Il y a deux ans, j’étais dans la position de plusieurs joueurs universitaires qui viennent de terminer leur quatrième année. J’étais admissible au repêchage de la NFL et de la LCF et je devais me poser des questions sur mon avenir professionnel dans le football.

Cette chronique est basée sur mon avis personnel, mais à vous de bâtir votre propre plan. Néanmoins, je crois que les prochains paragraphes pourront aider et qu’ils feront découvrir au grand public une partie du chemin pour se rendre aux rangs professionnels.

Je séparerai ma chronique en trois parties : la réflexion, l’exposition et l’entraînement.

Réfléchir et choisir un agent

Tout d’abord, il faut se demander si on veut tenter notre chance dans la NFL. La réponse semble aller de soi, mais dans mon cas, j’avais quand même songé si ce n’était pas mieux de jouer au football dans une ville canadienne avec mes études en médecine.

Pendant la saison de football, ce n’est pas le temps de réfléchir à cela et de commencer à chercher des agents. Le plus important, c'est de s’assurer de produire huit bons matchs de film sur soi – et plus si on se rend en éliminatoires – que les équipes vont pouvoir regarder pour nous évaluer.

Bref, il faut se concentrer à bien jouer sur le terrain. C’est l’une des seules choses que le joueur peut contrôler. Lorsque la saison se termine, le temps de choisir un agent est approprié.

La chose la plus importante que vous devez vous rappeler avec votre agent, c’est qu’il travaille pour vous et non le contraire. Votre agent peut vous recommander ou vous suggérer des choses, mais à la fin, c’est votre décision. Personne ne serait censé être au-dessus de vous. C’est une coopération d’égal à égal ou vous avez l’avantage. C’est votre corps. C’est vous qui prenez les décisions et l’agent est là pour vous épauler.

Avec l’agent, il faut se demander ce qu’on recherche. Est-ce que qu’on veut une personne qui peut nous aider à percer dans la NFL ou la LCF ou les deux? Quelles sont les opportunités de se faire montrer et remarquer? Pour certains, dont moi, c’est la Classique Shrine aux États-Unis et pour d’autres ce sera les différents tests d'évaluation (combines), que ce soit ceux régionaux dans la NFL ou ceux de la LCF.

Il faut donc trouver un agent qui va offrir les ressources nécessaires pour connaître nos meilleurs moments lors de ces évènements. Si vous avez la chance d’aller à la Classique Shrine, il vous faut un agent qui pourra vous proposer un entraînement adapté à ce dont vous avez besoin.

La semaine de la Classique Shrine étant en janvier, il faut un programme spécialisé pour se préparer à cette semaine qui comporte plusieurs entraînements intenses sur le terrain et qui se conclut par un match. L’erreur serait de s’entraîner uniquement pour des tests physiques comme le développé couché par exemple alors qu’on doit s’illustrer sur le terrain.

Tout dépendant de vos tribunes et de vos opportunités, il faut que le discours en termes de ressources de l’agent que vous choisissez aille dans le même sens.

Je crois que ce sont les points les plus importants quand un joueur va parler avec un agent. Qu’est-ce qu’il peut vous offrir pour vous améliorer en tant que joueur en ce moment et non quand vous allez faire l’équipe parce que le temps est maintenant. L’objectif, c’est de percer la formation. N’oubliez jamais que les contrats ne sont pas complètement garantis au football.

De mon expérience, les agents vous offrent une panoplie de plateformes de marketing, de ressources de conseiller financier par exemple, etc. C’est certain que c’est à prendre en compte.

D’un autre côté, si vous êtes sur le terrain, que vous jouez bien et que vous devenez un joueur clé dans l’équipe où vous évoluez, le restant (marketing, commandites, etc.) va découler de soi-même. Il faut accorder de l’importance à l’offre globale qu’on vous met sur la table, mais il ne faut pas oublier que rien de tout ça ne va arriver si vous n’êtes pas mesure de vous faire repêcher et de vous faire donner une chance dans un camp d’entraînement.

Bref, la priorité est d’améliorer votre jeu et vos résultats aux tests physiques au cours des quatre prochains mois. C’est ce qui vaut le plus parce que rien ne va arriver sans ça. C’est mon plus gros message.

Il ne faut pas avoir peur de poser des questions à l’agent. Comme mentionné auparavant, il travaille pour vous. Si vous n’êtes pas à l’aise de poser certaines questions, c’est peut-être un signe que ce n’est pas le bon pour vous.

Voici quelques questions que je trouve importantes à demander lorsque vous faites votre recherche :

Combien de joueurs à ma position recrutes-tu en ce moment? Combien de joueurs à ma position as-tu eu dans le passé? Essayez aussi d’avoir une idée du nombre de ses clients qui jouent encore chez les professionnels. Ça vous donne un ratio de succès. Je pense que ces questions sont importantes et que c’est votre droit de savoir.

Ce n’est pas vrai que vous allez être représenté de la même façon si l’agent recrute déjà cinq joueurs à la même position que vous dans votre cohorte de repêchage. C’est important qu’il ait eu des joueurs à votre position dans le passé parce que cela démontre qu’il est capable de les placer. Mais, il ne doit pas y en avoir trop dans votre cohorte de repêchage puisqu’il y a seulement neuf équipes dans la LCF, soit 63 joueurs repêchés lors des sept rondes.

Profiter des tribunes offertes

Plusieurs tribunes s’offrent aux espoirs de repêchage, tant dans la NFL que la LCF.

Je vous parlais plus haut de vos faits saillants sur vidéo et de l’importance de vous concentrer sur votre saison à l’automne. C’est la meilleure façon de vous vendre puisque les recruteurs et les directeurs généraux de la LCF vont commencer leur évaluation à partir de cela. Ils prennent le temps de vous étudier par rapport à ce qu’ils voient de votre saison, mais aussi de celles antérieures parfois.

Il y aussi beaucoup de joueurs qui ont la chance de participer au Défi Est-Ouest. Pour ceux qui ne connaissent pas cet évènement, les meilleurs joueurs qui entameront leur quatrième année pour l’une des 27 universités du Sport interuniversitaire canadien sont invités pour une semaine complète au mois de mai. L’an dernier, c’est mon alma mater, l’Université McGill, qui a accueilli l’évènement. Il a longtemps été présenté à London, dont lorsque j’y ai participé en mai 2013.

Les joueurs sont séparés en deux équipes et c’est une semaine avec des entraînements sur le terrain, des rencontres d’équipe et aussi une matinée où les joueurs effectuent les six tests physiques. Plusieurs recruteurs, entraîneurs et même directeurs généraux d’équipe de la LCF se déplacent pour cet évènement. C’est une première chance de leur en mettre plein la vue.

C’est une tribune très importante pour beaucoup d’espoirs, comme elle l’a été pour moi. Les joueurs sont dirigés par des entraîneurs de partout au Canada qui apprennent à les connaître. C’est un endroit où beaucoup de joueurs se font découvrir parce que les meilleurs étudiants-athlètes au Canada s’affrontent.

Il est aussi important de montrer qu’on est un joueur d’équipe, qui est responsable et qui démontre qu’il joue au football pour les bonnes raisons. Le monde du football est un petit monde, que ce soit dans la LCF ou la NFL. Tout le monde se connaît. Quand le bouche-à-oreille est favorable à votre égard, c’est le meilleur moyen d’améliorer les perceptions des recruteurs.

Il ne faut pas oublier les médias. Si vous avez des opportunités médiatiques, saisissez-les. Il n’y a pas que les fans qui lisent les journaux et les sites Internet. Ça passe devant les yeux de tout le monde.

Plus vous pouvez mettre votre nom à la vue de tout le monde, plus vous avez de chances que les gens vont accrocher et se rappeler de vous. Vous pouvez vous aider en paraissant bien, en faisant une bonne impression et en étant ouvert à discuter avec les médias.

Diversifier son entraînement

L’entraînement est un aspect primordial d’un athlète professionnel. Pendant la saison, ce n’est pas le temps de mettre toutes ses énergies dans le gymnase. C’est en ce moment qu’il faut le faire pour se préparer pour les prochains mois.

Il y a deux volets à l’entraînement. Il y a celui pour se mettre en forme de match, que ce soit pour la Classique Shrine ou pour les exercices des combines et celui pour se préparer à faire les six tests physiques qui sont les sauts en hauteur et en longueur, le sprint de 40 verges, les deux tests de navette et le développé couché.

Lors des camps d’évaluation de la LCF, il y a des exercices à un contre un avec casque et épaulettes. Il ne faut pas négliger cette partie de l’entraînement en se préparant uniquement pour les tests physiques.

L’entraînement physique est très important et il faut un entraîneur spécialisé pour s’entraîner de la bonne manière, d’où la raison d’avoir un bon agent qui va vous mettre en contact avec les bons intervenants. Votre agent vous aidera à cheminer dans les différents programmes, les différents gymnases et à vous encadrer le mieux possible.

Finalement, une autre chose qui est primordiale, c’est d’avoir un plan B si le football ne fonctionne pas.

La beauté du football comparé à d’autres sports, c’est que la grande majorité des joueurs, si ce n’est pas tout le monde, passent par le réseau universitaire que ce soit aux États-Unis ou au Canada. Il y a beaucoup de gens qui vont dire que certains ne seraient pas à l’école si ce n’était pas du football.

Au bout du compte, ils sont quand même à l’université ou au cégep. Il ne faut pas l’oublier. Il y a beaucoup d’athlètes professionnels dans d’autres sports qui n’auront pas cette chance. C’est notre devoir en tant qu’étudiant-athlète de football de réaliser cette situation et de capitaliser pour avoir un plan B solide.

*Propos recueillis par Christian L-Dufresne