté contre la formation de Mike Tomlin, et nous sommes plusieurs chez les Chiefs à l’avoir sur le cœur. Dans ce contexte, ce ne sera pas difficile de trouver la motivation à aller offrir notre meilleur football au Heinz Field dimanche. Les joueurs des Steelers jouent avec une certaine attitude, ça ne date pas d’hier. Il y a beaucoup de robustesse et d’intensité dans chacun de leurs gestes, notamment dans leurs courses « Nord-Sud ». Gageons qu’ils répéteront la nécessité de jouer de cette façon après que leur premier match, à Cleveland, n’ait pas pris la tournure espérée.

Il faut mettre le pied sur leur pelouse, prêts à leur montrer dès le premier sifflet que nous ne reculons devant aucune tentative d’intimidation.

* propos recueillis par Maxime Desroches