Tout est bien qui finit bien
Football vendredi, 9 mars 2007. 20:42 jeudi, 12 déc. 2024. 13:39
Je vous avais dit que je vous redonnerais des nouvelles une fois que j'en saurais un peu plus sur mon avenir. Chose promise, chose due. Après sept saisons à Seattle, je porterai désormais l'uniforme rouge éclatant des Chiefs de Kansas City, avec qui j'ai signé un contrat à titre de joueur autonome mercredi dernier.
Mon agent a eu des discussions avec quelques équipes, que je préfère ne pas nommer, mais les Chiefs sont les premiers à m'avoir contacté, dès la première journée du marché des joueurs autonomes, et immédiatement, ils ont demandé si j'étais libre pour une visite la semaine suivante. Cet appel m'a vraiment soulagé. Je savais que s'ils prenaient la peine d'entrer en contact avec mon agent aussi rapidement, c'est qu'ils étaient vraiment intéressés et que leur décision était pratiquement prise.
La visite a donc été mise à l'horaire pour le mardi 6 mars. J'ai pris l'avion à Seattle à 6h00 du matin pour arriver à Kansas City sur l'heure du midi. J'ai d'abord rencontré l'entraîneur des unités spéciales, Mike Priefer, avec qui j'ai pris le repas et j'ai conversé pendant quelques heures. Il m'a dit qu'aussitôt qu'il avait eu vent des intentions des Seahawks à mon sujet, il avait inscrit mon nom sur sa liste de priorités et qu'il espérait que je serais toujours sur le marché quand les Chiefs me contacteraient.
Ais-je besoin de vous préciser que ce sont des paroles qui font très plaisir à entendre, particulièrement quand on s'est fait dire quelques mois auparavant que nos services ne sont plus requis après sept ans de loyaux services?
Le seul point d'interrogation que les Chiefs avaient à mon endroit concernait l'état de ma hanche. La première chose qu'ils ont dit à mon agent, c'est qu'ils ne comprenaient pas la décision des Seahawks de me libérer. Ils ont dit qu'ils me considéraient comme l'un des meilleurs à ma position dans la NFL et qu'il n'y avait aucune comparaison à faire avec celui qui m'a remplacé à Seattle. Ils voulaient donc savoir si quelque chose clochait toujours avec ma hanche.
Mon agent les a vite rassurés. Il leur a dit que j'aurais pu jouer les derniers matchs de la saison régulière si je n'avais pas été sur la liste des blessés et que j'avais reçu l'assurance des médecins que tout était revenu à la normale. Malgré tout, et c'est tout à fait normal, j'ai dû me plier à une batterie d'examens pour montrer que j'étais à 100% de mes capacités. Il n'y a pas un dirigeant d'équipe qui va approuver un contrat en se basant sur des belles paroles.
J'ai donc passé le reste de l'après-midi à me soumettre à un paquet de tests, un examen d'imagerie par résonance magnétique, des radiographies Le chirurgien de l'équipe m'a examiné pendant assez longtemps et m'a posé environ un million de questions, les mêmes auxquelles j'avais déjà répondu maintes et maintes fois.
J'avais amené avec moi le rapport du Dr. Philippon, celui qui m'avait opéré à l'automne au Colorado et qui m'avait donné le feu vert pour retourner à l'action en décembre. Les Chiefs ont pris ce rapport au sérieux parce qu'ils connaissent bien celui qui l'a signé. M. Philippon est celui qui avait opéré le porteur de ballon Priest Holmes il y a quelques années, quand celui-ci avait subi une blessure semblable à la mienne. L'année suivant sa blessure, Holmes a battu le record pour le plus grand nombre de touchés dans une saison et a été élu le joueur par excellence de la NFL. Les Chiefs connaissaient donc bien la blessure que j'avais subie, une blessure quand même peu connue, et avaient confiance que je pourrais retrouver mon efficacité d'antan.
J'ai passé la nuit à Kansas City et le lendemain, on m'a soumis à une série d'exercices sur le terrain de pratique. On m'a demandé d'effectuer quelques remises, de courir un peu. Coach Priefer m'a dit qu'il n'avait pas besoin de ça pour être convaincu, mais que ses patrons dormiraient mieux s'ils pouvaient voir de leurs yeux que j'avais tous mes moyens.
La classe avec un grand C
Pendant tout le temps de mon séjour à K.C., j'ai été extrêmement bien traité. On ne m'a jamais fait sentir que je n'étais qu'un numéro, au contraire. On m'a présenté à l'entraîneur Herm Edwards, avec qui j'ai eu l'occasion de parler pendant quelques minutes, ainsi qu'à quelques-uns des dirigeants de l'équipe. J'étais le seul joueur en visite à ce moment-là et toute l'attention était dirigée vers moi. C'est le genre de traitement que reçoivent généralement les vedettes, pas les spécialistes de longues remises. J'ai toujours eu l'impression que j'étais leur homme.
Après mon workout, j'ai eu droit au classique. Plusieurs joueurs qui étaient déjà passés par là m'en avaient parlé. On m'a transporté dans une salle, on m'a offert à dîner et je me suis retrouvé seul, avec un avion qui décollait dans quatre heures et un agent qui engageait une partie de bras de fer dans le bureau du patron. Là, tu n'as aucune idée de ce qui se passe, tu es stressé et tu attends, tu attends et tu attends Finalement, j'ai eu ce que je cherchais. Je suis reparti à la maison avec un nouveau contrat de quatre ans en poche et tout le monde était content.
Une longue tradition
Plus je passais du temps à Kansas City, plus j'avais le feeling que c'était l'endroit pour moi et ma famille. L'endroit m'a toujours fait penser à Green Bay, un marché un peu plus petit où les gens sont de vrais fanatiques. Le football est à Kansas City ce que le hockey est à Montréal, rien de moins. Tous les amateurs pensent qu'ils pourraient être le coach.
L'organisation a aussi beaucoup d'histoire. Quand on entre dans leur complexe d'entraînement, on est accueilli par des dizaines de photos qui nous rappellent les grands joueurs qui sont déjà passés ici et qui ont été intronisés au Temple de la renommée. À Seattle, il y a Steve Largent, that's it.
Comme j'ai pu le voir en feuilletant leur guide média, la majorité de leurs employés, même chez les hauts dirigeants, sont là depuis une trentaine ou une vingtaine d'années. Ce sont des gens fiers et on sent un esprit de famille très différent de ce qu'il y a à Seattle.
Dans les heures précédant mon départ, un homme est venu m'aborder et on a jasé pendant une quinzaine de minutes. Quand il est parti, je suis tout de suite allé consulter mon guide pour connaître son identité. Je suis presque tombé en bas de ma chaise quand j'ai vu qu'il était quelque chose comme le numéro 2 de toute l'organisation. Wow ! À Seattle, où tout est beaucoup plus axé sur le côté business, ça ne fonctionne pas comme ça !
Tout ça découle de M. Lamar Hunt, l'ancien propriétaire de l'équipe qui est décédé l'an dernier. Tout le monde parle de cet homme à Kansas City. C'est lui qui a implanté les valeurs de fidélité et de loyauté qui sont propres à l'organisation. Toutes les personnes avec qui j'ai parlé et qui ont déjà gravité au tour des Chiefs de Kansas City n'avaient que de bonnes choses à me dire à leur sujet.
Environnement familial
Pendant qu'on me trimballait un peu partout pour mes examens médicaux, j'ai eu le temps de jeter un premier coup d'œil sur la ville. J'ai aussi parlé avec le gars qui s'occupe des joueurs en transition comme moi et je sais qu'il y a de très belles banlieues autour de la ville. J'ai l'impression que ma famille va s'y plaire.
Du point de vue monétaire, le déménagement nous sera profitable, ça il n'y a pas de doute. Je ne vous mens pas : pour une maison deux fois plus grande que celle que j'ai à Seattle, il m'en coûtera deux fois moins cher que ce que je paie présentement. Seattle est un marché très prospère et le coût de la vie y est assez élevé. Aucune comparaison à faire avec Kansas City.
Située dans le Midwest américain, ma nouvelle ville compte 500 000 habitants, un chiffre qui monte à environ deux millions si on inclut toute la région métropolitaine. Le centre-ville est beaucoup plus petit que celui de Montréal, mais dans l'ensemble ça se ressemble pas mal. Il y a plein de petites villes autour et celle où plusieurs joueurs habitent est vraiment magnifique. En plus, on m'a dit que le système d'éducation était parmi les meilleurs au pays.
Tout fin seul, ou presque
Cette situation est complètement nouvelle pour moi et pour l'instant, je suis en territoire totalement inconnu à K.C. Je connais un peu le quart-arrière Damon Huard pour avoir joué avec son frère Brock à Seattle. Ils sont originaires de la région de Seattle et Damon est un bon ami de Matt Hasselbeck, qui est aussi un de mes bons amis. Il nous est donc arrivé de nous rencontrer à différentes occasions. Damon a des enfants qui ont le même âge que les miens, donc il me sera d'une aide fort utile dans mon adaptation à mon nouveau milieu. À part lui, je ne connais personne, mais bon, ça fait partie du sport. Je me dis aussi que je ne serai pas le seul nouveau. Tout va bien se passer, j'en suis certain.
Bon, je retourne consulter les petites annonces, mais avant j'aimerais remercier sincèrement tous ceux qui ont eu des bons mots à mon endroit au cours des dernières semaines par le biais de cette chronique. J'ai vécu des moments stressants, difficiles par moment, et ça faisait du bien de savoir que j'avais le support des gens de chez moi.
On se reparle cet été !
*Propos recueillis par RDS.ca
Mon agent a eu des discussions avec quelques équipes, que je préfère ne pas nommer, mais les Chiefs sont les premiers à m'avoir contacté, dès la première journée du marché des joueurs autonomes, et immédiatement, ils ont demandé si j'étais libre pour une visite la semaine suivante. Cet appel m'a vraiment soulagé. Je savais que s'ils prenaient la peine d'entrer en contact avec mon agent aussi rapidement, c'est qu'ils étaient vraiment intéressés et que leur décision était pratiquement prise.
La visite a donc été mise à l'horaire pour le mardi 6 mars. J'ai pris l'avion à Seattle à 6h00 du matin pour arriver à Kansas City sur l'heure du midi. J'ai d'abord rencontré l'entraîneur des unités spéciales, Mike Priefer, avec qui j'ai pris le repas et j'ai conversé pendant quelques heures. Il m'a dit qu'aussitôt qu'il avait eu vent des intentions des Seahawks à mon sujet, il avait inscrit mon nom sur sa liste de priorités et qu'il espérait que je serais toujours sur le marché quand les Chiefs me contacteraient.
Ais-je besoin de vous préciser que ce sont des paroles qui font très plaisir à entendre, particulièrement quand on s'est fait dire quelques mois auparavant que nos services ne sont plus requis après sept ans de loyaux services?
Le seul point d'interrogation que les Chiefs avaient à mon endroit concernait l'état de ma hanche. La première chose qu'ils ont dit à mon agent, c'est qu'ils ne comprenaient pas la décision des Seahawks de me libérer. Ils ont dit qu'ils me considéraient comme l'un des meilleurs à ma position dans la NFL et qu'il n'y avait aucune comparaison à faire avec celui qui m'a remplacé à Seattle. Ils voulaient donc savoir si quelque chose clochait toujours avec ma hanche.
Mon agent les a vite rassurés. Il leur a dit que j'aurais pu jouer les derniers matchs de la saison régulière si je n'avais pas été sur la liste des blessés et que j'avais reçu l'assurance des médecins que tout était revenu à la normale. Malgré tout, et c'est tout à fait normal, j'ai dû me plier à une batterie d'examens pour montrer que j'étais à 100% de mes capacités. Il n'y a pas un dirigeant d'équipe qui va approuver un contrat en se basant sur des belles paroles.
J'ai donc passé le reste de l'après-midi à me soumettre à un paquet de tests, un examen d'imagerie par résonance magnétique, des radiographies Le chirurgien de l'équipe m'a examiné pendant assez longtemps et m'a posé environ un million de questions, les mêmes auxquelles j'avais déjà répondu maintes et maintes fois.
J'avais amené avec moi le rapport du Dr. Philippon, celui qui m'avait opéré à l'automne au Colorado et qui m'avait donné le feu vert pour retourner à l'action en décembre. Les Chiefs ont pris ce rapport au sérieux parce qu'ils connaissent bien celui qui l'a signé. M. Philippon est celui qui avait opéré le porteur de ballon Priest Holmes il y a quelques années, quand celui-ci avait subi une blessure semblable à la mienne. L'année suivant sa blessure, Holmes a battu le record pour le plus grand nombre de touchés dans une saison et a été élu le joueur par excellence de la NFL. Les Chiefs connaissaient donc bien la blessure que j'avais subie, une blessure quand même peu connue, et avaient confiance que je pourrais retrouver mon efficacité d'antan.
J'ai passé la nuit à Kansas City et le lendemain, on m'a soumis à une série d'exercices sur le terrain de pratique. On m'a demandé d'effectuer quelques remises, de courir un peu. Coach Priefer m'a dit qu'il n'avait pas besoin de ça pour être convaincu, mais que ses patrons dormiraient mieux s'ils pouvaient voir de leurs yeux que j'avais tous mes moyens.
La classe avec un grand C
Pendant tout le temps de mon séjour à K.C., j'ai été extrêmement bien traité. On ne m'a jamais fait sentir que je n'étais qu'un numéro, au contraire. On m'a présenté à l'entraîneur Herm Edwards, avec qui j'ai eu l'occasion de parler pendant quelques minutes, ainsi qu'à quelques-uns des dirigeants de l'équipe. J'étais le seul joueur en visite à ce moment-là et toute l'attention était dirigée vers moi. C'est le genre de traitement que reçoivent généralement les vedettes, pas les spécialistes de longues remises. J'ai toujours eu l'impression que j'étais leur homme.
Après mon workout, j'ai eu droit au classique. Plusieurs joueurs qui étaient déjà passés par là m'en avaient parlé. On m'a transporté dans une salle, on m'a offert à dîner et je me suis retrouvé seul, avec un avion qui décollait dans quatre heures et un agent qui engageait une partie de bras de fer dans le bureau du patron. Là, tu n'as aucune idée de ce qui se passe, tu es stressé et tu attends, tu attends et tu attends Finalement, j'ai eu ce que je cherchais. Je suis reparti à la maison avec un nouveau contrat de quatre ans en poche et tout le monde était content.
Une longue tradition
Plus je passais du temps à Kansas City, plus j'avais le feeling que c'était l'endroit pour moi et ma famille. L'endroit m'a toujours fait penser à Green Bay, un marché un peu plus petit où les gens sont de vrais fanatiques. Le football est à Kansas City ce que le hockey est à Montréal, rien de moins. Tous les amateurs pensent qu'ils pourraient être le coach.
L'organisation a aussi beaucoup d'histoire. Quand on entre dans leur complexe d'entraînement, on est accueilli par des dizaines de photos qui nous rappellent les grands joueurs qui sont déjà passés ici et qui ont été intronisés au Temple de la renommée. À Seattle, il y a Steve Largent, that's it.
Comme j'ai pu le voir en feuilletant leur guide média, la majorité de leurs employés, même chez les hauts dirigeants, sont là depuis une trentaine ou une vingtaine d'années. Ce sont des gens fiers et on sent un esprit de famille très différent de ce qu'il y a à Seattle.
Dans les heures précédant mon départ, un homme est venu m'aborder et on a jasé pendant une quinzaine de minutes. Quand il est parti, je suis tout de suite allé consulter mon guide pour connaître son identité. Je suis presque tombé en bas de ma chaise quand j'ai vu qu'il était quelque chose comme le numéro 2 de toute l'organisation. Wow ! À Seattle, où tout est beaucoup plus axé sur le côté business, ça ne fonctionne pas comme ça !
Tout ça découle de M. Lamar Hunt, l'ancien propriétaire de l'équipe qui est décédé l'an dernier. Tout le monde parle de cet homme à Kansas City. C'est lui qui a implanté les valeurs de fidélité et de loyauté qui sont propres à l'organisation. Toutes les personnes avec qui j'ai parlé et qui ont déjà gravité au tour des Chiefs de Kansas City n'avaient que de bonnes choses à me dire à leur sujet.
Environnement familial
Pendant qu'on me trimballait un peu partout pour mes examens médicaux, j'ai eu le temps de jeter un premier coup d'œil sur la ville. J'ai aussi parlé avec le gars qui s'occupe des joueurs en transition comme moi et je sais qu'il y a de très belles banlieues autour de la ville. J'ai l'impression que ma famille va s'y plaire.
Du point de vue monétaire, le déménagement nous sera profitable, ça il n'y a pas de doute. Je ne vous mens pas : pour une maison deux fois plus grande que celle que j'ai à Seattle, il m'en coûtera deux fois moins cher que ce que je paie présentement. Seattle est un marché très prospère et le coût de la vie y est assez élevé. Aucune comparaison à faire avec Kansas City.
Située dans le Midwest américain, ma nouvelle ville compte 500 000 habitants, un chiffre qui monte à environ deux millions si on inclut toute la région métropolitaine. Le centre-ville est beaucoup plus petit que celui de Montréal, mais dans l'ensemble ça se ressemble pas mal. Il y a plein de petites villes autour et celle où plusieurs joueurs habitent est vraiment magnifique. En plus, on m'a dit que le système d'éducation était parmi les meilleurs au pays.
Tout fin seul, ou presque
Cette situation est complètement nouvelle pour moi et pour l'instant, je suis en territoire totalement inconnu à K.C. Je connais un peu le quart-arrière Damon Huard pour avoir joué avec son frère Brock à Seattle. Ils sont originaires de la région de Seattle et Damon est un bon ami de Matt Hasselbeck, qui est aussi un de mes bons amis. Il nous est donc arrivé de nous rencontrer à différentes occasions. Damon a des enfants qui ont le même âge que les miens, donc il me sera d'une aide fort utile dans mon adaptation à mon nouveau milieu. À part lui, je ne connais personne, mais bon, ça fait partie du sport. Je me dis aussi que je ne serai pas le seul nouveau. Tout va bien se passer, j'en suis certain.
Bon, je retourne consulter les petites annonces, mais avant j'aimerais remercier sincèrement tous ceux qui ont eu des bons mots à mon endroit au cours des dernières semaines par le biais de cette chronique. J'ai vécu des moments stressants, difficiles par moment, et ça faisait du bien de savoir que j'avais le support des gens de chez moi.
On se reparle cet été !
*Propos recueillis par RDS.ca